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  • : " Le bonheur se trouve là où nous le plaçons: mais nous ne le plaçons jamais là où nous nous trouvons. La véritable crise de notre temps n'est sans doute pas l'absence de ce bonheur qui est insaisissable mais la tentation de renoncer à le poursuivre ; abandonner cette quête, c'est déserter la vie." Maria Carnero de Cunhal
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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 18:10

Nous étions des enfants de la classe moyenne d’un pays moyen d’Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n’étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l’aristocratie, nous ne rêvions d’aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nos parents avaient travaillé, mais jamais ailleurs que dans des bureaux, des écoles, des postes, des hôpitaux, des administrations. Nos pères ne portaient ni blouse ni cravate, nos mères ni tablier ni tailleur. Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons — par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d’attendre une vie différente. Nous avons fait des études — un peu, suffisamment, trop —, nous avons appris à respecter l’art et les artistes, à aimer entreprendre pour créer du neuf, mais aussi à rêver, à nous promener, à apprécier le temps libre, à croire que nous pourrions tous devenir des génies, méprisant la bêtise, détestant comme il se doit la dictature et l’ordre établi. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu’il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. À ce moment-là, c’était la crise économique et on ne trouvait plus d’emploi, ou bien c’était du travail au rabais. Nous avons souffert la société comme une promesse deux fois déçue. Certains s’y sont faits, d’autres ne sont jamais parvenus à le supporter. Il y a eu en eux une guerre contre tout l’univers qui leur avait laissé entr’apercevoir la vraie vie, la possibilité d’être quelqu’un et qui avait sonné, après l’adolescence, la fin de la récréation des classes moyennes. On demandait aux fils et aux filles de la génération des Trente Glorieuses et de Mai-68 de renoncer à l’idée illusoire qu’ils se faisaient de la liberté et de la réalisation de soi, pour endosser l’uniforme invisible des personnes. Beaucoup se sont appauvris, quelques-uns sont devenus violents. La plupart se sont battus mollement afin de rentrer dans la foule sans faire d’histoires. Ils ont tenté de sauver ce qui pouvait l’être : leur survie sociale. J’ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque...

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30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 14:14

http://www.franceinter.fr/emission-service-public-otages-le-nouveau-business
Le business des otages n'est pas un business comme les autres et, depuis quelques années, il est en pleine expansion. Quelles sont les zones à risque? Qui sont les kidnappeurs? Le montant des rançons est bien sûr gardé secret défense: combien les Etats ou les familles sont-ils véritablement prêts à payer pour la libération de leurs concitoyens et de leurs proches?
Avec:

- Dorothée Moisan, journaliste, spécialiste des affaires judiciaires et policières, auteur de "Rançons, enquête sur le business des otages" ed.Fayard
Sur les menaces politiques et sécuritaires: la sécurisation des canaux de négociation.
- Renaud Girard, journaliste, grand reporter au Figaro. "Ne jamais payer de rançon " sur le modèle anglais ! Alors que le Français est un bon otage mis à prix 5 M de dollars /

- Au téléphone : Anne Giudicelli, Présidente de "Terrorisc", une structure de conseil sur les zones dangereuses dans des aires culturelles délicates:Somalie, Mali Nigéria, Mexique (16000 rapts par an soit 2 par heure) ,Vénézuela, Colombie...

Depuis 1970 les assurances dont la Lloyd's de Londres assure contre les otages. Assurance généreuse du Figaro pour indemniser les familles, "au cas où"...:10 ans de salaire en cas de mort violente.
Charles Balard ( Afghanistan) après 3 mois contre rançon
Jonathan Alpéry (franco américain) après 3 mois
Margaret Hassan (Irak)Décapitée par les djihadistes car Blair a refusé de payer.
Florence Aubenas peut-être 10 M de dollars ( dixit Renaud Girard:somme immorale et déraisonnable car c'est un puits sans fonds.La Circulaire Bouvier de 1981: "ne pas céder au chantage"lors d'un enlèvement sur le territoire français suite à l'affaire du Baron Empain kidnappé en 1978 avenue Foch devant chez lui et gardé 63 jours enchainé.
Depuis Giscard et l'affaire Françoise Claustre sous Hissène Habré et: "l'indigné" Stéphane Hessel est allé porter les valises d'argent et est revenu bredouille en 1974 (2M de dollars en liquide etc...)
L'Allemand a été libéré contre rançon de 1/2 millions de DM payés par l'Allemagne et des rotations de transall pour porter des armes aux rebelles tchadiens ! Les rebelles demandent en plus des armes. Devant le refus de Paris, ils tuent Galopin en avril 1975 après l’avoir fait condamner par un « tribunal révolutionnaire », tandis que Marc Combe parvient à s’évader le 23 mai 1975
Journalistes de FR3 StéphaneTaponier Hervé,Ghesquière,contre rançon de "quelques millions d'Euros"

Pour les Otages libérés au Niger ce Mercredi 30 octobre 2013, la polémique enfle car on parle déjà de 25 millions d'Euros de rançon, mais payée par qui ? L'Etat dément , alors le Groupe AREVA qui n'est jamais cité dans le discours du Président Hollande.
Otage française handicapée Marie Dedieu âgée de 66 ans enlevée au Kenya et morte en captivité en Somalie en Octobre 2011.
17 journalistes étrangers retenus en Syrie en zone rebelle dont 4 Français:Didier François, Edouard Elias,Pierre Torrès, Nicolas Hennin (Convention de Genève qui protège les civils) haine idéologique des djihadistes pour l'Occidental en général.
Journaliste italien favorable à la rébellion a témoigné dans la Republica sur ses mauvais traitements et sur la haine des rebelles pour l'Occident (mais reçus sur le tapis rouge à Paris, Londres et ailleurs) mais aussi chantage pour obtenir des armes sophistiquées. L'Humanitaire aussi est une cible privilégiée.
En fonction de la nationalité la rançon varie : entre 10 000 et 1 million de dollars (500 à 1000 dollars , en dessous de 0,5% à 30% de la demande initiale ou troc contre des moteurs de bateau par exemple.
Il y a des sociétés qui négocient les prises d'otages( 3000 à 300 000 enlèvements dans le monde)
La publicité médiatique est contre productive car elle fait monter les affaires et donne de l'importance aux ravisseurs.

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 21:49

La Case du siècle Asiatiques de France

Entretien avec Laurence Jourdan*, auteure-réalisatrice

Les deux épisodes

Parmi les intervenants

Série documentaire
Durée 2 x 52’
Auteure-réalisatrice Laurence Jourdan
Production La Compagnie des Phares & Balises, Ina, avec la participation de France Télévisions, TV5 Monde, Public Sénat, Planète +
Année 2013

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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 14:45

Le plaisir de philosopher avec des penseurs tristes dans "les bons plaisirs" d'Ali Rebeihi du 28 aout 2013 sur France Culture
Avec :Frédéric Schiffter Philosophe iconoclaste, enseignant à Biarritz. Auteur du bluff éthique, délectation morose, philosophie sentimentale et

"Le charme des penseurs tristes", aux éditions Flammarion (2013)
"Survivre aux tensions organiques et aux états d'âmes et confins, voilà un signe d'imbécilité, non point d'endurance. A quoi bon un retour à la platitude de l'existence. Ce n'est pas seulement après l'expérience du néant que la survie m'apparaît comme un non sens, mais aussi bien après le paroxysme de la volupté. Je ne comprendrai jamais pourquoi nul ne se suicide en plein orgasme, pourquoi la survie ne semble pas plate et vulgaire, ce frisson tellement intense mais si bref devrait consumer notre être en une fraction de seconde, or, puisque nul ne le tue pas pourquoi ne pas nous tuer nous même".
Lecture de E.M. CIORAN par Olivier Martineau dans "une vie une oeuvre" sur France Culture en janvier 2005.
"On ne rencontre jamais un auteur que l'on estime, sans avoir le sentiment que l'on a affaire à un imposteur." Souvent un auteur met le meilleur de lui même dans ce qu'il écrit, mais c'est toujours le décalage qui existe entre l'idéal et le réel, au fond c'est une forme d'impasse et vous êtes condamné à être déçu.
AR: Vous vous définissez Frédéric Schiffter comme "un nihiliste balnéaire" vous écrivez dans vos aphorismes: "délectation morose":
"Naître et aussitôt brailler, l'existence commence par une profession de foi pessimiste"
"En vieillissant je deviens la caricature du type que je suis, que je ne suis pas arrivé à être. En cinquante ans j'ai répété mon personnage mais à cet âge je n'ai plus la force de jouer mais mon corps, non seulement je n'ai pas guéri de mon enfance mais la vie m'a exposé
à la surinfection."
FS: C'est ce que l'on pense dans les périodes cafardeuses,alors comme je suis nourri à une littérature des moralistes,et bien plutôt que de me morfondre bêtement, j'essaye de mettre cela en forme. L'aphorisme se prête à merveille à ce genre de traduction de la morosité.
La morosité c'est à la fois un état cafardeux et un peu de mauvaise humeur aussi.Mais le mauvais poil ou mauvaise humeur peut devenir une muse chez moi et me donne de l'inspiration quand je suis en colère contre moi, contre le monde.Il est facile de me mettre de mauvaise humeur et très difficile pour m'en sortir aussi.
La Rochefoucaud : " On se console souvent d'être malheureux par un certain plaisir qu'on trouve à le paraître ".
On n'est pas dupe, il faut assumer cette part de pose et pour rester dans les citations : Montherlant disait :"On prend peut-être une pose,mais on prend la pose de celui que l'on est."
AR: Vous affirmez ne point être doué pour la félicité.
FS: C'est vrai si on entend par félicité, une sorte d'état, qu'on appelle aussi la joie, la effectivement ce n'est pas mon fort,parce qu'il me semble que la joie c'est une passion grégaire, c'est l'émotion de la foule,ce sont les supporters, les aficionados,les émeutiers, la foule en liesse...Je ne suis pas doué pour ça car sitôt que je me trouve au milieu d'une foule en liesse, heureuse, joyeuse,je me sens très mal à l'aise et je me demande toujours ce qui va m'arriver.
En revanche la mélancolie, cette passion solitaire dont je suis affecté depuis très longtemps, est la passion la plus éthique qui soit dans le sens où l'éthique c'est ne pas déranger le monde si vous voulez.
AR: Et à propos de la joie, vous récusez l'idée spinozienne selon laquelle "la joie est le passage de l'homme d'une moindre à une plus grande perfection".
FS: ce n'est pas que je le réfute, c'est que je ne comprend pas grand chose à cette formule d'ailleurs je comprend pas grand chose à Spinoza d'une façon générale car que veut dire "le passage d'une moindre à une plus grande perfection" ? Je ne vois pas en quoi les hommes se perfectionnent en règle générale, à partir de quels critères, de quelle règle générale peut-on dire qu'on est plus ou moins parfait, et en quoi la joie nous rend-elle plus parfait...
Regardez les gens joyeux, ce sont des gens ennuyeux à mourir. Rien ne me paraît plus ennuyeux que des gens qui ne s'ennuient jamais.
AR: Vous préférez d'ailleurs la compagnie de l'homme heureux à celle de l'homme joyeux,que vous décrivez comme "un exhibitionniste du vouloir vivre".
FS:Cela a des dégâts collatéraux , le joyeux est tellement joyeux qu'il vous suspecte dès qu'il vous voit ne pas partager cette émotion.Il y a une certaine agressivité dans la joie.Et je m'en méfie un peu car je suis misanthrope et me défie de l'humain en général. je ne dit pas que j'ai raison c'est une idiosyncrasie, une particularité subjective, ce n'est pas un point de vue philosophique.
Je n'ai jamais cherché dans la philosophie, une système, une doctrine, auxquels il faudrait que je me conforme. J'ai toujours fait en sorte que mes pensées ce conforment à ce que je suis, voilà.
AR: mais vous rejoignez l'idée de Clément Rosset qui dit que "la joie est une force majeure, une disposition psychique profonde et non un état qu'il faudrait atteindre pour devenir sage".
FS: Là c'est pour opposer mon maître Clément Rosset à Spinoza. Quoi qu'il arrive, malgré tous les déboires que vous pouvez endurer dans l'existence, il y a toujours une sorte de force chez le vivant et notamment le vivant qu'est l'humain,une force qui le pousse à continuer malgré tout.Parce que si on commence par examiner les raisons pour lesquelles il faudrait vivre, il n'y en a aucune.La raison dirait au contraire, il faut se supprimer.
AR: Crier sa joie de vivre s'apparente pour vous à une forme de folie ?
FS: C'est une folie par contre il est tout à fait déraisonnable de continuer à vivre, c'est pour ça que c'est une force majeure même pas une délibération.je crois que la force majeure de Clément Rosset s'apparente au vouloir vivre de Shoppenhauer c'est à dire qu'on continue une peu comme le hamster si vous voulez qui tourne dans sa roue, il ne sait pas pourquoi il pédale dans cette espèce de grande roue, mais effectivement si on devait lui poser la question,il dirait qu'il a des motifs: qu'il avance dans vie, en fait il ne va nulle part...jusqu'au jour où on le trouve mort à côté de sa petite roue.En fait comme nous tous, il ne va pas très loin en attendant on pédale....
AR: A la joie spinozienne, vous préférez nettement ce grand démoralisateur du genre humain qu'est l'Ecclésiaste ?
FS: On se pose la question de savoir que fait cet auteur dans l'Ancien Testament car il a été rajouté tardivement dans le corpus biblique ? C'est un auteur qui nous décrit la misère de l'homme sans rédemption possible. C'est un texte profondément désespéré mais très très beau, c'est un poème. dont on ne connaît même pas l'auteur. je me suis aventuré avec plaisir à penser que c'était certainement un esthète fatigué du Ier siècle avant Jésus Christ, un dandy patricien, une sorte de Des Esseintes de Huysmanns dans A Rebours qui écrit ce poème testament. A la limite au fond toute littérature après l'Ecclésiaste est inutile.
AR: Dans l'Ecclésiaste, tous les humains subissent le destin de Job selon un hasard aveugle, les injustices, les parjures, les forfaitures, les trahisons,jamais la Justice ne passe sur le destin des hommes et les hommes sont voués à des souffrances et tout ça pour rien.Tout n'est que vanité. C'est imparable et c'est souvent le cas avec les moralistes et c'est pourquoi on ne les aime pas,c'est parce qu'ils sont imparables, irréfutables, ils disent ce que personne ne veut entendre par conséquent on ne les lit pas, on préfère lire des gens qui vous vendent de l'optimisme,ou des rédemptions religieuses ou philosophiques. C'est à dire que "je puis être moi, le sauveur de moi même,l'artisan de ma vie,le sculpteur de mon être, c'est à dire toutes ces fadaises que l'on vend un peu partout et cela plaît tandis que les penseurs ne plaisent pas, ce sont des inconsolables, des inconsolés et par conséquent des incompris".
AR: Frédéric Shiffter, sous quelle banière réunissez vous des penseurs tristes (et pas philosophes)aussi divers que Cioran, Roland Jaccard, Shoppenhauer, la Rochefoucauld, le dandy révolutionnaire Hérault de Séchelles, Albert Caraco ou encore Madame du Deffand "marquise du cafard"... des auteurs qui n'offrent aucune raison d'espérer, mais pour vous c'est un souffle léger pour les consciences sujettes à la mélancolie.
FS: Ce qui relie tous ces penseurs à travers les âges et non philosophes: (Cioran disait "les philosophes écrivent pour les professeurs, les penseurs pour les écrivains" mais souvent les penseurs sont déjà des écrivains) c'est le style !
Le style c'est l'antidote de l'esprit de sérieux qui est une lourdeur et une pesanteur tandis que l'esprit c'est un souffle, un sourire sibyllin, qui nous met à distance de nos propres affects, qui nous fait rire de nous même, qui dédramatise tout en n'enlevant rien au caractère tragique de l'existence, il le souligne en permanence mais de telle sorte que l'on en sourit et c'est le style qui fait leur charme.Il n'y a rien de pire que des gens qui n'ont aucun charme et s'ils n'ont aucun charme c'est qu'ils n'ont aucun style et inversement.Le style c'est le charme même.
AR: Apportons une précision les penseurs tristes ne sont pas forcément des penseurs de la tristesse.
FS: Non ils n'exaltent pas la tristesse, ils ne font pas de la tristesse une vertu, contrairement aux philosophes de la joie,(Spinoza, Robert Misrahi,d'autres encore qui voudraient que l'on devienne joyeux par je ne sais quel décret de la raison et de la volonté, et qui font de la joie une vertu; le penseurs tristes ils sont tristes, mais ne font pas de la tristesse une vertu et se contentent d'exprimer leur tristesse; c'est un état grâce auquel le style peut advenir.Et je vous met au défi de trouver un philosophe de la joie qui ait du style, ça n'existe pas ce sont souvent de tristes sires.
Les auteurs tristes ne sont pas des tristes sires, ce sont des stylistes distingués, amusants,humoristiques, mais l'humour c'est le rappel du caractère toujours tragique de la vie mais avec une certaine légèreté.
AR: la grande force de ces penseurs tristes, c'est leur relative clairvoyance quant à la mécanique du jeu social et des rouages de l'âme humaine.
FS: Leur totale clairvoyance, ils ne sont pas dupes,et d'ailleurs quand ils écrivent, ils ne prennent pas soin d'éclairer leurs semblables, ils ne s'adressent qu'à des gens qui ont déjà tout compris, qui sont déjà lucides.Donc leur public est déjà tout à fait restreint.Ils ne s'inscrivent pas dans les lumières, ils ne veulent pas éclairer les gens, simplement ils veulent exprime leur constat lucide sur le monde et qui les aime les lisent.
AR: Qu'est-ce qui vous charme chez Madame du Deffand que vous surnommez "la Marquise du cafard" ? Ce lancinant sentiment de l'ennui, vous écrivez c'est une sorte de "ténia de l'âme qui consomme tout ce qui pourrait me rendre heureuse" selon sa propre expression.
FS: Tout ce qui pourrait la rendre heureuse est rongé immédiatement par cette espèce de sentiment qui la ronge et qui est l'ennui et alors elle n'a de cesse de remplir ce vide qui la ronge et comment le fait-elle,en écrivant justement,des lettres et des lettres et des lettres à ses amis, et notamment son correspondant favori, son complice privilégié qui est Voltaire, lequel gentiment se moque d'elle en disant "Au fond Madame vous vous ennuyez, en réalité on voit bien que vous vous amusez aussi beaucoup à dire que vous vous ennuyez". C'est tout un jeu galant et poli du XVIIIè, mais Madame du Deffand est une très grande styliste et dans un Siècle des Lumières qui veut absolument réveiller l'Humanité, lui donner de quoi réfléchir, l'instruire etc.. elle n'est pas dupe du tout, pour elle, les Humains resteront à jamais ce qu'ils sont c'est à dire, au fond des êtres qui souffrent et elle a une formule admirable: " Ici bas,tout est souffrance de l'ange jusqu'à l'huître".
AR: Et ni la philosophie, ni la religion ni l'intense vie de salon n'ont eu raison de cette intense maladie orpheline qu'est l'ennui.
Cioran : Interview: "le secret de la vie c'est le sommeil qui rend la vie possible, ce en quoi j'ai vu que la philosophie ne pouvait pas m'aider que les philosophes ne peuvent rien me dire, des constructeurs des esprits positifs..Ce phénomène m'a ouvert les yeux pour toujours.La lucidité n'est pas forcément compatible avec la vie pas du tout même mais ça va au delà du suicide, c'est vraiment la conscience absolue du néant,et ça c'est pas compatible avec l'existence alors à ce moment là ou on devient religieux, ou on se suicide." (Une vie une oeuvre le 1er Janvier 2005)
AR: 1970 la lecture de Cioran vous réveille du sommeil de plomb dans lequel vous étiez plongé, assommé par le structuralisme, la déconstruction, la critique de la société spectaculaire, Cioran vous réveille...
FS:Oui alors là il faut avoir vécu ces années pour savoir à quel point il existait une tyrannie du concept, une doctrine des théories,et ça se chamaillait, les structuralistes avec les marxistes, après il avait les situationnistes, les déconstructivistes...toute sces choses barbantes qu'on a un peu oublié même si elles ont tenu pendant quelques années mais à l'époque c'était très prégnant.Mais lorsque j'ai découvert un librairie un recueil d'aphorismes de Cioran qui s'intitulait "Ecartèlement" et que j'ai feuilleté cet ouvrage, j'ai éclaté de rire à chaque page,et l'éclat de rire m'a secoué de ma torpeur philosophique. Cela veut dire qu'il y avait un terrain favorable pour le cynisme, le rire sarcastique et moqueur,mais j'ai aussitôt commandé tous les autres livres de Cioran et c'est devenu un auteur de chevet lequel m'a fait connaître d'autres auteurs,et de fil en aiguille je suis devenu le rejeton, l'arrière petit neveu, le petit cousin éloigné de tous ces penseurs tristes.
AR: Roland Jaccard, un fils spirituel de Cioran est l'un des rare penseurs contemporains qui figure dans ces philosophes tristes.Vous le découvrez en 1975 l'année de votre Baccalauréat avec "l'Exil intérieur" où il montre ce que qui va advenir de l'individu en quête de bonheur...
FS: Une société en quête de bonheur est en quelque sorte une société qui court à sa perte.Et l'histoire lui a donné raison, nous assistons à une sorte d'individualisme forcené et toutes les utopies se sont effondrées,les gens absorbent des médicaments psychotropes et sont très malheureux, jamais la psychanalyse et les thérapies n'ont eu le dessus.
Roland Jaccard est pour moi "un instituteur immoral" car c'est lui qui m'a dit "Vas -y ,tu peux être impertinent avec les vieilles barbes de la philosophie,écris comme si tu n'avais pas, penché au dessus de ton épaule,tous les maîtres de la Philosophie. Vive le style!" Et je lui dois cela même si c'est très immoral car le style n'est pas très moral.
" Haïr la vie dans le fond pour l'aimer sous toutes ses formes" Françoise SAGAN - Bonjour Tristesse

schiffter
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25 août 2013 7 25 /08 /août /2013 15:31

Les pièces qui accompagnaient ce récit biographique écrit en 1815 en avaient été séparées avant son entrée à la bibliothèque publique de Nantes.

Dans la Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puy­saye, etc, tome t•,, pages 48, 49 et 50, est reproduite une lettre de F. Dubois aîné au général Charette qui fut trouvée dans le portefeuille de ce dernier, lorsqu'il tomba entre les mains du général Travot. On y lit ce passage.

Au camp, 16 novembre 1795.

TRÈS CHER GENERAL

« Je dois vous prévenir que toutes les paroisses de ma division ont été sommées de rendre les armes,sous peine d'être livrées au pillage ; et j'ai vu avec plaisir que tous les jeunes gens, quoiqu'en général tous partisans de la paix, se sont absolument refusés à remettre les armes. Je n'ai pu empêcher néanmoins que quelques mauvais fusils de chasse aient été rendus par les chefs de paroisses pour les exempter, du pillage; mais je puis vous assurer que la division n'a rien perdu de ses forces.

Pourrais-je vous laisser ignorer, cher général, que « je n'ai pu m'empêcher de réfléchir sur les avantages que pourrait procurer à notre pays une paix durable e et solide ; j'ai vu tous les habitants la désirer ; je l'ai désirée ; mais quoique j'ignore absolument les moyens secrets que vous pouvez avoir pour continuer la guerre, si l'honneur le commande, je suis prêt d'obéir".

Toute cette lettre d'un jeune chef de 23 ans donne une idée favorable de son caractère, mélange d'éner­gie et de sage modération. Une preuve de l'estime qui l'entourait se trouve dans le choix fait de lui pour sié­ger, en 1826, au tribunal militaire dont Hyacinthe de la Robrie réclama la formation pour statuer sur les accusations dirigées contre sa conduite à l'époque de l'ar­restation de Charette. Ce tribunal présidé par le Comte de Chalus comptait parmi ses membres Lucas de la Championnière et David des Norois. Il proclama l'innocence de la Robrie.

Félix du Bois de la Patellière tirait son nom d'une terre située dans la paroisse de Paulx, près de Mache­coul, où habitait sa famille et où il était né (le 17 février 1772), ainsi que son frère Jérôme, né le 17 septembre 1776.

Ayant épousé une jeune fille de la commune de Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Inférieure), Mlle Mar­guerite-Marie Giraud (de la Chauvelière), Félix du Bois alla se fixer dans ce pays. La terre de la Patellière devint la propriété de Jérôme qui y mourut le 9 novembre 1853. Il s'était marié, le 18 prairial an XI (8 mai 1803), avec Mlle Renée-Rose Seigneuret. C'est une de ses arrière-petites-filles qui possède maintenant la Patellière.

Le gouvernement de la Restauration, pour récompen­ser les services militaires de l'ancien divisionnaire de Charette, lui donna la croix de chevalier de Saint-Louis et l'anoblit en 1817.

Pol de Courcy, dans son Nobiliaire de Bretagne (2e édi­tion, tome 1er, page 81) décrit ainsi ses armoiries : D'a­« sur à deux épées d'or en sautoir, accompagnées en chef ci d'une croisette d'argent et en pointe d'une tige de lys de e même ; au chef d'argent chargé d'une charette de sable

Félix du Bois depuis son mariage habita une propriété de sa femme, le Bois-Malinge, commune de Saint-Julien de Concelles, et c'est là qu'il s'éteignit le 26 aout 1834, à l’âge de 62 ans.

Il était le grand-père de M. Henri du Bois de la Patellière, actuellement maire de Saint-Etienne de Mont­luc (Loire-Inférieure), qui a publié deux volumes rem­plis de documents précieux, sous le titre de Notes historiques sur quelques paroisses du diocèse de Nantes.

Félix du Bois, que les historiens de la Vendée ap­pellent Dubois aîné et qui signait souvent ainsi pendant la Révolution, a raconté lui-même son existence durant cette terrible guerre. Son manuscrit autographe existe encore à la Bibliothèque publique de Nantes, dans la collection Dugast-Matifeux.

Il est intitulé « Précis des événements qu'a éprouvés a M. Félix Dubois de la Patellière, chef de la division de Ma­checoul, et de ses services militaires dans la guerre de la Vendée.

J'en donne ici le texte complet.

« Né en 1772, près de Machecoul, dit-il, j'avais fini mes études et je travaillais dans une maison de com­merce à Nantes, lorsqu'au mois de mars 1793, le peuple vendéen, indigné du massacre de son Roi, se souleva par un mouvement général et commença cette lutte si inégale, mais si glorieuse par les efforts et la cons­tance qu'il déploya pendant trois années consécutives contre les forces toujours renaissantes d'un grand empire.

Mu par les mêmes sentimens que mes compatriotes, je brûlais d'être avec eux et de partager leur élan ; mais je fus longtems sans pouvoir tromper la vigilance des poste« établis pour la garde de la ville et en inter­rompre la communication avec les pays insurgés.

Ce­pendant le 2 du mois d'août, m'étant ménagé une in­telligence avec un batellier de Chantenay, je passai la Loire sous la volée des canoniers et fus rejoindre, à Legé, le général Charette. Ce brave chef me reçut avec d'autant plus de bonté que mon jeune frêre, alors âgé de 16 ans, combattait à ses côtés depuis les premiers jours de l'insurrection et qu'il connaissait notre dé­vouement à la cause sacrée qu'il défendait avec tant de gloire. Mon début dans les armes fut la malheureuse affaire de Luçon, puis celle de la Roche-sur-Yon etc. Ce fut quelques jours après que le général, voulant me donner une preuve de son attachement et de sa confiance, me conféra le commandement de la première compagnie de ses chasseurs. Je soutins en cette qualité les retraites de Legé et de Montaigu, lors de l'irruption de l'armée de Mayence dans la Vendée. Je contribuai à son anéantissement dans les glorieuses batailles de Torfou, Montaigu et Saint-Fulgent. En­fin après ces trois journées si funestes à nos ennemis, je fus envoyé par le général à Cholet, pour affaire de service auprès des généraux de l'armée d'Anjou: Je fis pendant mon séjour dans cette ville la connaissance des principaux chefs de cette armée, et mes relations m'ayant gagné les bonnes grâces de M. de Bonchamps, je voulus répondre à la bonne opinion qu'il avait de moi, et le suivis à Châtillon où je combattis sous ses yeux. Après cette affaire d'abord brillante par la défaite d'une armée nombreuse et aguerrie, puis malheureuse par la retraite précipitée que nous y fi mes et où nous perdîmes beaucoup de monde, je revins à Cholet et y demeurai quelques jours. Cependant le pays occupé par le général Charette se trouvant envahi par l'ennemi, et nos com­munications avec lui interrompues, je m'attachai à l'ar­mée d'Anjou et combattis aux affaires de Beaupréau, Cholet et Saint-Florent où je passai la Loire avec mon frère qui venait de me rejoindre, et nous fîmes ensemble la campagne d'Outre Loire, combattant tou­jours aux premiers rangs et recevant souvent des té­moignages d'estime de la part des principaux chefs de l'armée. Les revers que nous éprouvâmes au Mans, après 40 jours de combats, ayant ramené nos dé­bris sur les bords de la Loire à Ancenis, je fus de ceux qui ne purent rentrer dans la Vendée. Le hasard m'ayant conduit dans une ferme auprès de Nantes, j'a­vais le plus grand désir de rejoindre mon ancien géné­ral. Je fis pour cela différentes tentatives qui furent toujours infructueuses. Enfin lassé de mon inaction, je conçus le projet d'aller avec mon frère rejoindre les princes à l'étranger, et nous primes le parti de filer sous un faux nom et avec le costume de paysan, vers les frontières de France. Nous nous promettions de l'exécuter avec d'autant plus de facilité qu'on condui­sait alors aux armées la masse de la première réquisi­tion, et qu'il était aisé pour des jeunes gens comme nous de s'y glisser. Je pris donc le nom de Jacques Clouet, et me confondant avec ceux qui devaient être mes ennemis et dont plusieurs m'eussent reconnu sans mon déguisement, j'arrivai vers le mois de mai à Stras­bourg. Je fus enrégimenté dans le 11è dragons et en­voyé à Saverne ; mais je ne restai que quelques jours au dépôt, et, poussé par le désir de me trouver plus promptement aux avant-postes pour y exécuter le pro­jet que je nourrissais dès mon départ, je demandai à re­joindre l'armée. J'arrivai bientôt aux premières lignes devant Manheim. Toujours occupé de mon projet, j'a­vais pris jour avec quelques camarades du régiment que j'avais gagnés pour opérer notre désertion, lorsque je reçus la nouvelle accablante que mon frère qui avait couru la même chance que moi, et qui, sous le faux nom de Jean Lefebvre, était en dépôt de Besançon dans le régiment de chasseurs à cheval, venait d'y être reconnu et arrêté. Ce jour-là même il devait arriver à son régiment qui formait, ainsi que le mien, la première ligne, et nos dispositions étaient prises pour fuir ensemble une terre que nous voyions à chaque instant s'ouvrir pour noua ensevelir.

Mon amitié pour mon frère, qu'une conformité de malheurs et de hasard a toujours rendue indissoluble, me retint malgré l'imminence du danger que je courais moi-même. Je devais d'autant plus le redouter que je venais de recevoir l'avis anonyme que j'étais recherché et que je n'avais que peu d'instants pour me sauver. En effet disposé à tout braver, plutôt que de fuir sans mon frère, j'avais pris mon parti, lorsque je fus saisi, chargé de fers et conduit de cachots en cachots jusqu'à Paris où j'arrivai dans les premiers jours de septembre.

Déposé à la Conciergerie, quel fut mon étonnement et ma joie lorsqu'au milieu d'une foule de prisonniers j'y distinguai mon frère qui m'avait précédé de quelques heures ! Nos transports pendant un instant nous firent oublier dans quel lieu nous étions, mais notre position nous parut de plus en plus effrayante, lorsque nous vîmes chaque jour le nombre des victimes qu'on pre­nait parmi nous et que tout nous portait à croire qu'un semblable sort nous était réservé. Accoutumés dans les combats à braver sans aucune émotion la mort et ses approches, nous en vîmes les horreurs avec quelque frayeur ; cependant surmontant l'accablement où cette affreuse perspective nous plongeait, nous songeâmes à éviter le danger présent, et pour le reculer et nous faire oublier en quelque sorte, nous nous fîmes transférer à l'hospice des prisonniers alors à l'archevêché, assurés d'y trouver-la maladie et peut-être une mort plus douce que celle qui nous menaçait.

Nous passâmes ainsi l'hiver de 1794. à 1795, et des événemens que nous étions loin de prévoir ayant ap­porté des changemens dans le gouvernement qui nous furent avantageux, nous subîmes un jugement au tri­bunal révolutionnaire et obtînmes notre liberté. Mais on voulait nous faire rejoindre les corps dont nous sortions et nous renvoyer aux frontières. Cependant nous solli­citâmes un congé de 20 jours, sous le prétexte de venir à Nantes mettre ordre à nos affaires, mais bien plutôt pour pouvoir rentrer dans notre chère Vendée. Nous la rejoignîmes donc cette chère patrie, mais ses ruines fumaient encore, et quoiqu'elle jouit alors de quelque repos par suite du traité de pacification conclu entre Charette et les représentants du Peuple, il était facile de prévoir qu'il ne serait pas de longue durée. La Ré­publique, au lieu de remplir les conditions souscrites, ne cherchait qu'à surprendre les chefs vendéens et à diviser les généraux. On voulut traiter en vaincu un peuple qui, fier de sa valeur et de ses succès, était loin de céder à la force. Tous les jours on lui proposait quelque lâcheté et chaque fois on l'irritait davantage.

Ce fut dans ces circonstances que j'arrivai au sein de ma famille. J'y étais à peine depuis quelques jours que M. Charette, voulant se mettre en mesure contre les agressions méditées par ses ennemis et donner à ses troupes des chefs- qui eussent sa confiance, m'envoya chercher et me conféra le commandement de la divi­sion de Machecoul.

J'étais à peine installé dans ce nouvel emploi que nous fûmes obligés de courir aux armes et que la guerre écla­ta dans la partie commandée per Charette. Nos ennemis avaient réussi à détacher momentanément Stofflet de la cause commune, afin de nous écraser les uns après les autres. Nous devions succomber, mais notre cause nous en faisait un devoir, et notre résistance devenait encore glorieuse si toutefois elle fut inutile.

Je me préparai aux combats et, voulant répondre à la bonne opinion qu'avait le général de mes sentimens et de ma bonne volonté, je le rejoignis avec ma division et l'accompagnai au combat des Essars qui fut notre première affaire depuis la reprise des hostilités. Je le suivis ainsi dans plusieurs occasions. Cependant obli­gé de le quitter pour venir dans mon gouvernement en chasser quelques partis qui y avaient pénétré, j'étais occupé de ce soin lorsque le 21 juillet, sachant qu'un corps de 200 grenadiers s'était porté dans la forêt de Ma­checoul et menaçait mon quartier général, je marchai de suite à sa rencontre avec quelques chasseurs à pied et une trentaine de cavaliers et lui livrai un combat qui le mit dans une déroute complète. Je lui fis une quin­zaine de prisonniers et ordonnai de le poursuivre jus­qu'à son cantonnement d'où j'avais l'intention de le dé­busquer quelques jours après. Mais outre que mon che­val venait d'être tué sous moi, j'avais reçu moi-même une blessure grave qui me força de quitter ma divi­sion pour chercher une retraite plus sûre pour me faire guérir. Je me retirai chez M. de Goulaine qui parta­gea avec moi la seule chambre qui lui restait et me donna son propre lit. J'avais fait au général le rapport de cet événement ; il eut la bonté de me donner quelques louis pour remplacer mon cheval, et ordonna au chirurgien Favreau, qui était de service à son quar­tier général, de me venir joindre et de ne pas me quit­ter jusqu'à parfaite guérison. Je fus retenu sur le lit

pendant environ quatre mois ; alors, mes forces me permettant de me faire mettre à cheval, je rejoignis encore le général et combattis en plusieurs rencontres.

Cependant vers le 20 du mois de décembre, le besoin de repos que nécessitait ma blessure et la permission que j'en obtins du général me ramenèrent dans ma di­vision. J'y fus accompagné par M. de Couétus, général en second de l'armée, qui, m'honorant de son amitié, désirait également prendre quelque repos et choisit pour cet effet ma maison. Nous y étions à peine que nous recùmes l'invitation de nous rendre chez M. de l'Epinay-à sa terre du Clouzeau.

Quelque précaution que nous primes pour y arriver, notre séjour chez cet ami fut connu du commandant du poste de Challans qui nous y fit surprendre par un détachement sorti de nuit et se hâta de nous livrer à une commission militaire avec deux autres chefs qu'il avait pareillement surpris. Une condamnation à mort fut le résultat de notre jugement, mais l'état où m'a­vait mis ma blessure, la fermeté de mes réponses et des moyens de défense que j'employai plutôt pour mes camarades que pour moi, firent naître en ma faveur dans le coeur de quelques-uns des militaires qui composaient la commission un intérêt que j'attribuerai toujours à la divine Providence qui m'inspirait et voulait me sauver. Un d'eux présente une proclamation signée de moi, qui défendait sous peine de mort les assassinats sur les grandes routes, et fait valoir en ma faveur quelques traits d'humanité. Ils vont aux voix une seconde fois, et la peine de mort est remplacée par là détention jus­qu'à la paix générale. Je m'attendais à mourir et l'eusse préféré mille fois à la douleur de survivre à mes infor­tunés compagnons. Je ne pouvais me séparer du mal‑

heureux M. de Couétus ; il fut arraché de mes bras, con­duit à cinquante pas et assassiné à coups de bayon­nettes le 28 décembre 1795, six jours après avoir quit­té Charette.

Pour moi, détenu pendant quelque temps à Challans, je fus bientôt après mis en route pour Saumur où je gardai la prison pendant environ un an. C'est de cette ville que je m'évadai avec quelques autres Vendéens au mois de décembre 1796. J'errai pendant quatre mois dans la Vendée ; enfin j'obtins, par le moyen du géné­ral de Sapinaud, un sauf-conduit de la part des géné­raux qui commandaient le département et je fus mis en surveillance dans ma municipalité. J'ai depuis été poursuivi au dix-huit fructidor et obligé de me ca­cher pendant quelques mois. J'ai toujours conservé les mêmes sentimens d'amour et de fidélité pour mon Roi, et, si depuis la guerre de la Vendée je n'ai pas eu le bonheur de lui être utile, personne du moins ne pourra me faire le reproche fondé d'avoir démérité aux yeux des véritables Royalistes. Je ne crains point la censure la plus sévère sur ma conduite publique et privée. Mon frère, dont le sort a si longtemps été lié au mien, e combattu auprès de Charette jusqu'à la prise de ce gé­néral et n'a fait sa soumission que quelques jours après.

Cy-joint un jugement du tribunal révolutionnaire de Paris, un congé de la Commission de l'organisation des armées de terre et un jugement de la commission mili­taire de Challans, servant à l'appuy des faits articulés dans l'exposé cy-dessus.

Certifié exact et sincère par moi soussigné.

(signé): Félix Dubois,

chef vendéen.

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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 13:35

Le chemin vers Ithaque Quand tu prendras le chemin vers Ithaque Souhaite que dure le voyage, Qu’il soit plein d’aventures et plein d’enseignements. Les Lestrygons et les Cyclopes, Les fureurs de Poséidon, ne les redoute pas. Tu ne les trouveras pas sur ton trajet Si ta pensée demeure sereine, si seuls de purs Émois effleurent ton âme et ton corps. Les Lestrygons et les Cyclopes, Les violences de Poséidon, tu ne les verras pas A moins de les receler en toi-même Ou à moins que ton âme ne les dresse devant toi. Souhaite que dure le voyage. Que nombreux soient les matins d’été où Avec quelle ferveur et quelle délectation Tu aborderas à des ports inconnus ! Arrête-toi aux comptoirs phéniciens Acquiers-y de belles marchandises Nacres, coraux, ambres et ébènes Et toutes sortes d’entêtants parfums Le plus possible d’entêtants parfums, Visite aussi les nombreuses cités de l’Égypte Pour t’y instruire, t’y initier auprès des sages. Et surtout n’oublie pas Ithaque. Y parvenir est ton unique but. Mais ne presse pas ton voyage Prolonge-le le plus longtemps possible Et n’atteint l’île qu’une fois vieux, Riche de tous les gains de ton voyage Tu n’auras plus besoin qu’Ithaque t’enrichisse. Ithaque t’a accordé le beau voyage, Sans elle, tu ne serais jamais parti. Elle n’a rien d’autre à te donner. Et si pauvre qu’elle te paraisse Ithaque ne t’aura pas trompé. Sage et riche de tant d’acquis Tu auras compris ce que signifient les Ithaques. Poème de Constantin Cavafy écrit à Alexandrie en 1911, traduit par Jacques Lacarrière

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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 09:50
Nikopolis une bataille navale décisive...

NIKOPOLIS
L'assasinat de Jules César en 44 av.JC fut suivi d'une guerre civile intermittente jusqu'à ce que la victoire d'Octave sur Antoine en 31 av.JC décide de l'avenir du monde connu.
Antoine avait rassemblé ses soldats et ses bateaux à ACTIUM avec l'intention d'envahir l'Italie. Pour le devancer, Octave basa sa flotte à MIKITAS, et tout l'été chaque flotte attendit que l'autre bouge. Finalement Antoine se décida à entrer en action en déplaçant sa flotte vers l'entrée de l'estuaire. Octave attendit que le vent d'après midi de Nord ouest se lève et attaqua avec ses galères plus rapides et plus manoeuvrantes.
La déroute d'Antoine fut totale quand Cléopâtre s'enfuit avec sa flotte égyptienne, il la suivit, laissant ses troupes et ses bateaux se faire disperser par Octave.
Pour commémorer sa victoire, Octave batit NIKOPOLIS (la ville de la victoire) sur le lieu d'où, il avait dirigé la bataille. Elle devint vite la capitale de la région et pour la peupler, on y installa de nombreux habitants de la campagne environnante. Les murs que l'on voit actuellement n'entouraient qu'un cinquième de la zone urbanisée qui s'enorgueillissait de théâtres, de temples, de thermes et trois ports: un à MIKITAS et deux sur le golfe d'AMURAKIA.
L'apôtre Paul y séjourna un hiver et y écrivit son épître à Tite. Vers la fin du IVè av. JC la ville fut détruite par le Goth Alaric. En partie reconstruite, elle fut bientôt abandonnée face aux invasions slaves; elle fut bientôt abandonnée face aux invasions slaves venues du nord.

Pour en savoir plus consulter ce Blog de Klearchos Guide en grec et en anglais:
Grèce et Mer ionienne de Rod HEIKELL (les guides de navigation) Ed. Vagnon/Imray.

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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 10:51

Alain Finkielkraut dans son émission Répliques du 20 juillet 2013 revient sur la loi Fioraso , nouvelle bataille d'Hernani comme le titrait le Monde du 10 mai dernier, ou simple querelle théologique.

Pour se faire il a invité pour en débattre deux journalistes: Dominique SEUX (le Monde, les Echos, France Inter...) et Emmanuel Constantin (Causeur)
En préliminaire,il est bon de donner des définitions intrinsèques de la langue et de citer la devise des Romantiques: " La langue est l'âme d'un peuple" ou selon Novalis "il n'est d'écrivain qu'habité par la langue".
Mais les deux contradicteurs vont s'opposer sur un fait marginal et déjà acquis à savoir que les Ecoles de Commerce enseignent déjà 50% en anglais dans les disciplines de Sciences Economiques, Marketing et Management et que Science Po leur emboîte le pas et veut devenir le laboratoire de cette réforme en embauchant en priorité des enseignants anglophones au risque de mettre en péril la recherche universitaire française.
Alors l'exception culturelle est-elle réactionnaire ? Non, dit Dominique SEUX qui se réjouit de voir les films les Choristes ou Intouchables traduits dans le monde entier !
"La Culture globale n'est pas un sous culture" proclame-t-il mais en pensant monolinguisme et Finkielkraut de réagir à l'instar de Claude Hagège du Collège de France,en arguant que "la culture anglo-saxonne n'est pas seule au monde et pourquoi domine-t-elle au détriment de la diversité culturelle et linguistique" !
Un rappel de la Loi Toubon de 1994 amène à se demander si elle a été efficace ou réactionnaire ? Non dit Dominique SEUX car elle a levé des lignes Maginot, des digues dans la société dans les domaines de la publicité, de l'espace public, les colloques scientifiques, les programmes....Il n'en retient que les interdits et les "défense de..".Rappelons que le dénommé Toubon pantoufle à la Cité de l'Immigration à Vincennes (merci qui ?) et se soucie comme de sa derière guigne de ces débats anciens et ne répond pas à mes courriers sur l'invasion des "playlists" anglophones sur le service Public (parenthèse refermée et le CSA de soupirer)
Finkielkraut rappelle que les Etudes comparatives Cèdre montrent le faible niveau en anglais des élèves du secondaire.
Puis on incrimine la déresponsabilité des chercheurs qui se documentent en anglais mais qui n'enseignent plus, face à des Enseignants aux prises avec la pratique de leur discipline et des langues de leurs élèves ou étudiants.
Il est opportun de mettre en face à face les deux publications dans la presse des Collectifs de Défense de la loi Fioraso par Françoise Barré-Sinoussi (Prix Nobel de médecine), Vincent Berger (président de l'université Paris-Diderot ), Alain Fuchs (président du CNRS ), Serge Haroche (Prix Nobel de physique et administrateur du Collège de France), Antoine Petit (directeur général adjoint d'Inria ) et Cédric Villani (médaille Fields) louent le nouvel "esperanto du commerce" et celui dans Libération par des enseignants étrangers intitulé: "Français gardez votre langue à l'Université " et nos amis étrangers de pour rendre la suprématie commerciale des Starbuck et autres Mac Donald. (voir la manif Place du Tertre récemment)
On remarquera le silence du MAE et de ses escadrons d'Attachés de Coopération Linguistique et Educative qui semblent muets, car le nez dans le guidon, à "vendre" du DELF DALF en quête de nouveaux publics ciblés et de nouvelle élites francophones à conquérir, alors que leur avenir même est en jeu. Mais rappelons que c'est le nouvel académicien et ancien Maire de Périgueux, Xavier Darcos qui est aux commandes de l'Institut français (merci qui ?)
Alors la question est, faut-il faire une pâle copie des enseignements américains de Harvard ou de l'UCLA voire du MIT pour être visible. le mieux placé pour en parler est bien sûr Michel Serres pour qui "une langue qui ne s'approprie pas une technologie technique ou scientifique se meurt..."
Alors comment parler aux Chinois, aux Coréens,aux Indiens, aux Russes ou au Brésiliens se demande Dominique SEUX ? les meilleurs iront bien sûr à Harvard ou à l'UCLA mais ne faites pas une pâle copie pour les autres,, ceux qui opteront pour la France par défaut, comme une 2è chance, en option de rattrapage...reste la clientèle francophone traditionnelle , ce qui n'est pas négligeable et tout le champ africain, (pays arabes, du moyen orient ou du maghreb sans parler des très convoités Emirats et Quatar promus pays francophones !!) et anciens pays de l'empire colonial en Asie (Vietnam, Laos, Cambodge) Mais la bataille n'est-elle pas déjà perdue là bas même si on ouvre à grands frais des Universités Francophones avec l'OIF et renfort de missionnaires...

Qu'en pensent-ils ? Silence dans les rangs du petit soldat "Lolo"" (alias Fabius) et de son docile éternel Darcos.
Mais revenons à notre vieille Europe: et à l'inévitable comparaison franco-allemande...
Thomas Mann assumait tout l'héritage de sa germanité y compris le nazisme tout comme le Romantisme allemand .
En 2005, Thomas Friedmann écrivait "la terre est plate" et les frontières ont disparu mais aujourd'hui le débat est périmé car la mondialisation est en train de muer en régionalismes et en blocs géostratégiques non plus est ouest , ni nord-sud.
"Il faut donc dit Dominique SEUX, parler la langue de cette cette mondialisation,l'écrire et publier dans cette langue pour être visible et donc se l'approprier".
Ce à quoi répond Emmanuel Constantin, "les cours en anglais à centrale ou dans les Ecoles de Commerce nous font perdre notre temps.Lui même ancien élève de Polytechnique raconte les fous rires pendant les cours de professeurs français baragouinant la langue de Shakespeare : "When the biznesssaïqueul is down, euh... BAM ! craïse ! the enterpraïsis die !"!!!

Les jeunes allemands ou norvégiens en oublient leur langue maternelle et on revient en arrière.Voir le dossier du Nouvel Observateur Education du 30 mai 2013 sur: Fac : le péril anglais.

Dans le Monde du 27 Juin la journaliste Maryline Baumard a montré "le faible niveau des élèves de 3è en Histoire Géo "Au collège, la part des moins bons élèves est passée de 15 % à 21 % de 2006 à 2012. Les collégiens qui passent l'épreuve nationale d'histoire-géographie du diplôme national du brevet, vendredi 28 juin, vont devoir se surpasser. Si l'on en croit la toute première photographie effectuée par l'éducation nationale pour connaître le niveau des élèves dans cette matière, les collégiens ne sont que 51,8 % à répondre à au moins la moitié des questions. Le même test a été réalisé à six ans d'écart, en 2006 et en 2012. Il montre que la situation se dégrade : si l'on ne retient que les questions strictement comparables, les élèves de collège en avaient réussi 58,7 % en 2006 contre 54,4 en 2012".et aussitôt un enseignant de réagir car "les niveaux sont masqués par les problèmes de langue"(!)

Bon alors intéressons nous au prix de la Carpette anglaise attribué à juste titre à Claude Thélot auteur du fameux rapport.
Il y a, dit Dominique SEUX à l'évidence un divorce entre les élites de l'enseignement supérieur capables d'absorber l'anglais et même le chinois et la masse estudiantine qui rame avec des lacunes abyssales en tous domaines...
"Il y aujourd'hui un snobisme de la distinction" pour emprunter au vocabulaire bourdieusien et de relancer le débat Bourdieu/Milner sur cette antenne.
Emmanuel Constantin de Causeur rappelle dans un article édifiant: "le passage à l'anglais est une mode et une fin en soi comme Erasmus est prétexte à standardisation festive et alcoolique !" Où est l'enrichissement linguistique dans tout cela et pour pousser plus loin culturel...(voir le film de Klapish: "L'Auberge espagnole")
Les cours en anglais à l'Ecole Centrale concède Dominique SEUX sont en "globish" assez désastreux. Mais la bonne nouvelle selon SEUX et en conclusion est que l'indéniable appport des Brésiliens, Chinois, Indiens et Coréens (et donc en anglais) ont fait progresser la recherche et ont multiplié les découvertes scientifiques par dix .

Alleluah !
Patrick CHEVREL

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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 20:39

Conférence d'Abdelwahab MEDEB présenté par Julie MALAURIE (le Point) salle Einstein (Corum- Montpellier ) Dimanche 9 juin 2013.

Le problème de la croyance, de la piété et du mysticisme a déjà opposé dans un débat célèbre Bossuet à Fénelon au XVIIè siècle à propos de Mme GUYON et du quiétisme. On peut dire que Ibn El Arabi  1169 -1240 un andalou auteur de 30000 pages dan un opus Magnum joue dans l'Islam le même rôle que le mystique allemand  Maître Eckhart (1260 1327) pour le christianisme.

Aujourd'hui les attaques contre le soufisme se manifestent par des attaques de lieux saints sacrés ou zaouia pour l'Islam soufi tel le Mausolée de  Sidi Abid el-Ghariani, ou de Saïda Aïcha Manoubia saint et sainte du XIIIè en Tunisie.Il y a des specialistes de cette sainte  voir le site http://www.soufisme-fr.com/des-femmes-c%E9l%E8bres/3154-sa%EFda-%EFcha-manoubia-r.html

De nombreux mausolées du XIIè ou XIIIè qui constituent une mémoire sublime des "moines soldats" de cette période lesquels jouaient le même rôle que les Templiers,et sont aujourd'hui la cible des salafistes.

Pourquoi les islamistes n'aiment pas le soufisme ?

Parce qu'il représente la liberté de penser , le débordement en poésie répond Abdelwahab MEDEB.

Il y a d'un côté l'énoncé: le CORAN qui élimine le sujet et de l'autre l'énonciation avec un engagement du JE.

La poésie soufie fait trembler l'énoncé et donc le sujet.

Selon un persan initié au soufisme par un hindou       

la personne est investie par le Divin et donc la personne se met à parler en tant que Dieu ! C'est une audace qui rejoint là celle du Zarathoustra de Nietzche.

La parole du débordement, telle est la locution théophanique que  décrivent Massignon ou Henri Corbin. tout comme "les fusées" de Baudelaire dans son poème "mon coeur mis à nu".

"JE me suffit à moi même, que MA condition est grande" dit le soufi dans un message subjectif basé sur l'ENONCIATION alors que dans le Coran on lit : "DIEU suffit à lui même, que SA condition est grande."

"Que ma condition est grande" rappelle l'orgueil de soi  et cela est très nietzchéen.

Abdelwahab MEDEB rappelle ensuite ses influences familiales tunisiennes avec un père théologien moderniste mais qui prône l'annihilation du spirituel et donc méfiant par rapport au soufisme.

C'est par sa mère qu'Abdelwahab sera amené à assister à des transes  soufies et c'est ensuite après ses études et à son arrivée en France qu'il découvre "le Théâtre et son double" d'Antonin Artaud et la Revue Tel Quel, lequel s'inspire de la scénographie indonésienne. 

Le culte des saints est une croyance païenne, une rémanence dyonisiaque et son irruption de "l'irrationnel chez les Grecs".analysée par Eric Robertson Dodds (1950)  Dans les issawas ou aïssawas , il y a une filiation rémanente des transes des  "Bacchantes" d'Euripide. Comment ne pas rappeler que Théophile Gauthier ou même André Gide ont été confrontés à des scènes de transe relatées dans le Journal.

On comprend mieux les liens qui unissent les aïssawas marocaines aux culte des saints mexicains ou vénézuéliens très proches des cultes des saints musulmans.

MDEDEB découvre aussi Nietzche dévié par la doctrine nazie qui s'en était emparé,et qui a été relu et corrigé par Deleuze dans les années 60. Il lit Bataille et sa mystique orpheline sans Dieu mais aussi les relectures de Holderlin et Nietzche par Heidegger.

Telles sont les influences culturelles et philosophiques d'Abdelwahab Medeb qui le mettent en relation directe avec le corpus soufi.

Le message est clair: l'enjeu de la croyanace se trouve coupé de l'INTERDIT et du CHATIMENT, de la RECOMPENSE, de la dualité PERMIS/INTERDIT.

Les soufis ne croient pas au paradis coranique tel qu'il est représenté. Jean de Joinville (1224-1317) raconte son pélerinage à Jérusalem et Damas dans ses Chroniques Pour Joinville, il faut détruire le Paradis et l'Enfer pour sortir les gens de l'expérience du bien et du mal. Evocation de l'allégorie d'une Sainte munie d'un arrosoir et d'un brasier.Le Bien on le fait en soi. On ne dépend pas de la récompense et du châtiment divins dit Ibn Arabi.

Les sévices deviendront des délices dans un Enfer qui sera un séjour provisoire: quelle audace et quel message de liberté !

Exemple: le soufisme aménage le sujet/l'objet. Les 40000 dystiques d'Ibn Arabi ont été interprètées par un égyptien (traduit par Nicholson) Il y voit une réincarnation de Platon et d'Aristote et de la polarité de l'école Athénienne.C'est l'allégorie de la main de Raphaêl qui se saisit du monde et l'autre qui montre le ciel.

Quelles sont les interprétations chrétiennes d'Ibn Arabi ? Pour les uns, c'est un "chrétien inconscient"

Il fait l'éloge de la trinité et de l'impair et donc il donne trois sens dans un seul vers. 

le thème de l'impair selon la thèse du poète Michel Deguy ou de Paul Claudel .Dans son poème, "l'Art poétique" Verlaine met en œuvre les principes qu'il énonce. Le poème se scande en 4/5, " de la musique avant toute chose " mais aussi en 3/6 , " ce ton vers soit la chose envolée ", en 2/4/3, "Plus vague et plus soluble que l'air " ou 1/3/5. C'est un équilibre instable qui s'apparente à un faux pas perpétuel.

IBN ARABI dévie par rapport à la doxa de son époque dans le débat judéo-islamique face à la chrétienté: il choisi la tangente.

Il est une thèse qui se développe comme quoi l'Islam a été "la civilisation du milieu" (asie, orient, moyen orient, occident, méditerranée...) s'inspirant de toutes, c'est ce que résume une thèse parue à montréal sur "Taoisme et soufisme" Lire le Mémoire d'Ania Kazi de l'Université Mac Gill 1974 en pdf consacrée à la vision des marges de l'Islam chez Abdelwahab Meddeb.

PARCOURS DE LA MÉMOIRE : L'ISLAM ET SES TRACES DANS L'IMAGINAIRE
D'ABDELWAHAB MEDDEB.
Pour reprendre une expression de Karl POPPER le soufisme représente "la structure ouverte"

Dans un séminaire sur les mystiques, il a été fait référence aux influences du soufisme chez Lacan qui découvre les traductions d'Ibn Arabi dans les années 60..

A ce sujet, il convient de mettre en rapport les deux mystiques espagnols St Jean de la Croix et Ste Thérèse d'Avila du IXè siècle avec Ibn Arabi du XIIè et de se demander pourquoi ce vide historique entre le IXè et le XIIè ? C'est l'espagnol ASIN PALACIOS qui montre la filiation entre ces trois mystiques et le même flux qui les traverse.

Pour Lacan, la sexualité dans Ibn Arabi repose sur Dieu le Père, Eve 2 + 2 = 3  et on peut dire que l'extase divine de Ste Thérèse s'apparente à  un orgasme féminin.Lire le Coran au risque de la psychanalyse d'Olfa Youssef (Ed. Albin Michel)

Questions de la salle:

1 - Quel lien entre le soufisme savant et le soufisme populaire en Tunisie aujourd'hui ?

L'américain Eckerman qui analyse un soufiste savant marocain Cherkawi vivant près de Casablanca.Aujourd'hui un festival de la culture soufie à FEZ en fév 2013 montre bien qu'une décision d'Etat souhaite jouer le confrérisme pour faire obstacle au salafisme.

En Tunisie on voudrait jouer le soufisme contre le salafisme. Bourguiba enfant de la IIIè république a abouti aux temps Modernes et à l'athéologie.

Georges Bataille convoqué par la rédaction des Temps Modernes  et accusé de bigoterie par Merleau Ponty, Beauvoir, Sartre et les censeurs de l'époque !

Quant à ce qui se passe en France, il est clair que l'UOIF est sponsorisé par les pétrodollars et qu'il faut au plus vite réformer la loi de 1901 et former dès que possible des Imams français !

2 - Question sur le rôle du Conte dans la vision soufie et en particulier du personnage de Nasr El Din dans le monde arabe comme moyen populaire de dérision et de désamorçage par la dérision :

Abdelwahab meddeb évite et préfère parler de Proust et de sa lecture des Mille et Une Nuits dans "le temps retrouvé". L'auteure  Dominique JULIEN de l'Université de Sta Barbara en Californie a montré que Proust s'identifie à Shéhérazade à lafin de sa vie sous la menace de la maladie et de la mort . elle relève 200 occurences explicites aux Mille et une Nuits,et de conclure,  le merveilleux du conte contribue dans une opération épiphanique à rendre visible l'invisible.


On peut rêver à une utopie d'une Jérusalem terrestre ouverte à tous car les dogmes créent la guerre, les mystiques eux convergent telles Myriam (rebaptisée Harmonia par Henri Corbin) et Béatrice de "la Vita Nova" de Dante

Applaudissements. 12h30





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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 17:01

Bon, malgré le thème, imposé par Mme le Maire et le Consulat d'Algérie (comme le rappelait son adjoint Philippe Saurel),et le retrait de l'association montpéliéraine Coeur de Livre * à l'origine de cette manifestation, on va y faire un tour, pour voir et mesurer de l'impact réel sur la population...comedie-du-livre.jpg

D'abord tout commence à la sortie du Polygone, sur le parvis qui débouche devant l'Office du tourisme: là les masses se séparent en deux , ceux qui optent à gauche pour la rue de la Loge et les autres généralement munis de leur sésame, le programme de la Comédie du livre 2013 qui se dirigent vers la droite et l'Esplanade Charles de Gaulle qui a l'habitude de voir des masses de badauds: la semaine dernière la Comédie de la santé, et les estivales ou Comédie du Vin, la semaine prochaine on annonce déjà Unicités ou les joies du jumelage à la portée de tous avec ateliers cuisines du monde et rencontres multiculturelles: on aime bien ça à la Mairie et à l'Agglo.C'est le spectacle permanent sitôt fermée la Comédie du livre, on dresse déjà le podium sur la Place du Nombre d'Or pour un happening inter-âge...

Quand on cherche une table ronde on opte pour Rabelais, Pétrarque ou le Corum mais si l'on cherche un auteur cela se complique.. il est passé par ici, il repassera par là..(et les hôtesses ou Ambassadrices sont toujours aussi peu au fait...) Je m'incruste dans le débat sur le printemps arabe où il y a foule car l'affiche est prometteuse:benjamin-stora-a.jpg Benjamin STORA, Abdelwahab MEDEB et le prix Goncourt 2001, c'est qui déjà ? ah oui, Salim BACHI. Salim-Bachi.jpg

 

 

 

 

 

Un animateur de la Gazette très sûr de lui fait le bonimenteur et raconte les Printemps et introduit les intervenants mais après 45 mn, le débat n'a pas vraiment commencé car il s'enlise à rappeler les faits et à recréer l'événement et le ressenti de chacun, l'auditoire se lasse et veut en venir aux faits. abdelwahab-meddeb-4.JPGC'est Abdelwahab Medeb qui veut lui aussi en venir au coeur du sujet et aux lendemains qui déchantent, passablement agacé par ce tour de table à la Taddéi où l'on n'a pas le temps de finir sa phrase sinon son argumentation. Tout cela est minutieusement filmé et à réécouter. 

A la sortie une auteur journaliste locale vous reconnaît à peine et semble vous éviter car en pleine promo et en préinterview pour Radio Aviva, alors le public, les lecteurs, on n'en n'a rien à faire comme le disait très justement Philippe Muray dans son Journal. Nous reviendrons sur ce "contact" auteurs/lecteurs qui n'existe pas selon Waciny Laredj

A la sortie de Rabelais, c'est le premier coctail organisé par la Région sur son stand, là encore on se congratule entre soi, on picore et on picole et on guette l'Adjoint à la Culture (metteur en scène de ces événements en direction de "l'Homofestivus" jamais rassasié) qui s'approche alors que le Directeur de l'Opéra (actuellement en disgrâce) s'éloigne et presse le pas vers l'Opéra Berlioz.

Sur les stands, la foule est compacte et même en bout d'Esplanade au Stand officiel de l'Algérie.. au fait il est où le Président ? Disparu, congelé ironise notre prix Goncourt, entre les mains des militaires français du Val de Grâce, un comble pour un cadre du FLN...!

M.Louis Abbadie, le patriarche et la mémoire des anciens se souvient et est le seul à pouvoir renseigner des rapatriés sur des monuments, des tableaux, des photographies à partir de ses propres souvenirs...

On cherchera vainement dans ces lieux d'intense échanges intellectuels et politiques,un hijab ou des groupes issus de l'émigration qui fleurissent d'habitude sur les bords du Lez, à la Mosson ou à la Paillade renommés pudiquement "les quartiers nords".Ils ont eu leurs "Arabesques", leur "ZAT"  et leurs élus ne les ont pas oubliés...Pourtant un débat sur l'Algérie à Pétrarque retrace une histoire pas si lointaine de 1830 à 1960 et l'on évoque pas seulement l'avenir du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc) mais des pays arabes tout entier et même, par la voix de Medeb,le rôle éminent des pétrodollars du Qatar et des Emirats mais aussi, ce qui est lié, l'avenir de l'Islam en ou de  France.(cf article suivant sur l'exposé magistral sur le  Soufisme et ses influences dans la littérature et les cultures occidentales)

A Rabelais : Ecritures amoureuses: lyrisme et sensualité dans le roman maghrébin avec Waciny Laredj Waciny-Laredj.jpgtout chapeauté qui évoque le bovarisme face à une étincelante et provocante Ahlam Mosteghanemi Ahlam-Mosteghanemi.jpgqui édite chez Albin Michel et est largement reconnue dans les pays arabes avec son "Chaos des sens" ou "mémoire de la chair" en attendant son prochain livre: "le noir te va si bien". mais parmi l'assistance féminine très attentive et réactive, un seul voile aujourd'hui.

Quand Habib Selmi évoque "la prairie parfumée" (Ed Phébus) , version du kamasoutra arabe écrite par un sheikh ou cadi du XVIIè, la salle se redresse et veut en savoir plus: s'agit-il d'un manuel de séduction, d'édcation sexcuelle ou de dressage de la femme... ? Au premier rang, le spectateur qui jusque là dormait ou feignait de dormir, se redresse... Etait-ce un agent du Consulat d'Algérie chargé de faire son rapport... ? On ne le saura jamais...habib-salmi-copie-1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Des tensions dans la co-programmation 2013 de la Comédie du Livre:

Il est difficile de se procurer le courrier à l’origine du remue-ménage qui agite, tant d’un côté que de l’autre, la mairie et l’association Coeur de livres. Mais l’information est confirmée par l’adjoint à la culture : Etienne Cunéant, le président de l’association qui assure la co-programmation de la Comédie du livre depuis 2011, vient de démissionner. La raison de ce mouvement d’humeur semble être un conflit entre les deux entités concernant la liberté d’action de chacun.

Dans le cadre de sa mission de co-programmation, l’association représente les douze libraires indépendants de Montpellier, dont le géant Sauramps. L’association joue donc le rôle d’interface entre la mairie et les libraires.

L’annonce il y a quelques temps, par Hélène Mandroux, d’inviter les pays du Maghreb, déplaît doublement à Coeur de livres. Etienne Cunéant, dans son courrier adressé au maire, fait part de possibles dérives politiques dans ce choix, comme le relatait Midi Libre d’hier : « Elle [la programmation, ndlr] intervient sur trois pays qui n’ont pas la même stabilité puisque la Tunisie n’a pas de Constitution à l’heure actuelle et son devenir, s’il est encourageant pour les uns, est jugé plus qu’incertain par d’autres. »

Autre point d’achoppement dans le choix de la Ville, selon Etienne Cunéant, la période : « A un an des élections municipales, le choix des pays invités peut être interprété comme politique. La vocation strictement littéraire de notre association ne peut donc y souscrire, précisément pour 2013 ! »

Manque de concertation pour les uns, situation normale pour les autres, Philippe Saurel, l’adjoint à la culture répond que depuis que la Comédie du livre invite des pays étrangers, « c’est toujours la Ville qui les a choisis. » Et d’ajouter « qu’au delà du rôle d’interface joué par Coeur de livres, il est normal que ce soit la Ville qui choisisse, puisque c’est elle finance la manifestation. »

Un nouveau coup de Trafalgar pour Coeur de livres qui avait été accusée, en avril dernier, de favoriser le monopole de Sauramps dans l’accueil des pays invités.

L’adjoint à la culture semble vouloir mettre bon ordre à cette situation et s’interroge sur le manque de représentant élu dans le bureau de l’association, « comme c’est le cas pour toutes celles qui travaillent pour une collectivité : Montpellier danse, Radio France ou encore l’Orchestre national de Montpellier. »

       

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