L'imminence du «papy-boom» n'a guère modifié les habitudes à l'égard des salariés âgés
n ne change pas les mauvaises habitudes d'un claquement de doigts. Un an après l'adoption de la loi Fillon sur les retraites, qui conduira peu à peu les salariés à travailler au-delà de 60 ans, les entreprises continuent de pratiquer à tour de bras les départs anticipés, dès 57 ans, voire 55, quitte à les payer plus cher. Depuis le début de l'année, de nombreuses branches professionnelles (métallurgie, grande distribution, chimie, BTP) ont signé des accords dérogatoires. Celles de la banque et de l'assurance devraient suivre. Tout montre que les entreprises continuent de considérer leurs seniors comme une variable d'ajustement bien pratique.
Dans ces conditions, on voit mal comment l'engagement solennel du gouvernement de porter le taux d'activité des 55-64 ans à 50% d'ici à 2010 (contre 32% aujourd'hui) pourrait
être tenu.
L'imminence du «papy-boom», ce choc démographique dû au départ massif des classes d'âge nées après la guerre, ne semble rien devoir y changer. Malgré la raréfaction - voire la pénurie - de
compétences qu'il induit. Interrogées en février dernier par la Cegos, 73% des entreprises disaient ne pas envisager de renoncer aux préretraites.
La myopie des entreprises porte aussi sur les conséquences du vieillissement de leur population salariée, qui, quoi qu'elles fassent, ne manquera pas d'arriver. «81% des entreprises n'ont adopté aucune mesure de maintien dans l'emploi et de motivation de leurs salariés âgés», relève une étude d'Ernst & Young de juin dernier. Ce taux monte même à… 89% dans l'enquête de la Cegos. Seule une petite frange d'employeurs ont donc entrepris d'adapter l'organisation
du travail, de repenser l'ergonomie des postes ou de proposer des formations spécifiques pour leurs seniors. Quant à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, elle est
curieusement absente: seules 15% des entreprises de plus de 10 salariés la pratiquent, d'après les chiffres officiels. Placées continuellement dans une grande incertitude, les entreprises peinent
à anticiper. Pourtant, la démographie est une science résolument exacte: les plus de 55 ans augmenteront de 33% dans la population active d'ici à 2007. Autant dire demain."
paru dans l'Express "réussir" du 04/10/2004
Etude de Ernst & Young sur les enjeux du vieillissement de la population active (télécharger en
PdF)