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Sur invitation d'une amie de Palavas, je me résigne à aller voir la nouvelle superproduction franco-italienne avec RAI et Canal+ sur Michelangelo MERISI qui avait eu les honneurs du Musée Fabre pour une rétrospective très sanguinolente, voulue par Michel Hilaire grand ordonnateur , il y a peu.
Par ce froid dimanche de janvier je saute donc dans un tramway nommé "à fuir" mais offrant des "mobilités douces et gratuites" depuis que l'édile en a décidé pour ses chers électeurs seniors. Ceux là même que je retrouve agglutinés devant le "Diagonal" un cinoche d'art et d'essai très couru par les lecteurs de Télérama et auditeurs inconditionnels de France Inter. Les voilà donc nos tempes grisonnantes, et perruques laquées , celles que l'on retrouve à l'Opéra et aux marchés paysan des Arceaux. Il s'interpellent et se reconnaissent car c'est leur sortie dominicale obligée, avant l'Ehpad et les soirées d'ARTE.
Une jeune intrépide nous bouscule appareillée et sous smartphone provocant l'ire des spectateurs massés , disons parqués, devant des numéros de salles dont seul le numéro deux refuse de s'allumer. Hasard, ils sont tous venus pour la salle2 où l'on va présenter le Caravage avec Garrel et Huppert. Le passage en caisse pour 7,50 € ne vous donne pas droit au sourire de la caissière revêche et concentrée sur sa monnaie. Elle vous lance un "Caravage Salle2" et vous voilà lâché dans l'arène senioriale...Les uns lisent le pitch sur un programme défraichi en papier recyclé, les autres sur leur smartphone à la page Télérama.
Je retrouve l'amie de Palavas qui a pu se garer au Polygone et qui semble impatiente de découvrir le Chef d'Oeuvre ! Les documentaires sur ARTE et France5 nous avaient déjà informés des frasques du génial peintre romain et des vicissitudes nocturnes entre les bras des unes et des uns jusqu'à son exil à Naples. Mais déjà la colonne s'ébranle vers la fameuse salle2 où les toilettes Tena sont bien fléchées...A peine installés au dernier rang, un handicapé veut le fauteuil près de l'allée et un autre pour sa femme...on le dissuade, il s'éloignent... Une quidam se présente et veut le même fauteuil en bout d'allée et s'installe en faisant basculer la rangée de sièges tous solidaires contrairement aux spectateurs. Elle se dévêtit et se lève puis s'étire et cherche déjà une autre place.Mais non, la lumière s'éteint et tu sais que le voyage ne sera pas sans turbulences... Les veilleuses sont braquées sur ton siège et le couple devant toi refuse de se tasser dans son fauteuil.
Présentation obscure du générique en italien et là tu sais que le film sera en version sous titrée car une voisine qui suis assidument des cours d'italien ne comprendra pas un traitre mot du napolitain des rues et des sabirs romains du XVè siècle. Mon voisin de droite lui au bout de cinq minutes sort de la salle, il ne supporte pas les versions sous titrées, car Télérama ne l'avait pas mentionné.
On se laisse envahir par la reconstitution historique entre Rome et Naples, on applaudit à l'exploit du magistral et inquiétant Garrel et l'on succombe à la fascinante interprétation de la duchesse Huppert et l'on attend l'apparition du rénégat qui s'avère aussi tendre, brutal et génial à la fois.
Les collections privées des Borghese, des Medici, des Sforza n'ont plus de secrets et révèlent leurs nudités et turpitudes au grand jour.
Les deux heures passent relativement vite et le ciné d'art et d'essai remplit sa mission de contre pouvoir face aux Gaumont et UGC voisins , il a résisté au temps contrairement au Royal qui est abandonné. Lui a été revendu à un grand groupe mais son public vieillissant est toujours là tout comme le restaurant voisin "l'Entrecôte" où les mêmes seniors vont s'entasser après avoir fait la queue d'usage mais ils semblent avoir cet instinct grégaire et aiment à se retrouver.
Nous finiront la soirée au Bar Le Riche car le Café de la Loge est fermé le dimanche. Quelle décadence là aussi, un bar prestigieux où l'on attendait un décor digne de ceux de Buenos Aires ou de Venise, nous offre un cadre désenchanteur, lumières crues, décors défraîchis, serveurs en tennis, et comble du mauvais goût pour les spectateurs de l'Opéra sortis à peine de la Reine de la Nuit d'entendre sur écran géant le match Barcelone en direct sur l'Equipe TV. Venus chercher au moins la chaleur , le serveur en tong nous met la clim et le capucchino et le chocolat blanc passent mal à 3,50€.
Evoquer la vie rocambolesque du Caravage dans ses conditions relève de l'anachronisme le plus intrépide et quand nos voisins de table nous font part de leur déception devant les costumes guimauves et sucre d'orge de la mise en scène allemande de la Flûte Enchantée il faut les consoler et leur parler de la musique du divin Mozart et des duos incomparables.
Il est tard pour la place de Comédie qui s'est vidée de ses hordes hirsutes et barbaresques venues faire les soldes au Polygone, c'est l'heure des tournées de Nicollin ( bientôt Nicoline)
et là, tu sais que tu es bien dans le réel montpelliérain et qu'il te faut regagner tes pénates devant Netflix et oublier les fulgurances du réel du Caravage dénoncées par les Cardinaux et Evêques comme atteinte au potentat spirituel de l'Eglise toute puissante.
CHEMINS INTIMES La lettre et la Loire
FRANÇOIS-HENRI DESERABLE est écrivain. Auteur de Tu montreras ma tête au peuple (Gallimard, 2013) et d'Evariste (id, 2015), ce jeune romancier multiprimé a publié, en 2017, Un certain M. Piekielny, une enquête littéraire autour d'un personnage de La Promesse de l'aube de Romain Gary Il a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie française pour Mon maitre et mon vainqueur (Gallimard, 2011).
Reclus à Saint-Florent le-Vieil (Maine-et-Loire) dans la maison de Julien Gracq, l'auteur y lit beaucoup sans parvenir à écrire une ligne. Mais l'arrivée d'une mystérieuse missive va bouleverser sa vie solitaire.
PENDANT L'HIVER, LA LOIRE A LE SOMMEIL LÉGER ,ALORS ELLE SORT DE SON LIT. LES PREMIERS JOURS,LE CHEMIN ÉTAIT ENCORE A MOITIE INONDE,PUIS JE VIS LE FLEUVE SE RETIRER TOUJOURS PLUS.
Quand je suis arrivé à la maison Julien-Gracq, à Saint-Florent le-Vieil, sur la rive gauche de la Loire, je savais que ça n'allait pas très fort, je savais qu'il y avait lieu d'être inquiet, mais j'étais loin d'imaginer qu'un décret assignerait bientôt les Français à résidence pour lutter contre la propagation d'un virus que nous n'avions pas encore appris à nommer.
A sa mort, Julien Gracq a légué sa propriété à la Fondation de France, sous la condition qu'elle devint, selon ses mots, a un séjour temporaire de repos ou de travail destiné à des écrivains ». J'avais postulé pour y résider deux mois durant, et les hasards avaient voulu que mon séjour se fit pendant ce qu'on appellerait bientôt, avec une solennité douloureuse: le premier confinement. Qu'est-ce qu'une résidence d'écriture, sinon une réclusion consentie, un isolement temporaire, un autoconfinement ? On se soustrait rarement au monde, à ses impératifs, à ses exigences intempestives, provisoirement aux contingences matérielles de la vie, à tout ce qui chaque jour conspire contre l'acte d'écrire pour s'y adonner tout entier. J'avais prévu de m'autoconfiner, et voilà que la France entière se mettait au diapason.
J'étais donc à Saint-Florent-le-Vieil,« Petite Cité de caractère », telle que la vantaient les brochures distribuées à l'Office de tourisme, dans la grande maison d'un grand écrivain, avec pour seule compagnie son fantôme, les deux mille livres de sa bibliothèque et la Loire à mes pieds. Quelques jours plus tôt, j'avais décidé d'ajourner la publication d'un roman prévu pour septembre. « Un ouvrage est fini, estimait Cioran, quand on ne peut plus l'améliorer, bien qu'on le sache insuffisant et incomplet : on en est tellement excédé qu'on n'a plus le courage d'y ajouter une seule virgule, fût-elle indispensable. » J'y souscris. Mais j'étais encore loin d'être au stade, par par lequel chaque écrivain passe de manière plus ou moins prononcée, où la simple vue de mon manuscrit déformerait mes traits dans une convulsion de dégoût; plus je relisais mon roman, plus je voulais y apporter des retouches. Je devais m'y résoudre: Mon maitre et mon vainqueur n'était pas prêt. Mais peut-être au fond était-ce moi qui n'étais pas prêt à le voir publié ? C'était un roman d'amour, et depuis que j'avais commencé à l'écrire, ma vie amoureuse était un champ de ruines encore fumantes, une terre vaste et désolée, et comme le fait dire Julien Gracq au jeune Aldo dans Le Rivage des Syrtes, je crois pouvoir affirmer aujourd'hui qu'elle n'apparaissait alors «irréparablement creuse», que « le terrain même sur lequel j'avais si négligemment bâti s'effondrait sous mes pieds» .
A la Maison Julien-Gracq où j'étais venu pour écrire, où il n'y avait rien à faire sinon écrire, je ne parvenais pas à écrire. Pas une ligne. Et si d'aventure il arrivait qu'une phrase me vint à l'esprit, aussitôt l'avais-je tapée le clavier qu'elle me paraissait banale, ordinaire, convenue. Depuis que j'ai 18 ans, je m'efforce à emplir le cours de mon existence en lisant, en écrivant. Lire m'est facile, écrire beaucoup moins. Aux rares moments où l'éprouve le ravissement d'écrire sans effort se substituent le plus souvent des périodes que je qualifierais d'assèchement de la plume, où la moindre ligne me semble nulle et non avenue. C'était le cas à la maison Julien-Gracq. Je me sentais d'autant plus inutile, d'autant plus incapable qu'un ami m'avait obligeamment rappelé que, pendant l'épidémie de grande peste qui ravageait Londres en 1603, Shakespeare avait commencé Le Roi Lear. A défaut d'écrire, donc, je lisais, je passais mes journées à lire et, le soir venu, j'allais me promener, l'esprit léger mais le cœur lourd, sur les berges de la Loire.
En ouverture des Eaux étroites, Gracq évoque le plaisir de l'excursion «sans aventure et sans imprévu qui nous ramène en quelques heures à notre point d'attache, à la clôture de la maison familière ». C'était cela,c'était même exactement cela: toujours le même point de départ, le même itinéraire, le même point d'arrivée - et toujours le même envoûtement. L'hiver était encore là, mais l'hiver était doux, comme un post scriptum de l'automne. Je sortais de la maison par la rue du Grenier-à-Sel, longeais jusqu'au pont le quai de la Loire, laissais dans mon dos « la belle voilure frissonnante des peupliers » de l'ile Batailleuse, et remontais la Grande Rue jusqu'à l'église abbatiale qui, depuis son promontoire, domine le village et le fleuve. De là, à travers les fougères serpente un sentier qui descend vers un ancien chemin de halage, long de cinq kilomètres, rebaptisé promenade Julien-Gracq en hommage à l'écrivain florentais qui l'empruntait journellement. Pendant l'hiver, la Loire a le sommeil léger, alors elle sort de son lit. Les premiers jours, le chemin était encore à moitié inondé, puis, de semaine en semaine, je vis le fleuve se retirer toujours plus, son débit diminuer, dévoilant des grèves de sable où se posaient régulièrement les oiseaux. La flore du coin m'était peu familière, et la faune
De plaisir a le lire, mais qu'elle y déplorait les passages égrillards (j'étais coutumier du fait, j'avais déjà reçu de telles lettres). Celle-ci commençait par «Cher François-Henri », rien d'anormal, c'était l'usage. Elle se poursuivait par un « Vas-tu enfin me laisser tranquille?» un peu plus inattendu, mais qui me confortait dans l'idée que j'avais affaire à une dame d'un certain âge: elle prenait la liberté du tutoiement, elle en avait après tout bien le droit, elle aurait pu être ma grand-mère. Elle avait, disait-elle, entendu sans écouter mon nom se glisser dans les conversations de ses amis. Puis il y avait eu le confinement, qui l'avait vue échouer à Nice (quand vient l'hiver, les vieilles dames, c'est bien connu, vont réchauffer leurs vieux os sous le soleil de la Côte d'Azur), chez des parents à elle, dans la bibliothèque de qui, «la tête légèrement penchée sur la gauche », elle avait trouvé mon dernier roman. Les journées étaient longues, au temps du corona; il fallait bien les occuper ; elle s'était mise à le lire. J'y racontais, dans ce roman, comment je m'étais un jour retrouvé par hasard à Vilnius, devant l'immeuble du nº 16 de la rue Grande-Pohulanka, où Romain Gary avait passé quelques années de son enfance; comment devant cet immeuble je m'étais souvenu de ma lecture de La Promesse de l'aube, et notamment du chapitre où Gary nous dit que son voisin, un certain M. Piekielny, « souris triste à la barbiche roussie par le tabac », lui a fait promettre, quand il sera devenu « quelqu'un d'important », de toujours prononcer son nom devant « les grands de ce monde ». Je racontais aussi comment Gary s'était acquitté scrupuleusement de sa promesse, comment devant le général de Gaulle, devant la reine d'Angleterre, devant « les hauts dignitaires et les bâtisseurs pour mille ans l'enquête que j'avais menée pour retrouver les traces de cet incertain M. Piekielny, dont la vie s'était vraisemblablement achevée comme celle de quelques autres millions de Juifs d'Europe. La vieille dame avait donc lu ce roman, et l'ayant terminé elle avait mis à profit l'heure de sortie quotidienne que nous octroyaient nos gouvernants pour déambuler dans les rues désertes de Nice. Elle aurait préféré cheminer sur la plage de galets, ou longer le bord de mer, mais quand il s'agit de nous les briser nos gouvernants font preuve d'un zèle infatigable: plage et bords de mer étaient fermés, formellement interdits, quiconque s'y aventurait encourait une amende de 135 euros pour non-respect du confinement. Alors elle avait dû emprunter un itinéraire dont elle n'avait pas l'habitude, elle s'était un peu égarée, et avait fini par se retrouver devant un immeuble du boulevard François-Grosso où avait habité Romain Gary de 1930 à 1933, ainsi que l'attestait une plaque. Les coïncidences étaient trop nombreuses pour être passées sous silence : une fois rentrée chez elle, la vieille dame prit la plume et m'écrivit tout cela dans la lettre éloquente, à la fois vive et légère, en un mot magnifique, que je tenais dans les mains. Je voulus lui répondre, la remercier, lui dire combien ses mots m'avaient touché, combien il était précieux pour nous autres écrivains de recevoir de telles lettres, petits viatiques salutaires dans lesquels nous puisons la force d'arracher quelques phrases au néant où elles ont leurs habitudes, mais, je l'ai dit, je ne parvenais pas à écrire. Je laissai passer deux jours, puis trois, puis sept; elle avait inscrit son numéro; je décidai de l'appeler.
C'était le mercredi 6 mai 2020. Il devait être sept heures du soir, peut-être un peu moins, le soleil déclinant se noyait dans la Loire l'eau n'est jamais si belle qu'en ces instants fugaces où elle retient sa part de ciel. Ecouteurs dans les oreilles, j'allai marcher sur la promenade Julien-Gracq. À Nice, où nul ne pouvant la contempler la mer n'était plus que de l'eau salée, un téléphone sonnait; on décrocha; c'était Camille. je m'attendais à entendre une petite voix douce et délavée par les ans, au lieu de quoi c'était l'ardeur juvénile, le soleil et la mer, la mer allée avec le soleil, Voix rieuse, voix enjouée, voix moqueuse, voix charmeuse et charmante et qui vous ferre et vous marque et vous envoûte et gare à vous vous n'êtes pas solidement arrimé au mât du bateau. Camille, dans la calligraphie de qui j'avais cru reconnaitre une vieille dame, était âgée de ans. Avait grandi à Nice. Vivait à Paris. Étudiait le droit. Se destinait à la profession d'avocat. N'avait jamais écrit de lettre à un écrivain mais s'était dit pourquoi pas... Nous parlions, nous parlions, nous n'arrêtions plus de parler, je glanais les biographèmes qu'elle semait en chemin, je marchais, écoutais, je riais, et dans la nuit qui tombait maintenant sur la Loire je voyais se lever le soleil de journées éternelles.
Pendant plusieurs jours, nous avons continué à nous écrire par mes sages; à un moment, j'ignore pourquoi, nous avons commencé à communiquer par photos de livres interposés. Je lui demandais par exemple à quelle heure je pouvais l'appeler, et elle me répondait par la photo d'un roman de Duras (Dix heures et demie du soir en été). Elle voulait savoir de quoi nous parlerions, et je lui envoyais celle d'un recueil de Prévert (La Pluie et le Beau Temps), Prévert, justement. Elle vouait un culte à Prévert, dont elle connaissait par coeur les poèmes.
Comme le confinement touchait à sa fin, comme nous allions chacun rentrer à Paris, un matin, je lui ai donné rendez-vous pour le jeudi d'après au 116 avenue des Champs-Élysées, là où Prévert avait chuté du premier étage en octobre 1948. Quelques jours plus tard, j'ai fait ma valise, j'ai fermé la porte à double tour, et j'ai glissé dans la boîte aux lettres les clés de la maison. Puis j'ai quitté la Loire que je n'ai plus revue, et j'ai vu Camille que je n'ai plus quittée. Souvent, il m'arrive de songer avec un serrement de coeur à mes promenades vespérales de ce drôle de printemps. Alors il me suffit de fermer les yeux et d'entendre le son de sa voix, oui, je n'ai qu'à entendre la voix de Camille pour me croire un instant au bord de la Loire, sur la promenade Julien-Gracq.
ZADIG - Novembre 2021
STEPHANE MAHE est photographe. Autodidacte, il est membre fondateur de l'agence 360 Ouest, spécialisée dans la photographie à 360°. Il s'intéresse ensuite à la photographie mobile (iphoneographie ») et participe ainsi à l'exposition Mobile Photo Paris en 2013. Son dernier ouvrage, Somewhere, paru en 2018 aux Editions de juillet, déploie un univers cinématographique intime
MICRO, MON CHER CAUCHEMAR
Mourir en laissant une œuvre, ce n'est pas mourir autant.
Roger Martin du Gard
Oui, enregistrer fut toujours pour moi peur multipliée par mille! une torture, une peur multipliée par mille.
La peur du public, c'est sain, ça émoustille, ça fouette, ça stimule. Le public, il est là, vivant, calme ou enrhumė, retenant son souffle ou dépliant un bonbon, à l'écoute ou somnolent, mais il respire, il vit, réagit aux bonnes comme aux mauvaises choses ! Avec lui on a des coups de foudre communs, mais comment tomber amoureuse d'un microphone ?
Un micro, d'abord, c'est laid ! C'est une "chose" froide, impersonnelle, en acier, suspendue au-dessus de votre tête ou se tenant bêtement sur un pied juste en face de votre nez. Et cela vous nargue, comme AL, l'ordinateur à l'œil vert du film de Stanley Kubrick 2001, Odyssée de l'Espace qui lui, au moins, conversait volontiers.
Non, celui ci il attend, il vous attend , impitoyable, insensible et ultrasensible pourtant; et quand il parle, c'est pour répéter textuellement ce que vous avez dit ! Ce salaud -là, vous croyez qu:il corrigerait gentiment un son un peu bas ou aigrelet, une double croche manquante, un mot allemand incorrectement prononcé?
Mon cil! comme dirait Al :
- Moi, je ne fume pas, je ne bois pas... et je ne cause pas, je t'imite ! Débrouille-toi toute seule. Et encore, fais gaffe, si tu gueules trop fort, je me ferme!
Antipathique, ce mec, non? Moi, il y a des jours où je l'ai haï de toute mon âme ! Par peur, bien sûr. Parce que ce qu'il me renvoyait me semblait, au début, être la voix d'une autre, pas la mienne! Parce que je n'étais jamais satisfaite, que je voulais toujours recommencer, sans cesse améliorer, éternelle perfectionniste que je suis. Au lieu de penser à la beauté de la musique, du chant, je ne voyais que lui, qui allait me passer à la postérité aussi sec et pour toujours.
Il m'en a fallu du temps pour m'apprivoiser, m'habituer et finir par ne plus lui adresser la parole. Qu'il aille au diable Vauvert, lui et son impassibilité apparente!
Moi, je prenais un cachet d'aspirine et à sa place, je voyais Glotz, le chef d'enregistrement, veillaient sur la pauvre innocente que j'étais ! Et il ne fut pas mal, ce disque ! Le second que je fis pour la firme Vega fut le premier cauchemar. Il me semblait que l'orchestre était tonitruant (ce qui était vrai) et qu'on ne m'entendait pas du tout (pas tout à fait vrai!). J'ai fini par hurler autant que je pouvais tout au long des séances : c'était une lutte à mort entre moi et «lui » !
Quand j'ai eu le disque, j'ai tout détesté en bloc et je l'ai mis de côté pour des années, jusqu'à cet été 1979 où mon ami Pedro, de Buenos Aires, «m'imposa» deux fois par jour l'air de La Reine de Sabba, malgré mes cris de protestation! Et chaque jour, il ajoutait subrepticement un autre air jusqu'à ce que je dise, finalement vaincue:
Dis donc, il n'était pas si mal, ce disque ! Voilà mon éternel dilemme! Et c'est pour cela que je n'aime pas écouter mes disques... Ou bien je n'entends que les défauts et je voudrais tout recommencer encore une fois, ou bien je m'aime! J'ai ensuite, je crois, enregistré deux disques avec Georges Prêtre, la Voix de Wagner et la Voix de Verdi; et peu à peu j'ai commencé à apprendre le « métier du disque».
J'ai appris à savoir me reculer, tout en restant de face, sur une note aiguë et forte, à tourner légèrement la tête pour un certain effet, à me rapprocher du micro pour mettre en valeur un souffle, une respiration, à ne pas faire de bruit, à ne porter ni bracelets qui heurtent le pupitre ni colliers qui bougent quand on respire! J'ai appris à m'adapter à une salle, selon qu'elle est bonne, trop plate, ou trop résonnante; aux équipes des sacro-saints techniciens qui savent en général leur métier sur le bout des doigts, mais sont très chatouilleux ! Il faut arriver à connaître leurs réactions, à leur faire confiance, ils savent bien avant vous quelle prise a été la meilleure. Car finale ment, c'est l'homme de la technique qui est le plus fort! S'il ne vous aime pas, si vous l'embêtez, aïe! Ma foi, ils m'ont toujours «eue à la bonne », même s'ils me voyaient arriver avec un peu de crainte car les grandes voix sont les plus difficiles à enregistrer fidèlement.
Les «Decca Boys», comme je les avais baptisés, disaient toujours en riant: Ah! Voilà le canon français ! Fermez tout! Pourtant, ce sont eux qui m'ont le mieux « mise en boîte », ainsi que Fan-Fan qui rigole et Vava le sérieux, de chez Pathé-Marconi. Oui, je savais que si Michel Glotz à l'oreille d'acier disait
- C'est très bien, mes enfants ! », on allait refaire une prise illico presto. Mais s'il disait: Bon! Qu'est-ce qu'on fait maintenant?»>, c'était <<dans la boîte >>. Je savais que si Christopher Raeburn, de Decca (j'ai fait son premier disque comme «producer» : des extraits du Chevalier à la Rose), promenait son bouc et son œil mali cieux sans un mot, c'était à refaire. Mais s'il vous disait : - It was superb, my deaaar !» c'était dans la poche.
Si Monsieur Garcin, chez Erato, gardait son œil de myope et sa barbe de Méphisto collés à la partition, beuh!
Mais si lui et sa douce femme, silencieuse, attentive, rigo laient, ça y était! Mais parfois Jean-Pierre Brossman, cette autre oreille d'acier, me faisait une moue dubitative en cachette. Alors, j'en redemandais !
Mon grand «amour», c'était John Culshaw qui enregistra tant de disques pour Decca-Londres et dont le dernier fut la Tétralogie avec Solti. Il avait un ceil «frisé », une grande connaissance des chanteurs et un sens de l'humour bien anglais. Je le trouvais «irrésistible». Mais lui, il n'aimait que les serpents ! Chez Deutsche Grammophon, on était sérieux comme des papes des pas rigolos -, mais quel boulot ! Il faut aussi apprendre à faire ces «prises », ces petits bouts d'enregistrement de cinq ou dix minutes maximum qui ne sont jamais dans l'ordre normal où se déroule habituellement une partition. Vous pouvez fort bien commencer par la fin du troisième acte ou le duo du deuxième. Et vous devez vous mettre « en situation » tout de suite, comme au cinéma. Pas toujours facile!
Il y a, surtout, la fatigue physique, la tension nerveuse, car à chaque prise, vous pensez que ça peut être la bonne. Alors, vous y allez de tout votre cœur, de toute votre voix. Et crac! Il y avait un bruit à l'orchestre, ou un avion qui passait, ou les cloches imperturbables de l'église d'à côté ! Ou bien c'est un partenaire qui se trompe, ou vous-même; et on recommence...
Seuls les "vieux routiers" ne se donnent à fond qu'à la quatrième ou cinquième prise. Cela s'apprend aussi. A la fatigue vocale et nerveuse s'ajoute la fatigue bête des jambes. Car on est toujours debout, tendu. Et puis, la cabine d'écoute est quelquefois très loin ou très haute. Il faut marcher, monter ou descendre un nombre incalculable de fois.
Là, on s'assoit un court moment pour l'écoute de la prise, mais toujours crispé, la peur au ventre que ce ne soit pas bien. Il faut écouter avec attention, vite noter les erreurs, corriger dans sa tête des détails d'interprétation pour l'essai suivant, discuter avec le producteur, les techniciens, convaincre ou se laisser convaincre !
A cette nervosité de l'enregistrement, tous les chanteurs ne réagissent sans doute pas comme moi, mais on a tous cette peur de non-réussite, ces superstitions qui suscitent des signes de croix, des bonbons pour la "toussille" nerveuse, des écharpes pour souffler dedans et ainsi humidifier le nez, des furtifs baisers à une médaille, des maris silencieux ou angoissés par osmose, des femmes «chiatiques »> que les techniciens finissent par mettre à la porte! Je sais que Tebaldi tricotait, Schwarzkopf se faisait enfermer dans une sorte de cabine téléphonique sans porte pour s'isoler, Horne fait de la tapisserie (et son sympathique pianiste Martin Katz aussi !), Bacquier fait le pitre, de trac, Corelli se bourrait de Nilsson caracole en disant toujours qu'on ne l'entend pas assez (avec sa «trompette » de voix!).
Moi, c'est le chiffre cinq, ma superstition. Au début, je n'osais pas trop le dire mais à l'annonce de la prise numéro quinze ou cinquante-trois, je m'arrangeais pour faire du bruit, toussoter ou carrément me tromper! Finalement, ils l'ont tous su; et, dans toutes les maisons de disques, quand on entendait une voix imperturbable annoncer, après la prise quarante-neuf: ing Attention! Silence! Numéro soixante! - on savait que Crespin enregistrait!
Il y a aussi le fameux «planning» où il faut discuter à mort pour ne pas enregistrer un air difficile le matin ou en fin de séance. Moi, après le coup de Solti qui avait mis le Trio du Chevalier à la Rose à onze heures du matin et où, bonne pomme, je me suis retrouvée, la voix fumante dans le petit matin froid, en train de faire du footing à sept heures pour réveiller mon corps et mes muscles, j'ai fini par mettre sur contrat que je n'enregistrerais plus avant midi et pas deux fois par jour. Car les séances étant de trois ou quatre heures, on en a ras-la-frange après !
Il y a aussi les chefs d'orchestre, devenus depuis quelques années des Super-Divas, avec lesquels il faut compter, travailler en bonne entente, composer parfois pour obtenir ce que l'on veut.
Le premier << grand » avec qui j'ai enregistré était Ernest Ansermet pour le seul de mes disques que j'aime vraiment, «Shéhérazade et les Nuits d'été», que j'ai «porté »> tout un été dans ma tête, dans la presqu'île de Giens. C'était un homme aimable. Était-il un mathématicien qui faisait de la musique ou un musicien qui raffolait des math?
Toujours est-il que le jour où j'enregistrai le fameux Spectre de la Rose, après quatre ou cinq prises, il me demanda si je voulais bien refaire la fin de la mélodie, où la Rose, enfin morte sur le sein d'une jeune fille, murmure dans un souffle:
" Ci-gît une rose que tous les rois vont jalouser. "
Je me prêtai de bonne grâce à son voeu et je chantai cette fameuse phrase exactement huit fois ! A chaque voyage pour aller l'écouter, je me grattais littéralement le cerveau pour trouver une interprétation nouvelle qui satisfasse enfin le Maestro. Finalement, à bout d'imagination et... de souffle, je lui demandai ce qui n'allait pas :
- C'est bien, c'est très bien même, mais, voyez-vous, quand vous dites << jalouser » à la fin, il y a toujours du souffle qui passe sur la voix. Oh! Bonne Mère! Moi qui m'étais concocté ce «souffle» nuit et jour pour le rendre expressif et mourant à sou hait, je restai un moment sans voix ! Patiemment, je lui expliquai ma démarche, mon idée. Et lui, tout joyeux: Mais c'est excellent! Alors, on va prendre la première prise parce que c'était la meilleure ! Ah! Papa Ansermet, nous avons fait quand même un merveilleux disque ! Quant à Georg Solti, c'est une main de fer dans un gant de velours. Mais comme j'ai bien travaillé avec lui ! Les répétitions, qu'il exige longues, sont éreintantes: il ne vous laisse rien passer, et il a raison !
Je me souviens qu'au cours de l'enregistrement de La Walkyrie, sur une page recto-verso de la partition, j'avais marqué dix-neuf choses à me rappeler: un demi-soupir ici, une double croche là, un mot allemand à corriger, un tempo à respecter, etc. Et le tout en chantant le mieux possible, avec élan et enthousiasme, un oeil sur la partition, l'autre sur Solti! Au bout de la cinquième prise, il me dit avec un grand sourire: Bon, sur dix-neuf, vous en avez fait dix-huit! Oublions ce quart de soupir dont vous avez fait un demi. Ce sera la version Crespin!
Gentil sir Georg, comme nous avons souffert, vous et moi, pour le Rosenkavalier où je dus m'absenter huit jours, à cause d'une grippe, et où, à mon retour, Yvonne Minton, malade à son tour, était repartie.
Pour ne pas perdre ces précieuses et coûteuses séances d'orchestre - time is money - vous aviez enregistré notre duo et mon monologue sans Octavian ni Marchallin; et, chacune à notre tour, sans plus jamais nous rencontrer, nous avons enregistré sur votre «bande», les casques sur les oreilles. Pas très pratique pour un chanteur qui doit entendre un peu ce qu'il chante, quand même! Vous étiez là aussi, chef d'orchestre sans orchestre, casqué comme moi, attentif, vigilant. Comme je vous ai béni d'avoir tant répété avant, de vous être souvenu de toutes mes respirations, mes inflexions, mes rallentendi, mon interprétation! Vous vous êtes déclaré satisfait; mais moi, quand j'ai reçu les «<Tests >> à Buenos Aires, quand je les ai posés sur l'électrophone, je tremblais littéralement de peur car c'était un pari dangereux. Pari gagné, sir Georg!
Avec Jojo - le talentueux Georges Prêtre- jamais de problèmes ! Il s'occupe de son orchestre; et nous, de nous. Et puis, il aime rire et moi aussi. Alors cela va comme sur des roulettes.
Alain Lombard, bête de race, adore tellement les chanteurs et leur voix, quand elle est belle, qu'il s'en oublie rait presque lui-même! Souvent de bonne humeur, avec un grand rire d'enfant et un esprit pétillant, il a parfois ses « humeurs peccantes». Tel ce dernier jour de l'enregistre ment de Carmen où j'étais allée écouter pour la vingtième fois j'exagère à peine -ce «Tiens », dernier mot de Carmen, qui ne me satisfaisait jamais (je ne l'aime toujours pas) et où, à mon retour, je trouvai la salle vide! Lui et l'orchestre avaient plié bagage, me laissant seule sur le tas, éberluée et pas contente !
Avec Alain, vite et bien, ça va ensemble. C'est un véritable cerveau électronique, un ordinateur, un Monsieur I.B.M. comme je l'appelle affectueusement. Avec lui, faut pas «<pédaler dans la choucroute » ! Mais quel merveilleux chef! Et quel ami fidèle. Je lui ai « envoyé l'ascenseur >> une fois (pour ses débuts aux États-Unis à Carnegie Hall, un Hérodiade pétaradant!); mais il me l'a renvoyé au centuple.
Et puis, il y a Michel Plasson Plassounet pour les aminches - avec qui j'ai fait le seul enregistrement où je ne suis pas morte de trac: La Grande-Duchesse de Gerolstein. Que de fous rires entre Michel dégoulinant de transpiration comme un boxeur, Mady Mesplé et Alain Vanzo qui me disaient, juste avant une prise, avec le plus bel accent toulousain:
- Attentiong! Tu vas avoir tes nerrffs !» et Monsieur Kadar, le producteur de C.B.S., qui, pour nous détendre, nous chantait Carmen en hongrois ! Nous, on ne pouvait pas rire dans le micro; mais Plasson, lui, tout en dirigeant, s'en payait une bonne tranche! Quel homme délicieux, Michel, si plein de talent, de fougue, avec des colères si subites et si aiguës qui finissaient par le faire rire avec nous.
Mille pardons à tous ceux que j'ai dû oublier, non par manque d'admiration mais par mauvaise mémoire. Quant au Seigneur de tous, à mes sens, Karajan le Magnifique, je vais vous en parler longuement Karajan.
Régine CRESPIN La vie et l'amour d'une femme (Fayard 1982 )
https://www.resmusica.com/2007/02/25/discographie/
Gabriella Boni Andreis
Coppetti, Leoni, Burla : .
géographie familiale d'Alessandro Boni et Elda Antonioli, mon père et ma mère
Papa m'a dit que lorsque son frère Giovanni est arrivé à Montevideo, il avait environ 15 ou 16 ans. Son oncle, encore très jeune, est parti à Rome pour étudier la musique et, à son retour au village, il a épousé Vittoria Celmi, qui avait grandi avec lui dans la maison de Croveo où les deux familles vivaient sous le même toit. Peu après, il est parti en Amérique à la recherche de la fortune, laissant sa jeune épouse au village. Quatre ans plus tard, Vittoria est arrivée à Montevideo. L'oncle gagnait sa vie en donnant des leçons de musique et en jouant du piano lors de fêtes importantes, de danses sociales, de clubs, de cinémas et de théâtres. Il a écrit et publié de nombreuses pièces pour le piano qui sont devenues virales. Nous en avons encore quelques-unes à la maison. Il a eu dix enfants, dont sept ont survécu. Il n'a pas eu une vie très heureuse. Pour faire vivre autant de bouches, il a dû faire des sacrifices, et pas des moindre.
Giuseppe, mon père, est né en 1863, l'oncle Giovanni en 1844 et l'oncle Manuel en 1860. Lorsque mon père est arrivé en Uruguay en 1879, il connaissait déjà la musique car il l'avait apprise à Croveo, où il avait joué de l'orgue d'église dans son enfance. Mon père vivait de la musique. L'oncle des frères Coppetti, Giuseppe Cambroni, jouait lui aussi parfaitement du piano et enseignait la musique à de nombreux villageois. Il a également dirigé le groupe de musique de Baceno et Croveo, qu'il a lui-même créé, selon ses dires.
Lorsque papa a quitté sa ville natale pour aller en Amérique, à l'âge de 13 ans, il est arrivé à Domo sur une charrette, a pris une diligence, qui à l'époque et dans ces lieux était le seul moyen de transport, et est arrivé en une journée froide à Arona, sur le lac Majeur, pour prendre un train pour Gênes où il allait s'embarquer. Comme tous les émigrants, Giuseppe avait un billet de troisième classe, mais sa situation a changé de manière inattendue à la suite d'une faveur de son destin. Il a eu la chance de rencontrer Giuseppe Cambroni, son oncle, qui voyageait en première classe et qui l'a pris sous son aile, le transférant en deuxième classe et l'invitant à prendre un repas avec lui.
Pour manger à sa table. C'était un voyage princier, dont le petit Joseph n'aurait jamais pu rêver.
En 1884, il retourne en Italie pour devenir soldat. Il est revenu parce qu'il était fatigué de travailler dans la maison de son frère et a préféré faire son service militaire, qui était obligatoire à l'époque et durait trois ans.
Il est revenu à Montevideo en 1886 pour s'y installer, seul, de manière indépendante, en louant une
une petite chambre meublée dans le centre de la ville. Il vivait en donnant des leçons de piano. Il a reçu ses premiers rudiments de son frère Giovanni, qui lui avait donné des leçons de musique, mais il a fini par se perfectionner, à force de volonté.
L'oncle Calisto raconte que la première fois qu'il a vu Giuseppe Coppetti, c'était en Italie en 1884, alors qu'il arrivait de Montevideo pour faire son service militaire. Il se trouvait dans une armurerie à Arona, je crois, et un ami lui a fait remarquer un étranger, un certain Coppetti de la vallée d'Antigorio, qui attendait la diligence pour Domodossola et qui était venu exprès d'Amérique du Sud pour faire son service militaire. Après cela, ils ont commenté la volonté et le patriotisme de ce jeune compatriote. Calisto Buda n'aurait jamais imaginé à ce moment-là que ce même jeune inconnu deviendrait son beau-frère ! Quelles coïncidences le destin nous réserve-t-il et quelles choses étranges se produisent dans ce monde !
Déjà en 1884, lorsque papa était en Italie pour son service militaire, il avait vu les frères Burla à plusieurs reprises, en faisant des achats dans leur magasin d'armes à Domo.
En 1889, Giuseppe Coppetti épouse Antonietta Burla et a quatre enfants : Tala, Mario, Ottorino et Adolfo.
Papa a raconté comment son frère Manuel est parti en Amérique du Nord à l'âge de 17 ans pour éviter le service militaire, qu'il ne voulait pas faire, même si, dans son cas, il ne s'agissait que de trois mois de simple formation militaire. Une fois aux États-Unis, il a trouvé un emploi de charpentier. À 22 ans, il s'installe à Mon tevideo, rue du 18 juillet, où il ouvre une menuiserie qu'il appelle La Forza del Destina (les opéras de Maestro Verdi sont à la mode à l'époque). Il part ensuite en Californie, revient à Croveo, épouse Giulia Proletti et retourne avec elle à Montevideo où il ouvre une menuiserie en partenariat avec Celestino Proletti. La menuiserie se trouvait à Canelones y Vasquez et je me souviens qu'enfants, nous allions souvent leur rendre visite. Manuel et sa femme retournent en Italie en septembre 1911.
Après ses histoires américaines, l'oncle Calisto m'a raconté qu'il était venu en Uruguay pour la première fois en 1884 avec le bateau à vapeur italien Sirio. Le voyage a duré 32 jours ; il y a eu des monitorns au cours desquels le vapoteur a dû s'aider des voiles. Il a effectué son deuxième voyage à bord du bateau à vapeur Perseus en 24 jours. À Monteviedo, peu après son arrivée, il trouve un emploi dans un magasin d'articles religieux et de bougies ; c'est alors que commence à s'éveiller en lui la passion de la lecture, car, ayant à sa disposition un nombre infini de livres, il lit tout ce qu'il peut trouver et, dormant dans la même chambre, il passait ses nuits à lire. C'est ainsi que l'oncle Calisto trouva par hasard les poèmes de Carlo Porta dans un lit milanais et, après les avoir lus dans leur intégralité, il les prêta à Giovannino Leoni, son cousin (avec d'autres avant et après lui, connus sous le nom de "Mosc" de Mozzio, la ville d'origine), qui travaillait à l'époque avec son frère Costan tino dans le magasin de via Washington. Giovannino dévora le livre de Porta et s'enthousiasma dès lors pour la poésie en dialecte milanais ; c'est à partir de ce moment-là, dit son oncle, que naquit probablement sa passion et sa dévotion pour la poésie vernaculaire. C'est à partir de ce moment-là, dit son oncle, que naquirent probablement sa passion et son dévouement pour la poésie en langue ossola, l'humour, la satire et l'ironie lyrique, qui devinrent ses caractéristiques et le rendirent célèbre comme poète dialectal. Giovannino devait avoir entre 15 et 16 ans à l'époque.
Jusqu'à récemment, son oncle avait conservé un volume de Porta, mais en faisant du rangement, ne sachant qu'en faire, il l'a jeté à la poubelle. Quel dommage ! Cela m'aurait beaucoup intéressé.
L'oncle Calisto m'a dit que Leonello Leoni avait 27 ans lorsqu'il est venu en Amérique du Sud pour la première fois, le 31 août 1885. Encouragé par son frère Ottorino, déjà présent, et par ses cousins Burla, ainsi que par sa famille et ses amis de Ferrare, il s'embarque sur le Matteo Bruzzo, qui part de Gênes à pleine charge avec 1150 passagers.
Leonello, son frère Ottorino et leur sœur Mirra, qui étaient restés à Ferrare avec leurs parents, sont nés à Ferrare de Camillo Leoni, fils de Paolo, né à Mozzio, commerçant, et de Giacomina Burla, fils d'Antonio de Domodossola, propriétaire terrien.
Peu après son arrivée à Montevideo, Leonello est employé dans la mercerie de son cousin Costante Leoni. Le magasin s'appelait "La Fantasia", était situé à l'angle des rues Washington et Colon et portait le même nom. Hier, mon oncle m'a emmené la voir et m'a dit que presque tous les soldats de la maison Burla et autres Ossola y avaient fait leur apprentissage dès leur débarquement. Parmi les noms cités, outre le sien et celui de Leonello, je retiens ceux d'Amedeo et Adolfo Burla, Giovanni Leoni et Don Pedro Staricco.
Leonello était plus tard comptable à la papeterie de Galli et a géré la pharmacie de son frère en l'absence d'Ottorino, et dans ses dernières années, il a tenu un magasin de musique et de piano dans la rue Rio Negro Y Soriano en partenariat avec Giuseppe Copetti. Il retourne définitivement en Italie en 1905.
Il est décédé à Mozzio le 19 août 1933 à l'âge de 75 ans.
Mon oncle m'a raconté qu'Ottorino Leoni avait seize ans lorsqu'il est arrivé à Montevideo en 1879, accompagné de ses cousins Giovanni Leoni et Ida Devoto, qui étaient de jeunes mariés, et d'Ida Leoni, la sœur de Giovanni. Pendant cette période, il a obtenu le diplôme de chimiste-pharmacien et est devenu propriétaire de la pharmacie de Manuel Roc chietti, rue Agraciada à Arroyo Seco, où il était employé auparavant.
La Farmacia del Aguila Sur-Americana, comme on l'appelait, était la seule autour de Paso Molina et a fait la fortune d'Ottorino et plus tard de son frère Leonello. Plus tard dans sa vie, Ottorino a ouvert un magasin de pianos à Punta Arenas, à l'extrême sud du Chili, où il importait des pianos d'Allemagne.
Quand je suis né, le 10 février 1896, Ottorino voulait être mon parrain mais, étant en Italie à l'époque, il était représenté par Leonello.
Je me souviens qu'enfant, je rêvassais souvent sur la terrasse de la pharmacie devant une grande vitrine remplie d'oiseaux de toutes sortes ; il y avait un aigle et des faucons, ainsi que des animaux de tous genres, singes à cornes, sauriens, vipères, tatous, jaguars, etc... Leur collection de minéraux, d'armes et autres objets était très intéressante. Leur collection de minéraux, d'armes anciennes, de silos, de plantes, de pièces de monnaie, de petits animaux séchés, d'animaux empaillés, de papillons, formait un véritable musée qui, lorsqu'il a été transporté en Italie, a rempli un nombre infini de boîtes. Tout ce matériel qui m'avait fait rêver enfant, je l'ai retrouvé plus tard dans l'Italie des aiguilles, dans le musée de la maison de Ferrare, Via Ario sto 64, où j'ai passé des jours inoubliables quand, adulte, consul du gouvernement uruguayen à Gênes et à Milan, je m'y rendais dès que j'avais la chance d'être avec ma famille.
Le parrain Ottorino, avec l'infatigable Bonello, la bonne Mirra, son mari Beppmo Born et leurs trois enfants, Alessandro Nino, né en 190, ello, né en 1896, et Camillo, né en 1898, avec lesquels il a toujours été très ami.
En 1902, Ottorino a quitté la pharmacie et est retourné dans son pays natal à Ferrare, sa ville natale, où il vivait avec la famille de sa sœur Mirra.
Lorsque la guerre m'a obligé à quitter l'Italie, le 21 mars 1942, à la veille de mon départ, Ottorino a quitté Ferrare pour venir à Gênes m'embrasser pour la dernière fois. Deux ans plus tard il est mort à la même date, exactement, où deux ans avant il m'avait donné à Gêne,1'ultime adieu , avec une étreinte du départ . Ottorio mourut à Mozzo le21 mars 1944 à l'âge de 82 ans.
La maison paternelle de la famille Leoni Boni, dans Mozzio où en tant qu' adulte j'ai passé des étés inoubliables, a été construite au XVIII siècle. La partie inférieure de la maison comprend une grande salle à manger décorée de fresques au plafond et dans les lunettes entre les voûtes latérales et, de l'autre côté du couloir, la cuisine familiale, également très grande, avec une grande cheminée en pierre et une arrière-cuisine. Autrefois elle avait été la résidence d'été des Silva les célèbres aristocrates d'ossola qui possédaient le somptueux palais Silva à Domodossola, aujourd'hui monument national et musée. Les dix enfants de Pietro et Emilia Burla mes grands parents sont nés dans la maison Silva à Domo, qui appartenait autrefois à la famille Burla.
L'aspect extérieur de la maison de Mozzio était aussi humble que n'importe quelle maison de campagne ou de montagne, mais à Mozzio, elle était l'une des résidences principales. La famille Leoni est originaire de Mozzio. L'un d'entre eux, Camillo, fils de Paolo et Anna Jussi, arrive à Ferrare en 1820 après un voyage aventureux en Pologne à pied et en charrette. Dans cette ville, comme je l'ai déjà mentionné, ses enfants Leonello sont nés en 1858, Ottorino en 1863 et Mirra en 1869. La femme de Camillo Leoni, Giacomina Burla, née en 1833, venait de Domodossola et était la sœur de mon grand-père Pietro.
Au mois d'août, les soirées d'été à Mozzio étaient encore chaudes lorsque, après le dîner, pour prolonger la journée, nous nous asseyions sur les bancs de la beola dans le jardin et écoutions des histoires de la vie telle qu'elle était vécue. Je me sopuviens de la fascination qu'exerçaient sur moi les histoires d'Ottorino et de Leonello. J'ai de nombreux souvenirs. L'approche du camp de Tobas au Paraguay, par exemple : "Dans un espace ouvert, entouré de rochers, nous voyons différents êtres humains éparpillés sur le sol c'est un cimetière des Tobas, Indiens qui ont la curieuse coutume d'enterrer leurs cadavres en enfouissant leur tête dans le sol, de sorte qu'il n'est pas rare, lorsque le vent souffle fort, de voir ces crânes inséparables dégringoler dans la campagne, cherchant en vain un repos".
Et encore : "En sortant d'un court trajet, non loin la toleria des Tobas :Le camp semble être au repos, mais un Indien vigilant, voyant des hommes blancs armés s'approcher, donne rapidement l'alerte, et en un instant tout le monde est sur pied. Certains hommes ont couru vers les chevaux qui paissaient, ont sauté sur leur dos et ont rapidement disparu. Ainsi, les guerriers indiens sont capables de combattre et de surprendre le camp ennemi : ils s'agrippent à la crinière du cheval et, s'accrochant à son flanc, le poussent entre les ennemis, et lorsqu'ils sont sur les talons, ils se relèvent tous ensemble après, ils se lèvent tous en même temps en criant et en tenant leurs lances, apportant le chaos et la mort. Avec un mouvement rapide nous sommes arrivés à la tolderia, nous avons pu l'encercler et empêcher les Indiens de s'échapper. Croyant que toutes les voies de retraite étaient fermées, ils ont cherché à se dissimuler en s'accroupissant dans leurs habitations. Mais voyant qu'au lieu de leur faire du mal, nous leur offrons des biscuits, de la conterie, et de l'acquavite, dont ils sont très friands, ils sortent pour recevoir leurs cadeaux. L'homme de main, qui n'avait pas eu le temps de s'échapper, surpris dans son sommeil, se trouvait parmi le premier à se lier d'amitié avec lui, et pour cause, puisque, en tant que chef de la tribu.
De la tribu, il avait plus de dons. Il portait la veste et la casquette de soldat argentin, qu'il avait peut-être acquise. Anda ; il répète entre ses dents : Cristianos malos ! Cristianos malos interprétant peut-être la pensée de toute la tribu. Ils sont encimadas. Ils migrent d'un point à un autre selon qu'il y a un manque de chasse ou de légumes dans leur lieu de résidence.
Leurs habitations consistent en des poteaux enfoncés dans le sol, recouverts d'un toit rudimentaire d'herbe et d'un petit abri, également végétal, du côté où le vent souffle le plus fort. Ils vivent presque entièrement nus. Ils n'ont pas de religion, pas de musique. Il est très difficile pour nous de prendre certaines photos car l'appareil les effraie tellement. À tel point que, dès que nous sommes partis, ils ont mis le feu à leurs maigres huttes et se sont enfuis dans les bois, craignant d'avoir fait quelque chose de dangereux". Et encore : "Au moment de partir, une obscurité soudaine, comme une éclipse, précédée d'un lointain grondement de tonnerre, nous surprend : nous courons pour voir ce qui se passe. Un immense nuage de sauterelles couvert d'un grossier toit d'herbes et dans un petit abri, également fait de végétation, du côté d'où le vent souffle plus fort. Ils sont presque entièrement nus. Ils n'ont pas de religion, pas de musique. Il est très difficile pour nous de prendre certaines photos car l'appareil les effraie tellement. À tel point que, dès que nous sommes partis, ils ont mis le feu à leurs maigres huttes et se sont enfuis dans les bois, craignant que nous leur ayons fait quelque chose de dangereux". Et encore : " Au moment de partir, une obscurité soudaine, comme une éclipse, précédée du sombre grondement d'un tonnerre lointain, nous surprend. Un immense nuage de criquets, venant du Chaco, avance rapidement, passant un peu au-dessus de nous, si épais et étendu qu'il obscurcit le soleil : des milliers d'oiseaux le poursuivent, faisant une proie abondante de l'immense insecte. Pendant plus d'une heure, le passage de cette légion dévastatrice se poursuit, apportant désolation et ruine à d'autres régions lointaines.
Confirmant ce qu'il m'avait dit précédemment sur son père, aujourd'hui, 7 juin 1917, oncle Calisto m'a dit que Pietro Burla, mon grand-père, était un lecteur passionné. Sa maison était pleine de livres. La bibliothèque était énorme et lui servait également de bureau. Il contenait des livres sur une grande variété de sujets, mais surtout sur l'histoire, qui était son point faible. Il avait également été bibliothécaire de la bibliothèque Galletti à Domodossola.
Parce qu'il était excessivement généreux ainsi que bon vivant, il était facilement trompé à la bibliothèque, où les gens lui prenaient beaucoup de livres. Il était collecteur d'impôts de métier, et comme il avait pitié des pauvres (ou de ceux qui, le connaissant bien, se faisaient passer pour tels), il leur permettait souvent de payer leurs dettes de sa propre poche. Et pour tout cela, l'argent et les livres disparaissant, il a dû répondre et a finalement été relevé de ses fonctions.
Le grand-père était un homme de bonne humeur, peu loquace, de tempérament calme, peu sociable et rebelle aux impositions morales ou sociales. Il était inflexible avec ses enfants. Mais malgré sa rigueur et sa discipline au sein de la famille, il était le plus faible des hommes en dehors du foyer.
Les parents ont fait ce qu'ils voulaient de lui et lui ont donné tous ses biens. Les propriétés dont les grands-parents avaient hérité, tant à Domossola que dans les environs, avaient été nombreuses et importantes. Heureusement, l'arrière-grand-mère a bénéficié d'une pension à vie qui a été d'un grand secours pour la famille.
Ce qui est étrange, c'est que, pendant les cinq années que j'ai passées à Montevideo, de 1887 à 1892, je n'ai jamais appris un mot de castillan. J'ai toujours parlé italien avec tout le monde, même si les gens ne le comprenaient pas.
Lorsque la diligence suisse arrivait seule à Domodossola, il y avait toujours des touristes venus du nord.pour visiter le Palazzo Silva. Oncle Calisto a déclaré que le palais avait été construit par Paolo Silva, probablement un descendant des Espagnols pendant la domination espagnole de Milan. Mais le nom Silva pourrait aussi dériver du latin silva. La famille Burla vivait dans la maison avec deux autres familles. Les touristes, principalement des Anglais, visitaient la maison avec ravissement, admirant les moulures et les sculptures des cadres de portes et de fenêtres, les grilles en fer forgé, les beaux poêles en marbre encastrés dans les murs et le grand escalier en colimaçon en pierre sculptée. Quand ils partaient, ils laissaient toujours quelques pièces pour les enfants de la maison, et il y avait beaucoup d'enfants Burla. Tous les enfants de Pier Maria Burla sont nés dans la maison Silva.
Mon oncle me dit que le Palazzo Silva est un très vieux bâtiment de trois étages datant de 1519.
Ses murs ont une épaisseur d'un mètre et demi, et s'élèvent à certains endroits jusqu'à 2 ou 3 mètres, et bien qu'il y ait des fissures profondes à certains endroits, celles-ci ne compromettent en rien sa stabilité. Il y a des armoires murales dans les murs, dont certaines sont simulées et cachées.
On dit que quelqu'un qui creusait dans le sous-sol a trouvé des restes d'ossements humains, des personnes qui ont disparu on ne sait quand et dans quelles circonstances. Probablement un crime politique ou de crimes familiaux qui sont restés enveloppés de mystère.( à suivre)
Je me souviendrai longtemps de ma découverte en 1979 à mon arrivée à MEXICO DF des édifices construits dans la Colonia Polanco par les descendants des trois frères Arnaud de Jausiers, communément appelés les Barcelonnettes arrivés à Vera Cruz en 1821 : https://m.bbarcelonnette.com et https://cf2r.org Lire l'incontournable roman de Alain Dugrand et Anne Valleys: les Barcelonnettes les Jardins de l'Alameda Tome 1 et l'analyse économique de la dynastie par Patrice Gouy que je croisais au Lycée franco mexicano . "Pérégrinations des Barcelonnettes au Mexique "
Les magasins "Liverpool" étaient alors au bas de l'avenida Horacio le temple de la consommation comme le furent les magasins du Bon Marché à Paris.
Mais revenons à la même période à la fabuleuse aventure qui poussa une famille de Domodossola à la frontière italienne dans l'Osssolano à s'expatrier pour tenter sa chance en Uruguay là où je trouvai les descendants de la famille Coppeti-Burla à Montevideo.
Un article précédent raconte mes visites dans les archives historiques de la ville de Montevideo grâce à la gentillesse de mes amis Sonia Kirchenheimer et Rodolfo Schuster qui me permirent de rencontrer le conservateur Andrès Aspiroz Perera et son équipe en 2018 :
la collectionCoppetti Burla de Montevideo
C'est par le plus grand des hasards que Mario Coppetti neveu du grand collectionneur d'origine italienne me mit sur la trace de Gabriella Andreis Boni qui avait publié en 2003 une article dans de l'Almanacco Storico Ossolano sur les origines de la Famille Coppetti Boni de Mozzio près de Domodossola. Celle ci raconte comment intriguée par le témoignage de ses proches à Mozzio sur le clan Boni , elle a décidé de partir elle aussi à leur recherche. Celui qui avait correspondu avant sa mort de 1972 à 1975 avec Maxime Nemo allait donc reprendre vie et je peux aujourd'hui mieux comprendre le pourquoi du comment de son infatigable quête.
Celui qui allait réunir la plus fabuleuse et mystérieuse Bibliothèque Rousseau tout au long de sa vie entre Europe et Amérique allait livrer quelques uns de ses secrets dont j'avais entrevu les dédales dans les archives historiques soigneusement inventoriées à Montevideo.
Pour mieux vous parler d'Ottorino et de sa grande famille ossolana, laissons témoigner ses proches...
Ce titre provocateur il est vrai fait référence aux Dix ans des Guignols de l'Info aujourd'hui moribonds et retweetés ici ou là ou en mode replay sur Youtube. Toute leur vivacité et leur insolence n'a pas pris une ride dans le contexte actuel pré électoral.
Mais revenons à ce qui fait le quotidien d'un habitant du #Clapas en mode confinement depuis un an , ainsi désigne-t-on la métropole endormie d'une bouillonnante Occitanie restée dans les mains des cénacles socialistes à la mode Rabelaisienne où s'écharpent "les hypocrites, bigots , matagots, marmiteux boursouflés que l'on a vu s'invectiver, fustiger et persifler" lors des Municipales de juin 2020 et qui reprennent du service pour les Cantonales et Départementales avec l'indéboulonnable Kléber Mesquida Seigneur ou saigneur de l'Hérault disent les mauvaises langues de @Mesquidout..Tout cela sent le cassoulet de Castelnaudary et comme dirait De Gaulle :"les petites soupes sur les petits feux"
J'avais rédigé des chroniques du piéton de Paris, puis de Buenos Aires, de Montevideo , de Lima et de Cartagène de las Indias et me voilà poussé à transcrire les chroniques de dix ans d'un piéton du Clapas, moins colorées, moins exotiques et plus acides. Il faut dire que l'insécurité culturelle qui gagne chaque jour du terrain en lisant les chroniques de JC Aubert (ex Agglo reconverti en faits Divers sur Metropolitain) , ou les entrefilets plus laconiques du MidiLibre de Montpellier par Yann Marec ou Olivier Biscaye vous invitent être prudent dans les rues sombres passé le couvre feu de 19h toutes terrasses éteintes. Je me souviens être allé dans un théâtre des quartiers nord Jean Vilar ou Beaux Arts Tabard écouter Annie Lebrun au milieu de ses fidèles adorateurs et m'être remémoré cette phrase de Tristan Bernard " Venez armé car le lieu est désert "; aller en tramway au Domaine d'O écouter une amie Rebecca Finet est une expérience et le retour vous laisse vers minuit des souvenirs mitigés... On passera sur les mésaventures du Théâtre National des Treize Vents au Parc Gramont confié au Sergent Rodrigo Garcia qui exécutait des homards vivants sur scène et autres happenings picaresques dont j'avais pu apprécier il y a 50 ans à Nantes son Dieu et inspirateur espagnol Fernando Arrabal puis Armand Gatti à Avignon. (j'ai chroniqué ici sa prestation calamiteuse qui lui a valu son éviction)
Si le coeur vous en dit, la Gazette de Montpellier ( toujours friande d'annonces insolites dès le Mercredi) signale qu'on donne des lectures dans une boulangerie de la Paillade dans l'esprit des Arabesques et parents et enfants y dégustent les pâtisseries orientales faites maison.
Si vous avez opté pour la randonnée de 11 kms vers les plages de Maguelone ou de Palavas, sachez qu'il vous faudra lutter avec les engins électriques et les marathoniens en tous genres, adeptes du forcing : personne ne doit entraver leur performance entre Lattes et Antigone: timing oblige ! Les marcheurs parlent peu et tiennent aussi la cadence quelque soit leur âge et forme physique. Reste aux piétons du bord du Lez à s'exclamer sur ce bel Eurasier ou ce ShowShow entre des centaines de York et Chihuahuas en veillant à leurs déjections nombreuses. J'ai pu en faire l'expérience en promenant mon Labrador dans sa poussette lors de sa fin de vie entre le Parc Méric et son Centre de balnéothérapie de Près d'Arènes.
Rester regarder les enfants dans les parcs aménagés du Port Marianne c'est connaître les horaires où le "vivre-ensemble" prôné par les municipalités écolo-socialistes, n'existe pas : à chacun sa tranche horaire et ses coutumes.Le français y est incongru et l'arabe dialectal marocain très prisé dans les bars à chichas , sauf en période de Ramadan où le bassin Jacques Coeur a des allures de Jardin des Tuileries .
Les pique niques de l'Association de Quartier Port Marianne montrent bien que la mixité là encore ne s'est pas opérée et que le woke et la cancel culture ne passe , pas pas plus que le verre de Sauvignon
Ceux qui profitent le plus de cette métropole polyglotte et festive sont sans compter les étudiants qui désertent le vendredi soir pour retourner en famille en Lozère ou dans les Cévennes, et surtout les étudiants Erasmus de toute l'Europe et quelques étudiants en FLE que j'ai pu héberger en AirBnB d'Amérique Latine , d'Asie ou de Scandinavie.On les croisait jadis à l'Espace Jacques d'Aragon où des Assos comme Théavida promeuvent les échanges linguistiques et culturels. Le souvenir que leur laisse Montpellier est surtout un sens de la fête dans les discothèques aujourd'hui fermées comme la Villa Rouge ou DanceFloor de la Grande Motte.Même les Maisons de Quartier soigneusement subventionnées et encadrées par la Municipalité accueillent des cours de danses pour seniors et des soirées colombiennes ou mexicaines comme partout ailleurs. Les résultats PISA de l'Université Paul Valéry ne valent pas qu'on s'y éternise tant l'atmosphère y est peu propice à la recherche et aux performances. Le télétravail a sûrement changé la donne .
Les soirs d'été approchant et le couvre-feu élargi en juin à 23h verra les Milongas de l'Esplanade et la terrasse de l'Insensé s'animer les vendredi d'après Ramadan pour quelques happyfew qui étalent leur grâce provinciale dans un cercle de l’entre-soi où se saluent le Juge, l'Avocat, le Chirurgien et la Baronne de Caravète. Si vous voulez profiter de l'esprit Tangolero que vous avez connu à San Telmo , essayez l'esplanade des Droits de l'Homme où des étudiants latinos ou lozéro-cévenols vous accueillent et vous invitent pour le simple plaisir sur des pistes bien choisies. La majorité restante se contentera des Estivales et de leurs beuveries occitanes où même un ami chinois de Shangaï trouva les crus au verre fort médiocres.
Mais me direz vous quelle insécurité culturelle dans tout cela: la description bon enfant des vagabondages du piéton du Clapas semble une promenade de santé au soleil et pour peu qu'on y retrouve les ami.e.s marocains, brésiliens, colombiens, chiliens ou estoniens... rien ne laisse entrevoir le climat d'insécurité propre à toutes les métropoles que nos élus se gardent bien de commenter. Il aura fallu la visite du Président à la Paillade pour que la presse nationale découvre que les "petits Pierre" ont déserté vers le sud et que les mères de la Mosson et de Celleneuve étaient déjà venues réclamer plus de mixité sociale sous les fenêtres de Philippe Saurel. Rien n'a changé et si le duo Nicollin Delafosse déplace le Stade vers l'Avenue de la Mer : (enjeu stratégique déjà sous Georges Frêche pour un Tramway indésirable vers les plages,) les problèmes resteront à ciel ouvert et à fleur de peau entre Perpignan, Béziers, Nimes et Marseille sur des trafics bien établis qui pèsent sur l'insécurité dont le Maire actuel se veut le plus résolu des adversaires ( prenant bien soin de renvoyer comme ses collègues la responsabilité vers l'Etat protecteur qui n'a rien fait et joue la carte de la décentralisation des pouvoirs) .
Un autre regard pourrait être porté, plus optimiste, plus bienveillant , moins amer et moins critique, mais il suffit de lire le courrier des lecteurs des quotidiens régionaux et nationaux consacrés à cette ville sans compter les réseaux sociaux très attentifs au quotidien et au bien être de ses habitants, pour mesurer que la tâche est immense et que comme je le notais plus haut, que cette Surdoué n'a pas encore trouvé les élus qu'elle mérite peut-être. La faute à son entrisme et à son chauvinisme dans le sport et son manque d'ouverture face à la ville rose qui lui a ravi son destin et dont elle a beaucoup de mal à se relever .
Il est un adage qui veut que l'amour dure 7 ans selon Beigbeder, mais pour ma part c'était plutôt 6 ans pour les contrats à l'étranger fixés par une Lettre de Mission en bon et dû forme acceptée rue La Pérouse et confirmée lors de la prise de fonction en poste à l'Ambassade ou au SCAC. Et cela pendant presque 30 ans avec des retours dans l'administration à savoir l'Académie d'origine à l'Administration centrale pour les plus chanceux avec l'indice de corps afférant.
En ce qui concerne les affectations en Amérique, en Afrique ou en Europe, il est demandé au candidat de se conformer aux us et coutumes du pays d'accueil et de pratiquer l'interculturel et l'ouverture linguistique qui va avec. On est prié de laisser derrière soi ses schémas de pensée technocratiques, religieuses ou philosophiques emmagasinées à l'ENS de Saint Cloud pour s'ouvrir à la culture de l'Autre. Ce condensé m'aura permis de diffuser quelques préceptes basés sur mes acquis à la Sorbonne3 dans un Diplôme de Didactique des Langues et des Cultures en Europe illustré par mon vécu d'expat missionnaire (comme on disait sous la IIIè République quand fut créée la Mission Laïque pour contre balancer les Missions religieuses en Afrique au Levant et en Asie) C'est ainsi que je fus invité par les universités de Lexington (Kentucky) Santiago ( Galice) Windhoeck ( Namibie) et bien sûr nul n'est prophète, à Nantes et au Mans dans un cours de Master Pro sur les Stéréotypes interculturels dans l'apprentissage des langues en Europe.
Alors 3 ans ou 6 ans à travers le monde au gré des régimes politiques de Pompidou en 1972 à Mitterrand en 1981 puis Chirac en 1995, le temps de pratiquer les aimables partenaires locaux et de laisser sa marque éphémère dans un Institut ou Centre Culturel, dans un Projet d'appui au français , ou une Coopération éducative balbutiante, et l'heure de la retraite sonne . C'est alors que certains se refusent à décrocher et restent en local pour jouir des bienfaits du néocolonialisme ambiant au sein d'une ONG ou dans des missions d'expert européen avant que le Ministère de la Coopération puis des Affaires Etrangères enfin de l'Agence Française du Développement ne leur signifie que le jeu a assez duré.
Voilà comment après des allers retours à travers l'Europe où j'avais conservé des amitiés musicales et culturelles, je me suis retrouvé sur ce quai de Cythère à Montpellier en bordure du Lez d'où je vous écris à à présent.
En 2011, celui qu'on appelle "l'Impérator" est encore là et vit ses derniers jours de gloire depuis son Château en l'Hôtel de Région au coeur d'Antigone tout comme le Surintendant à la Musique qui lance ses derniers feux sur l'Orchestre National de l'Opéra de Montpellier qui ne deviendra que l'ombre de lui même avec des successeurs dont je reparlerai plus loin.
La traditionnelle grand messe des nouveaux arrivants a lieu au Corum en présence de Madame la Maire Hélène Mandroux (devenue Honoraire) entourée de son équipe socialiste. On vous remercie d'avoir choisi la Surdouée comme on l'appelait alors et on vous gratifie de discours pleins de promesses. Le globe-trotteur que je suis croit à des jours heureux dans cette capitale régionale de Septimanie où il ne connaît personne comme nombre de nouveaux arrivés regroupés par grappes autour des petits fours et du vin du Pic St Loup.
C'est après que le "nouveau" déchante. Ou bien il intègre les centaines d'Associations subventionnées par la Municipalité ou l'Agglo présentes lors d'une Journée faste sous un soleil généreux , ou il s'inscrit à toutes les conférences de l'Université du Tiers Temps qui réunit quelques nostalgiques des architectures religieuses ou mythes grecs présents dans son quartier avec les copies de Poséidon , Diane, Vénus d'Arles et Samothrace ou bien il caracole dès tôt le matin vers la Gardiole ou la Matelle et escalade le Pic St Loup avec des trekkeurs entrainés et peu loquaces. On lui a dit qu'il ne fallait sous aucun prétexte manquer les rendez-vous incontournables sur la Culture méditerranéenne: Cinémed , Fête du Livre et Festivals de Danses orientale ( en hommage aux migrants) ou Festival Arabesque (pour la clientèle marocaine....) Les deux premières années sont donc consacrées au terrain où personne ne se parle et où la vieille gauche radicale toise l'intrus.
Mes "acquis de l'expérience" comme on dit aujourd'hui auraient dû me pousser vers le Département FLE de l'Université Paul Valéry mais là l'accueil est mitigé et on n'est pas trop pour le mélange intergénérationnel, chacun à sa place et mon parcours interculturel semble gêner l'entresoi. Les chorales occitanes et revival pullulent ici et n'ont pas besoin de chef de choeur en leur Maison où se côtoient tous les styles et tous les âges. Je comprends vite qu'Il faudra donc prendre ses quartiers d'hiver ici et ses quartiers d'été ailleurs...
N'étant pas Baron de Caravète depuis 3 générations comme le nouveau Maire et Président de la nouvelle Métropole issu du sérail du grand Georges Frêche récemment décédé à son retour de Chengdu (Chine), je dois trouver des réseaux constitués mais la tâche s'avère difficile comme me l'a confié une parisienne qui a dû lutter pour pénétrer RadioAviva et le Centre Communautaire puis la Maison de la Poésie squattée par des locaux. Bonne chance et surtout patience. Après dix ans , et deux années blanches de Covid9 où toute activité sociale est impossible, il était temps de faire le bilan.
Quand en 2020 on pense à réélire un nouveau Maire, on pense à celui qui venait de renverser la table des partis et des groupuscules du mundillo montpelliérain : mandat vécu comme un échec pour certains à cause de problèmes relationnels avec les autres Maires de l'Agglo et ses administrés. Un autre va lui aussi déclarer renverser la table et se jouer des alliances pour rétablir la socialie avec les écolos les communistes et les progressistes de tout poil. C'est à ce moment que je suis appelé pour constituer les propositions Culture avec l' outsider milliardaire syrien Mohed Altrad.
Deux mois d'intenses préparations et d'échanges fructueux avant le volte face de juillet 2020 où le candidat face à Philippe Saurel et Michael Delafosse (tous deux anciens compagnons de route et disciples de Frëche), anciens adjoints de Mandroux à l'Urbanisme et à la Culture successivement ) aligne ses cartes et veut lui aussi renverser la table avec les Insoumis , quelques écolos, un clown animaliste Gaillard et les NoussommesMontpellier !
Cet attelage improbable ne séduit pas les montpelliérains frileux et peu enclins au changement qui lui préféreront le bon vieux socialisme radical incarné par un ancien de l'UNEF rallié depuis à Hidalgo et aux pires des Ecolos (suite à la Rencontre de Tours Aout 2020) sur un programme laîcard que je réprouve tant il est à double tranchant. Voir une adjointe à l'Education et une adjointe aux Cultes s'afficher à la rupture du Jeûne de Ramadan à la Mosquée Averroes est un mauvais signe envoyé aux militants socialistes et athées.
Mais puisque les réseaux sociaux semblent faire la loi face à une presse locale inféodée à la famille Baylet (radical socialiste et peut-être SFIO depuis 3 générations) je m'efforce de suivre les fils d'actu tant de l'AggloRieuse, de LengadOc, du MidiLibre et de la Gazette sans oublier des blogs comme Lokko.fr ou LePoingMontpellier ayant depuis longtemps fui les radios locales comme RadioAviva communautariste et associative, très éloignée de l'esprit des RadioLibres.
Une place à part doit être faite à l'initiative du Blog de Montpellier Histoire et Patrimoine tenu de main de maître par Fabrice Bertrand grand spécialiste et passionné de l'histoire locale qui nous abreuve d'anecdotes, d'archives, de reportages et de sorties de terrain à travers une ville rêvée, idéalisée dont on admire les vestiges.
Elle est ce que l'Histoire a faite et sublimée par le visionnaire Georges Frêche et son architecte urbaniste catalan Ricardo Boffil. Les commentaires du Blog sont assez éloquents, tous laudatifs et émerveillés par la connaissance de son animateur, ils reflètent la mémoire des habitants du cru et la curiosité des autres qui se sont greffés peu à peu sans forcément s'y intégrer. Il est déconseillé depuis un an de critiquer la politique en cours et les sujets qui touchent au programme du Maire Président sont résolument censurés depuis que Fabrice est rentré dans l'équipe municipale.
Qui s'y frotte s'y pique . Quelle indépendance perdue !
On peut espérer que la reprise des activités culturelles dès cet été 2021 redonnera un semblant de lustre à cette ville endormie. Personne ne remplacera le tandem Frëche/Koering lorsque je découvris avec France Musique les Concerts et MasterClasses d'Aldo Ciccolini au Corum et France Culture avec les Rencontres de Pétrarque de Finkielkraut. En qualité d'Agent artistique depuis 10 ans, aucun musicien n'a pu pénétrer la camarilla de l'Orchestre Opéra (National, excusez du peu...) jalousement gardé par la Duègne de Lorraine qui a totalement épousé la politique municipale et régionale et surtout ses subventions et prodigalités pour un maigre résultat il faut l'avouer. la Cour Régionale des Comptes a pointé les dysfonctionnements amenant la Municipalité a nommer un ancien Préfet au Conseil d'Administration pour éviter les dérives et dépassements....C'est dire... Depuis, omerta sur le Corum, on ne communique plus et la presse est priée de se taire.
Toulouse offre d'autres perspectives du côté du Capitole et les rencontres annuelles à Aix (Accord Majeur) , Berlin (Fevis) ou Paris (FranceFestivals) n'évoquent que rarement les Artistes en résidence à l'OONM comme les Ombres, Hervé Niquet, Nathalie Stuzmann et l'avenir du recrutement par tirage au sort (sic) n'annonce rien de bon . Attendons donc patiemment qu'un nouveau Directeur artistique et Chef accepte de se soumettre aux dictats de la CGT du spectacle toute puissante et à ses vetos administratifs . Dans le milieu, les caprices des musiciens fonctionnaires choyés depuis des années par la Région et la Métropole ont fini par lasser Koering et Scarpitta . Les regards se tournent vers d'autres Orchestre Nationaux plus novateurs.
Le Festival de Radio France que je suis depuis plus de dix ans a su donner, grâce au carnet d'adresse de René Koering un éclat et une visibilité artistique tant à son orchestre qu'à toute la région , depuis son éviction et celle de son successeur, on n'assiste à une programmation de potes et de réseaux autour d'une camarilla secrète qui gère des budgets publics dans la plus grande opacité , le tout dilué dans un saupoudrage régional sur les villages d'Occitanie (100 000 spectateurs en 2018 affiche sa Com) comme le pratique René Martin (qui bénéficie de son aura de la Folle Journée contrairement à JP.Rousseau) avec le Festival de La Roque d'Anthéron qui irrigue la vallée du Rhône et l'agglomération de Marseille. On est ravi de retrouver la famille Capuçon et les artistes préférés de JP Rousseau mais quid des manifestations populaires Place de l'Europe ou Place Rose. Voilà un an que dans le plus grand secret on gère la pénurie sans grands moyens mais surtout sans grande inventivité comparativement à ce qui se fait ailleurs et les exemples sont nombreux de spectacles de qualité qui ont su innover dans des lieux et des conditions difficiles. Quels liens subsistent entre ce Festival et la Maison mère Radio France (Sibyl Veil) et France Musique ( (Marc Voinchet) ?
C'est là que j'ai eu à m'interroger sur la succession des adjoints à la culture tant à la Ville qu'à la Métropole depuis dix ans et à interroger le Conseil Régional d'Occitanie sur l'utilisation qui est faite des deniers publics entre Arabesque, Moco, TohuBohu, ZAT et Tropismes. La nomination des copains Régis Penalva et Numa Hamboursin s'est faite dans le plus grand secret contre l'avis des étudiants aux Beaux Arts comme l'éviction de Nicolas Bourriaud pour un maigre et contesté bilan au MOCO qui veut dire ceci dit en passant morve en espagnol ).
Qu'importe...La presse locale relaie mais ne commente pas, à part l'Agglorieuse et le site Lokko.fr qui m'ont parfois aidé à démêler le vrai du faux dans ce marigot d'immondices que charrient les réseaux sociaux.
Le statut de témoin dans cette vie municipale et métropolitaine m'amène à un repli comme pour beaucoup,de montpelliérains, certains privés de leur Agora des Savoirs, d'autres de leur (très chère) Université du Tiers Temps , d'autres de leur Chorale de quartier, que sais-je encore.
Il faut avouer que sur ces dix ans , si les rencontres ne sont pas aussi riches qu'à Paris ou en période de Festivals, j'ai pu croiser et échanger avec nombre de figures de l'intelligentsia parisienne dans les rencontres de la Librairie Sauramps ou du Musée Fabre ; au hasard Eric E Schmitt Maffesoli, Juge Bruguiere, Onfray, (avant qu'elles ne deviennent confidentielles et sans intérêt car trop politiquement orientées par l'idéologie dominante) Les Rencontres annuelles de la Comédie furent un grand moment d'échanges sur l'actualité culturelle avec JF Khan, E.Todd, Philippe Meyer, Abdelwahab Meddeb etc... On peut craindre le pire à un an des présidentielles dans le climat délétère qui enveloppe le confusianisme local des Rencontres de Pétrarque savamment orchestrées par les censeurs de "l'esprit d'ouverture" de France Culture à la mode Sandrine Treiner Sibyl Veil (toutes deux macronistes), dans les Jardins du Rectorat, et ce, sur fond de Françafrique !
Où sont les "référents" de quartier justement chargés de mettre en oeuvre cette "démocratie participative" dont les trois candidats de 2020 se gaussaient ? En fait de démocratie participative, le citoyen importé subit chaque jour les tweets du Maire Président , l'un sur sa Charte, l'autre sur les Migrants naufragés, un autre sur son ralliement à Anne Hidalgo ou à Eric Ciotti . Il n'est que de suivre son fil quotidien pour mesurer du manque d'ambition et d'engagements que le Sommet franco-africain qui doit se tenir en Juillet 2021 ( en plein FestivalRF, tiens tiens...) mettra un peu plus en lumière aux yeux du monde lors de la venue des chefs d'Etats africains autour du gouvernement au complet. La mise en scène des "petits Pierre" à la Paillade n'était qu'une répétition de cette dérive républicaine à base de clientélisme et de laisser faire sur coups de menton sécuritaires de l"Adjoint préposé.
L'engagement me direz vous ? Après dix ans de tentatives d'intégrer les forces vives de cette ville tant vantée par Dame Mandroux en 2011, que reste-il ? Un sentiment de lassitude où l'on est convoqué à des défilés folkoriques de la Saint Roch ou à des festivals antillais , marathons et tohubohus , entre rap et street art , finalement quelle différence avec le mandat de Saurel ? L Assemblée des nouveaux arrivants 2021 aura bien lieu au Corum et le Maire Président vantera son année , ses grands chantiers immobiliers, son nouveau stade,son Parc Montcalm et ses pistes cyclables et ses 500 followers applaudiront sur les réseaux sociaux de l'oiseau bleu : "Bravo Michael , enfin le Maire qu'on attendait ! ".
Pour ma part je pense que depuis 10 ans, Montpellier a les élus (pardon camarades) qu'elle mérite.
https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-03-11-the-namibians-for-whom-czechoslovakia-is-forever-home/
Passionnant article qui rappelle l'exil des jeunes Namibiens en RDA , ceux qu'on appelait les Ossies qui placés par la Swapo en 1985 devaient être les fers de lance de la Namibie de demain et seront d'éternels schizophrènes partagés entre deux cultures.