" Le bonheur se trouve là où nous le plaçons: mais nous ne le plaçons jamais là où nous nous trouvons. La véritable crise de notre temps n'est sans doute pas l'absence de ce bonheur qui est insaisissable mais la tentation de renoncer à le poursuivre ; abandonner cette quête, c'est déserter la vie." Maria Carnero de Cunhal
Un vrai faux BONNARD à MEXICO
En flânant cet après midi comme à l’accoutumée dans les ruelles de Montpellier en quête de boites à livres entre Saint Roch et L’Église des Dominicains, je tombe par hasard sur ce supplément du Nouvelliste du 11 juin 1999 consacré au peintre Pierre BONNARD que je m’empresse de feuilleter.
Il me revient en mémoire cette séquence vécue en 1981 lors de la visite officielle de François Mitterrand à Mexico flanqué de Jacques Attali et Jack Lang qui entre un Soulier de Satin de Claudel par la Comédie Française au Théâtre de Bellas Artes et l’inauguration du Musée d’Art Moderne donna lieu à nombre de réunions et diners autour de l’Ambassade de France et de l’Institut Français d’Amérique Latine.
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Je me trouvais donc invité dans un penthouse de la Colonia Roma par mon ami Edouard Hayem cinéaste et grand professionnel de l’image autour de son amie et égérie Maria Antonieta Garcia Lascurain prénommée Tony (qui allait prendre la direction de la Maison du Mexique à la Cité Universitaire Internationale de Paris puis des fonctions importantes au Ministère de la Culture)
Tony avait su comme à son habitude inviter pour l’occasion tout le gratin culturel des relations franco mexicaines depuis les réalisateurs espagnols exilés de 1939 à 1947 et accueillis à Vera Cruz sous la Présidence de Lazaro Cardenas, Miguel Morayta, Bunuel Junior et Ana Batuta…
L’aéropage de l’ IFAL alors dirigé par l’éminent et regretté Jean Galard (qui allait devenir Conseiller culturel au Musée du Louvre) réunissait mes amis Valador ,la directrice de la libreria francesa( Paseo de la Reforma )Tere de la Rosa, quelques directeurs d’Alliances Françaises , Mercedes Fort, la secrétaire de l’Ambassadeur Jean René Bernard etc…
Je ne sais comment est venu dans la discussion la dernière trouvaille d’Edouard au marché de Tepito dit « marché aux voleurs » un tableau signé de P Bonnard pour une somme modique.
Toute la discussion animée fut de savoir comment ce tableau était arrivé sur les étals d’un marché où le pire pouvait côtoyer le meilleur. La présence du nouveau Ministre de la Culture récemment nommé par Mitterrand allait peut-etre nous aider à y voir plus clair… Pour authentifier ce tableau il nous fallait un expert du Louvre (car le Musée d’Orsay n’existait pas encore) La valise diplomatique pourrait permettre de l’expédier à Paris et serait moins couteux que de faire venir le dit Expert.
Les semaines passant et l’effervescence du premier voyage officiel du couple Mitterrand étant retombée, nous apprîmes incidemment que le tableau aurait été donné à un étudiant mexicain qui étudiait à Paris, pratique courante chez Bonnard « le Nabi japonard » tel qu’il était qualifié par ses amis étudiants aux Beaux Arts (Sérusier, Vuillard, Roussel, Maurice Denis et R.Piot…)
Tony devenue une pointure de la vie culturelle mexicaine n’a pu me confirmer si son ami Edouard a pu monnayer à son juste prix cette toile à l’histoire rocambolesque dont je viens de vous narrer les péripéties. Peut-être a-t-il fait l’objet d’une vente à la Fondation Pierre Giannadda a Martigny en Suisse ou dort-il dans une collection particulière privée. Qui saura le rendre à la lumière et lui restituer ses couleurs ?
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