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" Le bonheur se trouve là où nous le plaçons: mais nous ne le plaçons jamais là où nous nous trouvons. La véritable crise de notre temps n'est sans doute pas l'absence de ce bonheur qui est insaisissable mais la tentation de renoncer à le poursuivre ; abandonner cette quête, c'est déserter la vie." Maria Carnero de Cunhal

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CARAVAGE au DIAGONAL

Sur invitation d'une amie de Palavas, je me résigne à aller voir la nouvelle superproduction franco-italienne avec RAI et Canal+ sur Michelangelo MERISI qui avait eu les honneurs du Musée Fabre pour une rétrospective très sanguinolente, voulue par Michel Hilaire grand ordonnateur , il y a peu.

Par ce froid dimanche de janvier je saute donc dans un tramway nommé "à fuir" mais offrant des "mobilités douces et gratuites" depuis que l'édile en a décidé pour ses chers électeurs seniors. Ceux là même que je retrouve agglutinés devant le "Diagonal" un cinoche d'art et d'essai très couru par les lecteurs de Télérama et auditeurs inconditionnels de France Inter. Les voilà donc nos tempes grisonnantes, et perruques laquées , celles que l'on retrouve à l'Opéra et aux marchés paysan des Arceaux. Il s'interpellent et se reconnaissent car c'est leur sortie dominicale obligée, avant l'Ehpad et les soirées d'ARTE.

Une jeune intrépide nous bouscule appareillée et sous smartphone provocant l'ire des spectateurs massés , disons parqués, devant des numéros de salles dont seul le numéro deux refuse de s'allumer. Hasard, ils sont tous venus pour la salle2 où l'on va présenter le Caravage avec Garrel et Huppert. Le passage en caisse pour 7,50 € ne vous donne pas droit au sourire de la caissière revêche et concentrée sur sa monnaie. Elle vous lance un "Caravage Salle2" et vous voilà lâché dans l'arène senioriale...Les uns lisent le pitch sur un programme défraichi en papier recyclé, les autres sur leur smartphone à la page Télérama. 

Je retrouve l'amie de Palavas qui a pu se garer au Polygone et qui semble impatiente de découvrir le Chef d'Oeuvre ! Les documentaires sur ARTE et France5 nous avaient déjà informés des frasques du génial peintre romain et des vicissitudes nocturnes entre les bras des unes et des uns jusqu'à son exil à Naples. Mais déjà la colonne s'ébranle vers la fameuse salle2 où les toilettes Tena sont bien fléchées...A peine installés au dernier rang, un handicapé veut le fauteuil près de l'allée et un autre pour sa femme...on le dissuade, il s'éloignent... Une quidam se présente et veut le même fauteuil en bout d'allée et s'installe en faisant basculer la rangée de sièges tous solidaires contrairement aux spectateurs. Elle se dévêtit et se lève puis s'étire et cherche déjà une autre place.Mais non, la lumière s'éteint et tu sais que le voyage ne sera pas sans turbulences... Les veilleuses sont braquées sur ton siège et le couple devant toi refuse de se tasser dans son fauteuil.

Présentation obscure du générique en italien et là tu sais que le film sera en version sous titrée car une voisine qui suis assidument des cours d'italien ne comprendra pas un traitre mot du napolitain des rues et des sabirs romains du XVè siècle. Mon voisin de droite lui au bout de cinq minutes sort de la salle, il ne supporte pas les versions sous titrées, car Télérama ne l'avait pas mentionné.

On se laisse envahir par la reconstitution historique entre Rome et Naples, on applaudit à l'exploit du magistral et inquiétant Garrel et l'on succombe à la fascinante interprétation de la duchesse Huppert et l'on attend l'apparition du rénégat qui s'avère aussi tendre, brutal et génial à la fois.

Les collections privées des Borghese, des Medici, des Sforza n'ont plus de secrets et révèlent leurs nudités et turpitudes au grand jour.

Les deux heures passent relativement vite et le ciné d'art et d'essai remplit sa mission de contre pouvoir face aux Gaumont et UGC voisins , il a résisté au temps contrairement au Royal qui est abandonné. Lui a été revendu à un grand groupe mais son public vieillissant est toujours là tout comme le restaurant voisin "l'Entrecôte" où les mêmes seniors vont s'entasser après avoir fait la queue d'usage mais ils semblent avoir cet instinct grégaire et aiment à se retrouver.

Nous finiront la soirée au Bar Le Riche car le Café de la Loge est fermé le dimanche. Quelle décadence là aussi, un bar prestigieux où l'on attendait un décor digne de ceux de Buenos Aires ou de Venise, nous offre un cadre désenchanteur, lumières crues, décors défraîchis, serveurs en tennis, et comble du mauvais goût pour les spectateurs de l'Opéra sortis à peine de la Reine de la Nuit d'entendre sur écran géant le match Barcelone  en direct sur l'Equipe TV. Venus chercher au moins la chaleur , le serveur en tong nous met la clim et le capucchino et le chocolat blanc passent mal à 3,50€.

Evoquer la vie rocambolesque du Caravage dans ses conditions relève de l'anachronisme le plus intrépide et quand nos voisins de table nous font part de leur déception devant les costumes guimauves et sucre d'orge de la mise en scène allemande de la Flûte Enchantée il faut les consoler et leur parler de la musique du divin Mozart et des duos incomparables. 

Il est tard pour la place de Comédie qui s'est vidée de ses hordes hirsutes et barbaresques venues faire les soldes au Polygone, c'est l'heure des tournées de Nicollin ( bientôt Nicoline)

et là, tu sais que tu es bien dans le réel montpelliérain et qu'il te faut regagner tes pénates devant Netflix et oublier les fulgurances du réel du Caravage dénoncées par les Cardinaux et Evêques comme atteinte au potentat spirituel de l'Eglise toute puissante.

 

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