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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 13:06
Stendhal,Machiavel,Shopenhauer....

La Chartreuse de Parme (Stendhal Machiavel et Shopenhauer) par Michel Crouzet dans les Chemins de la Connaissance (France Culture du 04/02/2014)
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4786304
Le propre de l'homme d'état tel que l'incarne le Comte Mosca est de ne jamais être sérieux, c'est la "désinvolture" de l'homme de cour.Il n'est pas moderne parce qu'il n'a pas d'idéologie politique, il est l'homme des circonstances, il est l'homme machiavélien capable de tout,et renard rusé et héroïque, homme d'honneur ou stratège rusé,l'essentiel est de se plier aux circonstances,il ne se donne jamais, il se prête à l'action.Ce qui fait que la Chartreuse est inadaptable au cinéma après la version de Christian Jacque car il faudrait des acteurs extrêmement habiles,pour qu'ils fassent apparaître continuellement leur absence continuelle de sérieux:( Galabru, Rochefort, Yanne...? ) car il y a une ironie fondamentale dans le roman mais surtout dans le domaine politique.
Ce qui limite l'opportunisme de Mosca c'est l'amour et l'honneur mais dans le domaine politique il n'y a pas de limites.Il agit seulement en fonction de la conservation du pouvoir selon les circonstances.L'idée géniale est de créer des situations qui sont des pièges pour ses adversaires à partir desquels on peut agir indirectement.
Mosca n'est pas un homme de répression, il n'agit pas directement, c'est un homme du piège et de la ruse et c'est en cela qu'il est le grand homme politique non moderne.
Pourquoi le comte Mosca est-il antimoderne ?
Parce que la politique est devenue rationnelle, elle est en même temps un phénomène de masse, or en direction des hommes il n'y a pas l'ombre d'une raison possible; Stendhal transpose dans le microcosme archaïque de Parme et à partir des mémoires de cour dont il était un grand lecteur, les problèmes de la vie politique auxquels lui même était en prise.
La passion amoureuse est une condition de l'avènement au bonheur et à soi même et en cela Stendhal est proprement romantique.Le grand chapitre de "De l'amour" constate que l'amour et la passion sont impossibles aux Etats Unis parce que la vie est totalement pénétrée par la rationalité et à ce moment là il n'y a plus de place pour le désir et l'affectivité.La rationalité chasse l'affectivité et c'est tout le problème de la critique de la modernité par les romantiques: le romantique considère que l'essence de l'homme c'est l'affectivité, et l'affection et l'amour,alors que la modernité rationaliste chasse, poursuit,l'amour et l'affectivité.
C'est un peu le problème du philosophe romantique qui a incarné l'affectivité, le problème de Shopenhauer, (qui est un contemporain de Stendhal),qui comprend qu'avec le vouloir vivre qui comprend la sexualité,les passions, que l'homme est fondamentalement désir, mais pour Shopenhauer qui est nihiliste,le désir n'a pas de sens.
Pour Stendhal romantique, le désir au sens large du mot comprend tout: le bonheur, la culture et finalement la compréhension des hommes. Stendhal serait le versant heureux du nihilisme de Shopenhauer qui considère que tout est dans le vouloir vivre qui est le réceptacle du sens.
La fin du roman " To the happy few " ,(imitées du Zadig de Voltaire où le grand ministre est heureux et chante ses louanges et celles de la providence) où l'auteur envoie les personnages à la mort avec leurs passions est assez déconcertante.Stendhal n'écrit pas pour un public de masse mais pour un petit nombre choisi de lecteurs qui soient en résonance avec lui même, alors qu'il a des contemporains qui ont inventé le roman populaire comme Eugène Sue. Mosca est heureux, c'est le bonheur du pouvoir et de l'argent, les autres qui sont des personnages passionnés, on été emportés à leur manière.l'ironie consacre les uns sans détruire l'autre.
"Les prisons de Parme étaient vides, le comte immensément riche, Ernest V adoré de ses sujets qui comparait son gouvernement à celui des grands ducs de Toscane".

Le despotisme du ministre de la justice Rassi remplit les prisons dont Fabrice alors qu'un régime vraiment intelligent, le régime opportuniste et machiavélien pense qu'il ne faut pas avoir d'ennemis.On ne se crée pas des ennemis,on ne punit pas les ennemis qu'on s'est créés, il faut calmer tous les conflits.(c'est la politique de Taubira ) Et quand le Comte Mosca commet l'erreur de ne pas dicter au Prince la formule:pour séduire un juge, n'aura pas de suite, il le fait pour laisser au Prince une issue pour lui permettre de sortir honorablement de cette bataille avec la San Severina...C'est une erreur car on ne fait pas de cadeaux aux Princes, mais c'est la loi du compromis en politique;
La prison n'est pas le compromis, la vraie politique c'est le compromis habile et intelligent qui évite les relations de force et de violence.Mosca a gagné les prisons sont vides,il a beaucoup d'argent,il est très bien vu comme homme politique,c'est un homme heureux. Les autres ont choisi le bonheur du malheur ( Fabrice et l'amour en prison) ou le malheur du bonheur et ils sont tous morts.

Extrait:

- La Chartreuse de Parme, film français de Christian-Jaque (1948)

Bibliographie complémentaire:

- Le roman stendhalien: La chartreuse de Parme de Michel Crouzet ( Paradigme, 1996)

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commentaires

C
DEHORS LE NÉOLIBÉRALISME SAUVAGE.fermaton.overblog.com
Répondre
H
Le blog demandé : http://fermaton.overblog.com/ n'existe pas

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