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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 16:14


Le Harcèlement Moral  ( Pocket  1998) Marie France HIRIGOYEN

Les psychiatres
eux mêmes hésitent à nommer la perversion ou, quand ils le font, c'est soit pour exprimer leur impuissance à intervenir, soit pour montrer leur curiosité devant l'habileté du manipulateur. La définition même de perversion morale est contestée par certains qui préfèrent parler de psychopathie,
vaste fourre-tout où ils tendent à mettre toue ce qu'ils ne savent pas soigner. La perversité ne provient pas d'un trouble psychiatrique mais d'une froide rationa­lité combinée à une incapacité à considérer les autres comme des êtres humains. Un certain nombre de ces pervers commettent des actes délictueux pour les­quels ils sont jugés, mais la plupare usent de leur charme et de leurs facultés d'adaptation pour se frayer un chemin dans la société en laissant derrière eux des personnes blessées et des vies dévastées. Psychiatres, juges, éducateurs, nous nous sommes tous fait piéger par des pervers qui se faisaient passer pour victimes. Ils nous avaient donné à voir ce que nous attendions d'eux, pour mieux nous séduire, et nous leur avions attribué des sentiments névrotiques. Quand ils se sont ensuite monerés sous leur vxai jour en affichant leurs objectifs de pouvoir, nous nous sommes sentis trompés, bafoués, parfois même humiliés. Cela explique la prudence des profession­nels à les démasquer. Les psychiatres disent entre eux : « Attention, c'est un pervers ! », sous-entendu : « C'est dangereux » et aussi : «On n'y peut rien. » On renonce ainsi à aider les victimes. Bien sûr, nom­mer la perversion ese quelque chose de grave, on réserve ce terme le plus souvent à des actes d'une grande cruauté, inimaginables même pour des psy­chiatres, comme les méfaits des tueurs en série. Pourtant, que l'on évoque les agressions subtiles dont je vais parler dans ce livre, où que l'on parle des tueurs en série, il s'agit de « prédation », c'est-à-dire d'un acte qui consiste à s'approprier la vie. Le mot pervers choque, dérange. Il correspond à un juge­ment de valeur, et les psychanalystes se refusent à émettre des jugements de valeur. Est-ce que pour autant ils doivent tout accepter ? Ne pas nommer la
perversion est un acte encore plus grave, puisque c'est alors laisser la victime démunie, agressée et agressable à merci.

 

Dans ma pratique clinique en tant que psycho­thérapeute, j'ai été amenée à entendre la souffrance des victimes et leur impuissance à se défendre. Je montrerai dans ce livre que le premier acte de ces prédateurs consiste à paralyser leurs victimes pour les empêcher de se défendre. Ensuite, même si elles essaient de comprendre ce qui leur arrive, elles n'ont pas les outils pour le faire. Aussi, en analysant la communication perverse, j'essaierai de démonter le processus qui lie l'agresseur et l'agressé, afin d'aider les victimes ou futures victimes à sortir des filets de leur agresseur. Lorsque les victimes one voulu se faire aider, il se peut qu'elles n'aient pas éeé enten­dues. Il n'est pas rare que des analystes conseillent aux victimes d'un assaut pervers de rechercher en quoi elles sont responsables de l'agression qu'elles subissent, en quoi elles l'ont bien voulu, même si ce n'est qu'inconsciemment. En effet, la psychanalyse ne considère que l'intrapsychique, c'est-à-dire ce qui se passe dans la tête d'un individu, et ne tient pas compte de l'environnemene : elle ignore donc le pro­blème de la victime considérée comme complice masochiste. Lorsque des thérapeutes ont néanmoins essayé d'aider les victimes, il se peut que, par leur réticence à nommer un agresseur et un agressé, ils aient renforcé la culpabilité de la victime et, par là même, aggravé son processus de destruction. Il m'apparaîe que les méehodes thérapeutiques clas­siques ne sont pas suffisantes pour aider ce type de victimes. Je proposerai donc des outils plus adaptés, qui tiennent compte de la spécificité de l'agression perverse.


Il ne s'agit pas de faire ici le procès des pervers - d'ailleurs ils se défendent bien tout seuls -, mais de tenir compte de leur nocivité, de leur dangerosité pour autrui, afin de mieux permettre aux victimes ou aux futures victimes de se défendre. Même si l'on considère, très justement, la perversion comme un aménagement défensif (défense contre la psychose ou contre la dépression), cela n'excuse pas les per­vers pour autant. Il existe des manipulations ano­dines qui laissent juste une trace d'amertume ou de honte d'avoir été dupé, mais il existe aussi des mani­pulations beaucoup plus graves qui touchent à l'iden­tité même de la victime et qui sont des questions de vie ou de mort. Il faut savoir que les pervers sont dangereux directement pour leurs victimes, mais aussi indirectement pour l'entourage en l'entraînant à perdre ses repères et à croire qu'il est possible d'accéder à un mode de pensée plus libre aux dépens d'autrui.

 

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