Bon, malgré le thème, imposé par Mme le Maire et le Consulat d'Algérie (comme le rappelait son adjoint Philippe Saurel),et le retrait de l'association montpéliéraine Coeur de Livre * à l'origine de cette
manifestation, on va y faire un tour, pour voir et mesurer de l'impact réel sur la population...
D'abord tout commence à la sortie du Polygone, sur le parvis qui débouche devant l'Office du tourisme: là les masses se séparent en deux , ceux qui
optent à gauche pour la rue de la Loge et les autres généralement munis de leur sésame, le programme de la Comédie du livre
2013 qui se dirigent vers la droite et l'Esplanade Charles de Gaulle qui a l'habitude de voir des masses de badauds: la semaine dernière la Comédie de la santé, et les
estivales ou Comédie du Vin, la semaine prochaine on annonce déjà Unicités ou les joies du jumelage à la portée de tous avec ateliers cuisines du monde et rencontres multiculturelles: on aime
bien ça à la Mairie et à l'Agglo.C'est le spectacle permanent sitôt fermée la Comédie du livre, on dresse déjà le podium sur la Place du Nombre d'Or pour un happening
inter-âge...
Quand on cherche une table ronde on opte pour Rabelais, Pétrarque ou le Corum mais si l'on cherche un auteur cela se complique.. il est passé par ici, il repassera
par là..(et les hôtesses ou Ambassadrices sont toujours aussi peu au fait...) Je m'incruste dans le débat sur le printemps arabe où il y a foule car l'affiche est prometteuse: Benjamin STORA,
Abdelwahab MEDEB et le prix Goncourt 2001, c'est qui déjà ? ah oui, Salim BACHI.
Un animateur de la Gazette très sûr de lui fait le bonimenteur et raconte les Printemps et introduit les intervenants mais après 45 mn, le débat n'a pas vraiment
commencé car il s'enlise à rappeler les faits et à recréer l'événement et le ressenti de chacun, l'auditoire se lasse et veut en venir aux faits. C'est Abdelwahab Medeb
qui veut lui aussi en venir au coeur du sujet et aux lendemains qui déchantent, passablement agacé par ce tour de table à la Taddéi où l'on n'a pas le temps de finir sa phrase
sinon son argumentation. Tout cela est minutieusement filmé et à réécouter.
A la sortie une auteur journaliste locale vous reconnaît à peine et semble vous éviter car en pleine promo et en préinterview pour Radio Aviva,
alors le public, les lecteurs, on n'en n'a rien à faire comme le disait très justement Philippe Muray dans son Journal. Nous reviendrons sur ce "contact"
auteurs/lecteurs qui n'existe pas selon Waciny Laredj.
A la sortie de Rabelais, c'est le premier coctail organisé par la Région sur son stand, là encore on se congratule entre soi, on picore et on picole et on guette
l'Adjoint à la Culture (metteur en scène de ces événements en direction de "l'Homofestivus" jamais rassasié) qui s'approche alors que le Directeur de l'Opéra (actuellement en disgrâce) s'éloigne
et presse le pas vers l'Opéra Berlioz.
Sur les stands, la foule est compacte et même en bout d'Esplanade au Stand officiel de l'Algérie.. au fait il est où le Président ? Disparu, congelé ironise notre
prix Goncourt, entre les mains des militaires français du Val de Grâce, un comble pour un cadre du FLN...!
M.Louis Abbadie, le patriarche et la mémoire des anciens se
souvient et est le seul à pouvoir renseigner des rapatriés sur des monuments, des tableaux, des photographies à partir de ses propres souvenirs...
On cherchera vainement dans ces lieux d'intense échanges intellectuels et politiques,un hijab ou des groupes issus de l'émigration qui fleurissent d'habitude sur
les bords du Lez, à la Mosson ou à la Paillade renommés pudiquement "les quartiers nords".Ils ont eu leurs "Arabesques", leur "ZAT" et leurs élus ne les ont pas oubliés...Pourtant
un débat sur l'Algérie à Pétrarque retrace une histoire pas si lointaine de 1830 à 1960 et l'on évoque pas seulement l'avenir du Maghreb (Tunisie,
Algérie, Maroc) mais des pays arabes tout entier et même, par la voix de Medeb,le rôle éminent des pétrodollars du Qatar et des Emirats mais aussi, ce qui est lié, l'avenir de l'Islam en ou
de France.(cf article suivant sur l'exposé magistral sur le Soufisme et ses influences dans la littérature et les cultures occidentales)
A Rabelais : Ecritures amoureuses: lyrisme et sensualité dans le roman maghrébin avec Waciny Laredj tout chapeauté qui évoque le bovarisme face à une
étincelante et provocante Ahlam Mosteghanemi qui édite chez Albin Michel et est largement reconnue dans les pays arabes avec son "Chaos des sens" ou "mémoire de la chair" en attendant son
prochain livre: "le noir te va si bien". mais parmi l'assistance féminine très attentive et réactive, un seul voile aujourd'hui.
Quand Habib Selmi évoque "la prairie parfumée" (Ed Phébus) , version du
kamasoutra arabe écrite par un sheikh ou cadi du XVIIè, la salle se redresse et veut en savoir plus: s'agit-il d'un manuel de séduction, d'édcation
sexcuelle ou de dressage de la femme... ? Au premier rang, le spectateur qui jusque là dormait ou feignait de dormir, se redresse... Etait-ce un agent du Consulat d'Algérie chargé de faire son
rapport... ? On ne le saura jamais...
* Des tensions dans la co-programmation 2013 de la Comédie du Livre:
Il est difficile de se procurer le courrier à l’origine du remue-ménage qui agite, tant d’un côté que de l’autre, la mairie et l’association Coeur de livres. Mais l’information est confirmée
par l’adjoint à la culture : Etienne
Cunéant, le président de l’association qui assure la co-programmation de la Comédie du livre depuis 2011, vient de démissionner. La raison de ce mouvement d’humeur
semble être un conflit entre les deux entités concernant la liberté d’action de chacun.
Dans le cadre de sa mission de co-programmation, l’association représente les douze libraires indépendants de Montpellier, dont le géant Sauramps. L’association joue donc le rôle d’interface entre la mairie et les libraires.
L’annonce il y a quelques temps, par Hélène Mandroux, d’inviter les pays du Maghreb, déplaît doublement à Coeur de livres. Etienne Cunéant, dans son courrier adressé au
maire, fait part de possibles dérives politiques dans ce choix, comme le relatait Midi Libre d’hier : « Elle [la programmation, ndlr] intervient sur trois pays qui n’ont pas la même
stabilité puisque la Tunisie n’a pas de Constitution à l’heure actuelle et son devenir, s’il est encourageant pour les uns, est jugé plus qu’incertain par d’autres. »
Autre point d’achoppement dans le choix de la Ville, selon Etienne Cunéant, la période : « A un an des élections municipales, le choix des pays invités peut être interprété comme
politique. La vocation strictement littéraire de notre association ne peut donc y souscrire, précisément pour 2013 ! »
Manque de concertation pour les uns, situation normale pour les autres, Philippe Saurel, l’adjoint à la culture répond que depuis que la Comédie du livre invite des pays étrangers, « c’est toujours la Ville qui les
a choisis. » Et d’ajouter « qu’au delà du rôle d’interface joué par Coeur de livres, il est normal que ce soit la Ville qui choisisse, puisque c’est elle finance la
manifestation. »
Un nouveau coup de Trafalgar pour Coeur de livres qui avait été accusée, en avril dernier, de favoriser le monopole de Sauramps dans l’accueil des pays invités.
L’adjoint à la culture semble vouloir mettre bon ordre à
cette situation et s’interroge sur le manque de représentant élu dans le bureau de l’association, « comme c’est le cas pour toutes celles qui travaillent pour une collectivité :
Montpellier danse, Radio France ou encore l’Orchestre
national de Montpellier. »