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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 23:09

Ce Lundi 9 juillet 2012 c'est l'ouverture du Festival Radio France à Montpellier.Festival-Radio-france1.jpgA 18h j'arrive donc en nage au Corum pour le récital de piano de Jean Efflam Bavouzet dans la Sonate n°3 de Haydn.. Déjà complet puisque gratuit, et on me parque dans une salle vide mais climatisée où le même Bavouzet est déjà en scène sur un écran géant . Quitte à voir du classique je préfère Mezzo et sors aussitôt.

A quelques pas sur le Cours, le Musée Fabre et sa Cour Vien où Arnaud Merlin reçois en anglais ses invités en direct. Je connais déjà la formule pour l'avoir vécue à Nantes aux Folles Journées et à La Roque d'Anthéron à Florans, bref je m'insinue et là au son du Quatuor Zemplinsky puis de la jeune violoniste bulgare Liya Petrova, on y croise le tout France Musique (harnaché du fameux sésame et dûment badgé) et les têtes parisiennes connues qui hantent les festivals de province avec cet air supérieur et même le Président de Radio France Jean Luc Hess accroché à son Smartphone qui surveille les nominations au Ministère de la Culture et au CSA.Jean-Luc-Hees.jpg

19h, juste le temps de changer de tenue pour rejoindre le Concert d'Ouverture au Corum et bien sûr pour écouter l'Orchestre National de France et la star du jour  Renaud Capuçon dans le Concerto pour violon et orchestre de Brahms. Renaud_Capucon_repetition.jpg

Le jeune chef David Afkham  catalyse ses musiciens et fait sonner cet orchestre prestigieux.

Jean Paul Scarpitta est là aussi, seul dans sa travéejeanpaul_scarpitta1-362x442.jpg car le carré du parterre est occupé par les officiels de Radio France et leurs dames, sourires cripsés, chacun s'épie et n'est pas prêt à me laisser son fauteuil durement acquis, puisque "réservé"...

A l'entracte le "tout" Montpellier est là et ce n'est pas peu dire, on se précipite au Bar pour son verre de champagne à 6 Euros et l'on vient s'asseoir et se toiser. Pousse-toi que je m'y mette : ma voisine parfumée et baguée finit par obtenir ce qu'elle veut et me faire partir du canapé.Ah mais, on est du même monde ou alors on éjecte. La bourgeoisie reconstituée me fait penser à cette nouvelle aristocratie qui s'est emparée du lieu, contrairement à la délicieuse Comédie XVIIIè rénovée qui avait ouvert tout grand  ses portes pour la Fête de la Musique et une toute autre atmosphère, puisque le peuple était invité à écouter "ses" musiciens de l'Orchestre de Montpellier..

Après une Symphonie très beethovénienne et parfois aux accents wagnériens de Lohengrin, la salle se ventile comme elle peut car il y fait une chaleur étouffante et ces dames suffoquent.

Je sors vers 22h et rejoins les artères animées de l'Ecusson et hasard, un duos de charmantes violonistes s'exécute place St Roch avec un talent digne des solistes du grand orchestre sans doute des étudiantes du Conservatoire, mais le son sonnait juste et beau..

Plus loin c'était la place St Anne et sa fête cubaine qui battait son plein mais point des petits messieurs de France Musique déjà invités à des agapes qui vont se succéder au rythme des soirées de la Région, de l'Agglo puis de la Mairie..Ici on a pas perdu la main côté traiteurs et vins du Languedoc, il suffit de compter les camions qui s'alignent chaque semaine aux flancs de l'Hôtel de Région et d'y dénombrer les restes des buffets...  .

Le Festival s'annonce donc plutôt bien, mais j'attends surtout le séduisant et presque cabotin David Fray, les Noces du contesté Scarpitta  bien mal en point et qui ont subi une grève du personnel (il y a les nostalgiques du surintendant à la Musique feu Rene-Koering.jpg un ancien de France Musique qui s'est fait lourder contre la modique somme de 500 M d'Euros de dédomagement parce qu'il le valait bien..Lire la gazette et son interview justificative)

Alors bonne chance pour ce Festival en Languedoc Roussillon et gageons que le millier de personnes qui dansaient Place sainte Anne ce soir sauront apprécier les Comédies Musicales américaines offertes Place de l'Europe le 27 juillet et peut-être David Fray ou Fazil Say....

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 16:49

A l'invitation de la Société Louise Michel de Montpellier, Philippe CORCUFF maître de conférences à l'IEP de Lyon et chercheur au centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS Paris Descartes CNRS) membre du Conseil scientifique d'ATTAC France est venu ce Mercredi 20 juin 2012 à l'Espace Jacques 1er d'Aragon de Montpellier présenter son dernier livre :

  corcuff-31-01-2008c.jpg

Où est passé la critique sociale ?

Penser le global au croisement des savoirs (Editions de la Découverte)
Double actualité puisqu'il était aussi l'invité la même semaine de France Culture dans la Suite dans les idées du 16 juin sur le même thème.
La Société Louise Michel comme l'a rappelé Anne Freiss en ouverture s'est créée dans le sillage des travaux de Daniel Bensaid théoricien de la LCR dont on connaît les idées militantes (souvent convoqué jadis dans les émissions de Daniel Mermet) dans le cadre d'une remise en cause du système néo libéral par des analyses tournées vers le monde universitaire, les militants, syndicalistes et le mouvement associatif.
les réunions de cetrte Société montpéliéraine ont lieu généralementdans la Brasserie du Dôme.
Contacts: rabadantoine1@gmail.com (Professeur d'Espagnol) ; gille-marquet@orange.fr (Economiste) ; anne-gille.freiss@sfr.fr  (Militante associative)
J'ai fait remarqué aux organisateurs que la "Maison des Sciences de l'Homme Ange Guépin" à l'Université de Nantes travaillait dans le même sens et avec les mêmes problématiques mais ici, on est à Montpellier et peu enclins à regarder vers le septentrion... !
La tonalité libertaire est clairement affichée dans l'après éléction avec ce slogan: que faire de la victoire de la gauche ? Laquelle gauche jugée par Corcuff "en état de mort cérébrale": bien dit.. mais encore...?
Il s'explique, la gauche est sur des rails de pensée automatique mais n'opère pas de véritable travail intellectuel solide. Il y a les légitimistes et les misérabilistes.
Les références des travaux de Corcuff sont connues: Foucault, Rancière, Bourdieu dans des dialogues parasités et des rendez-vous manqués entre la sociologie et la philosophie.
Judith Butler ou Jean Claude Michéa mais aussi en remontant dans l'histoire des sciences sociales: Joseph Proudhon et Karl Marx
On aime entendre aussi des référenecs au travail de Sandra Laugier qui à partir de l'analyse d'une chanson de Michel Jonasz, "les vacances au bord de la mer" démonte le mécanisme dominants/dominés.
Corcuff cite aussi des Revues comme la Revue des livres, Réfraction, Ecorêve qui cependant restent à son avis trop détachées du terrain militant.
Dans ses expertises au sein d'Attac sur la machine néolibérale il montre comment la pensée technocratique ne débat que partiellement et va même jusqu'à la qualifier de "a-pensée non réfléchie"
La gauche de la gauche a contre réagi à travers les groupes comme Copernic ou Attac mais eux aussi frappés de mort cérébrale à travers l'équipe du Monde Diplo ou des mélanchonades qui sussurent un vague discours sur le "méchant néo-libéralisme, enrobé de marxisme rance".
Quant à la déploration du PS elle est empreinte de rancoeur ou d'indignation.
En 1990 dans la Revue "Contre temps" Daniel Bensaïd et la LCR et plus tard le NPA ont essayé de réagir mais la mort de Daniel Bensaïd a laissé un vide comblé par sdes variantes des chants de la "mélancolie de la critique sociale" depuis 2 siècles à travers l'altermondialisme, les Indignados d'Espagne, les Anonymous ou l'Occupy wall Street aux USA. 
critique-sociale.jpg
Corcuff revient alors sur une définition de la CRITIQUE SOCIALE née de l'émancipation des Lumières au XVIIIè siècle avec en 1784 une sortie de l'état de tutelle et une sortie des dominations avec Kant. L'émancipation politique avec la naissance de l'Etat Nation et une ouverture vers l'Universalisme.
Puis au XIXè ce sera l'émancipation socialiste puis communiste et enfin anarchiste.
Au XXIè siècle on assiste à "l'inertie des automatismes de pensée du PS sur ses rails de la légitimité des savoirs savants face aux savoirs ordinaires"
Il est urgent de revoir les logiciels de pensée, de reformuler les méthodologies et de revoir la tyauterie conceptuelle. Il faut sortir du mécanisme des contenus et des contre-propositions.
Pour cela, Corcuff va articuler sa conférences en trois parties:
1 - Secouer les automatismes
2 - Questions sur les émancipations
3 - Qu'est-ce qu'une critique libertaire de l'Etat ?
___________________________________________________________________________________________
I - Philippe Corcuff entreprend alors méthodiquement de lister les logiciels automatiques en vigueur :
1 - le conspirationisme (dans la foulée de Septembre 2001, l'affaire DSK, la chasse à Ben Laden...) la parano et la théorie du complot à gauche comme à droite devient l'idéologie dominante et a été très bien analysée par Luc Boltanski.Certains l'ont qualifié de "trame narrative aux effets explicatifs" à l'instar de "la servitude volontaire" de la Boétie.
2 - l'automatisme essentialiste qui empêche la pensée critique. (Wittgenstein parle d'une "recherche d'une substance qui recherche son substantif":
Exemples: le sarkozysme, le chavisme, demain le hollandisme..;  dans un constant désir de généralisation abusive au détriment des cas particuliers.
Exemple de l'Amour qui renvoie aux essences de l'amour (la passion  le platonique, le sexuel etc...)
On assiste à une tyranie du langage "un préjugé auquel tout doit se conformer". Je fais la critique de "mon" essentialisme contre les autres dans une dualité permanente et tyranique : Chavez/Amérique; Islam/sionisme ; Capitalisme/Communisme...
3 - Le présentisme et son vis à vis nostalgique.
A propos du "présentisme", néologisme, François Hartog évoque le rapport au temps présent qui est la référence montante déconnectée du passé et du futur dans une spirale infernale de consommation de l'événement ( l'Actualité, le scoop, les sondages, le tweet, le buzz.... )
Aujourd'hui "on mange le passé par les commémorations" incessantes et quotidiennes (Camus, Jeanne d'Arc...)
Face au "présentisme" on a la "nostalgie" d'un passé fantasmé à la manière d'Alain Finkielkraut qui s'en défend. On est dans la contemplation d'un passé mystifié. Walter Benjamin parlait de "mélancolie ouverte sur l'avenir mais qui se coltine le présent."
4 - l'automatisme collectif :
Faute de l'individualisme qui fait perdre le sens du collectif, il faut revenir à la solidarité entre les individus. On a souvent caricaturé la droite qui place l'individu au centre duu néo libéralisme et la gauche le collectivisme à travers son apendice syndical.
Déjà en 1914-18, le thème collectiviste était prédominant au détrimpent de l'individualisme qui avait prévalu jusqu'alors depuis la Révolution française et dans les avatars du Romantisme.
Corcuff cite alors quelques figures comme Fernand Peloutier et Emile Pouget qui prônent l'autonomie individuelle ou les militants d'Action Directe de 1910 qui prônent l'exaltation de l'individu. Puis c'ets jaurès et son socialisme républicain et Marx qui dès 1844 peut être qualifié de "penseur individualiste" quand il parle de "l'émancipation sensualiste de l'individu". L'être s'oppose radicalement à l'avoir que préconise le capitalisme et pour cela il faut lui opposer entraide par la solidarité et la coopération.
__________________________________________________________________________________________
II - Repenser l'émancipation aujourd'hui.
1 - la pluralité humaine et le commun (Hannah Arendt)
2 - l'Expérimentation à travers la mutualité
3 - Revenir aux trois fondamentaux : Le syndicat/ le Parlement/ le Coopératif de Jaurès 
Il faut "créer un espace commun sans écraser l'individu" tel était le slogan de la fédération anarchiste de Joseph Proudhon.
La mythologie du "grand soir a échoué (cf.échec électoral de Mélanchon, et du NPA..)
On a vécu dans le slogan du "Ici et Maintenant" de 1972 à 1981.
Comment bâtir une autre société ? Par des expériences, des essais, des erreurs, des rectifications.
Il faut s'inspirer de la philosophie pragmatique de John Dewey (1927) republié à la NRF: "Expérience et nature"
Il faut aussi s'attaquer à l'hégémonie du langage politique actuel qui est un vocabulaire machiste et viriliste car la politique est un combat et un rapport de force.
Explorer, expérimenter et surtout métisser le langage et le vocabulaire des rapports de force pour plus de fragilité et féminiser le langage.
___________________________________________________________________________________________
III  Critique libertaire de l'Etat
Le processus de monopolisation des pouvoirs mis en évidence par Max Weber et Pierre Bourdieu.
Sur ce thème les anarchistes étaient plus prudents que les communistes.
1970 : Etat bureaucratique oppressif.
1980: Robert Castel constate que "l'Etat a  fourni des supports sociaux à l'autonomie des individus" la propriété peut offrir un espace de protection face aux aléas de la vie.
2012: Luc Boltanski dans "De la Critique" précis de sociologie de l'émancipation  reconnaît "assumer l'ambivalence face aux Institutions"
1984: Pierre Bourdieu soutient ce propos apparemment contradictoire  "Il faut toujours risquer l'aliénation politique pour échapper à l'aliénation politique"

Conclusion:
"Comment envisager des institutions publiques qui ne soient pas l'Etat tel que nous le connaissons aujourd'hui ?"
 "Revenir à un anarchisme institutionnel et pragmatique tel est le défi de l'avenir pour repenser la critique sociale".
 Notes prises par Patrick CHEVREL (Montpellier)

Notes 1 - Il vient d’éditer (mars 2011) un “B.a.-ba philosophique de la politique pour ceux qui ne sont ni énarques, ni politiciens, ni patrons, ni journalistes” (éditions Textuel, collection “Petite encyclopédie critique”, mars 2011) qui sera en vente sur place.

Notes 2 Prises de tête pour un autre monde: Philippe Corcuff Textuel, 2004 - 207 pages
La pensée de Philippe Corcuff s'adresse avec humour et justesse à tous ceux qui cherchent une voie politique radicalement à gauche, mais en évitant aussi bien les mollesses de la gauche officielle que les gesticulations gauchistes. Elle participe aux tâtonnements de la nouvelle galaxie altermondialiste. S'affirmant " social-démocrate libertaire ", l'auteur revendique le droit à l'hésitation, " à la différence des maîtres-penseurs sûrs d'eux ". Face aux simplismes médiatiques, il propose un regard décalé sur l'actualité.
Ces textes sont des chroniques parues dans Charlie Hebdo ou d'autres interventions de presse. Elles sont accompagnées de l'ironie tendre des dessins de Charb, tous inédits.
De quoi procèdent ces " vues de biais " sur l'actualité ? D'un regard critique, distancié, nourri d'une double tradition philosophique et sociologique.

Une réflexion et pas seulement un combat " contre " ou la répétition mécanique de slogans fermés sur eux-mêmes : d'où ces véritables " prises de tête ".
" Car le monde est compliqué. Ceux qui nous disent que les choses sont simples mentent. "
Notes 3 : France Culture: 

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 13:19

Compte rendu de l’entretien d’Antoine Perraud avec Xavier Combe sur France-Culture le 26/02/12 12h-12h30 dans l’émission Tire ta langue à propos de l’ouvrage de ce dernier : « 11+1 propositions pour défendre le français »


Xavier Combe est traducteur simultané pour France-Inter et France-Culture, interprète de conférences et membre fondateur de l’association AFICI (Association française des interprètes de conférences indépendants). Par sa profession, il vit de l’intérieur l’appauvrissement langagier planétaire et bien sûr français au profit d’une langue véhiculaire de l’économie mondialisée, le globish dont nos contemporains s’emparent peu à peu, alors que ce langage a davantage le statut de compétence que de langue véritable. Ce recours à la facilité a été illustré récemment sous la plume de journalistes qui, le 1°juillet 2011, annonçaient que DSK venait d’être «  libéré sur-parole », traduction qui n’est que le calque, le mot à mot de l’expression « to be release on parole », et déforme complètement le sens véritable qui est : « DSK vient d’être mis sous contrôle judiciaire »…

Dans son ouvrage, Xavier.Combe propose 11 solutions +1 et dans l’un de ses 12 points, il souligne le rôle de l’éducation : on devrait enseigner en primaire une langue plus difficile que l’anglais comme l’espagnol ou l’allemand et aborder l’anglais en 6°.

Il dénonce la contamination de la langue, qui signifie, et il faut bien en prendre conscience, une contamination sur le français d’un modèle non seulement économique mais aussi culturel et idéologique. Mais, défense et valorisation de la langue sont encore possibles. Il ne serait déjà que d’exiger le respect de la loi Toubon de 1994 (son 12° point), loi votée et promulguée puis brocardée et oubliée.

Il préconise aussi la création d’un Comité public populaire visant à la valorisation du français, un comité animé par les usagers eux-mêmes, un comité citoyen dynamique et efficace pour participer par internet et désigner par exemple d’un terme français nouveau une découverte dans le domaine technique, économique venue d’outre atlantique.

Les Québécois sont infiniment plus réactifs que nous à cet égard, les exemples tels que «  remue-méninges » pour « brain storming » et « courriel » pour « e-mail » le prouvent.

Ces constats désolants sont déjà dénoncés vigoureusement par notre association COURRIEL, entité luttant pour la défense du français, dont le combat est quotidien et que Xavier Combe cite d’ailleurs dans son ouvrage.
Par ailleurs, il fait référence au Prix d’Infamie de la Carpette anglaise, sorte de bonnet d’âne décerné chaque année à une personnalité publique française préconisant l’usage de l’anglais en lieu et place du français dans notre pays. Il se trouve que l’association COURRIEL a montré à cette occasion sa vigilance et sa réactivité puisqu’un membre de son bureau faisait justement partie du jury 2012, circonstance dont l’association fait part sur l’un de ses deux sites dont je me permets de rappeler  les coordonnées:
 http://www.courriel-languefrancaise.org/index.php
http://www.defenselanguefrancaise.org/

http://www.langue-francaise.org/Articles_Dossiers/Carpette_historique.php

Simone Bosveuil

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 12:51

Faut-il avoir peur du populisme avec Laurent Bouvet et JP Legoff
Depuis la fin des années 60 et l'entrée dans l'ère du vide des années 80 nous sommes rentrés dans une société des individus c'est à dire pour reprendre la définition de Norbert Elias, "une société née de multiples projets mais sans projets, animée par de multiples finalités mais sans finalités", or voici que le peuple revient en force sinon dans les faits du moins dans le vocabulaire politique.

Les candidats à l'élection présidentielle ne parlent que du peuple et au peuple. Le peuple contre les élites, le peuple contre les riches, le peuple qu'il faut protéger de la mondialisation et/ou de l'immigration . et le candidat centriste François Bayrou va même jusqu'à déclarer dans l'un de ses meetings: "Je viens de  prononcer devant vous le mot de peuple c'est un mot qui parait-il est suspect, je trouve que c'est un symptôme de la dégradation de l'esprit public que dans notre temps, l'injure suprême dans le monde politique ce soit devenu "populisme".Que du mot de peuple,du grand mot de peuple, on forme un qualificatif qui est une injure c'est révélateur de la manière de la manière de ceux qui se croient les élites regardent ceux qu'ils croient être le peuple".
Que signifie le grand retour du peuple dans la France de 2012 ?

Le populisme a été stigmatisé avec le "non" au référendum du Traité européen ce qui a empêché de prendre du recul sur ce qu'il signifiait pour essayer de le comprendre avant de le juger.
Définitions du peuple:
Sans parler du "genos" ou "ethnos" ou "laïos" (la foule) des Grecs, le peuple "demos"au sens politique revêt dès le début une ambiguïté : c'est le tout légitimant de l'ordre de la cité, le bon peuple, celui sur qui on fait reposer cet ordre et en même temps le mauvais peuple,la partie, c'ets à dire le bas peuple,les pauvres sont toujours les plus nombreux nous dit Aristote,et c'ets le peuple remuant celui qui met à bas le peuple de la Cité lorsqu'il est mécontent et qui conduit les dirigeants à la démagogie, à vouloir plaire au peuple. On va retrouver cette ambiguïté à l'âge démocratique moderne avec le peuple souverain et les trois figures de peuple qu'on peut identifier et qui se démarquent avec cette année pivot de 1848:
1. le peuple démocratique du suffrage universel, de l'égalité devant la politique.
2. Le peuple social qui commence à émerger avec la révolution industrielle, le peuple de l'égalité, celui qui revendique dans la production économique, le rapport de force avec le capital.
3. le peuple national,qui se constitue selon l'Europe des nationalités sur un projet civique à la française,ou une nation organique à l'allemande.
Ces peuples du XIXè sont touchés par les guerres du XXè siècle et les totalitarismes qui sont l'exacerbation du peuple dans la classe, le communisme sous la forme stalinienne et l'exacerbation du peuple dans la race sous le nazisme ce qui va conduire après 1945 à un fort individualisme malgré les dispositifs protecteurs comme la sécurité sociale. Le peuple va mourir progressivement avec le souvenir du totalitarisme dont il a été l'un des objets.bouvet.jpg
Quand les candidats de tous bords, de droite comme du gauche et même du centre en appellent au peuple, à quel peuple s'adressent-t-ils ?
A tous et c'est cette indétermination qui fait la force de cette interpellation et en même temps toute sa faiblesse. Qu'est-ce que le peuple réduit aux catégories populaires ? les employés et les ouvriers tels que les ont catégorisés par l'INSEE soit plus de la moitié de la population active aujourd'hui, très hétérogènes et sans intérêts communs auxquels il faut ajouter les retraités qui ont fait gagner Sarkozy en 2007 enfin les jeunes des catégories populaires qui ne sont pas encore dans la vie active.
Si ce peuple démocratique s'abstient, la gauche rique de remporter cette élection alors que si le peuple se mobilise sous la forme des catégories populaires, la gauche perd les référendums pour lequels le PS avait demandé de voter oui en 2002 et 2005..D'où l'enjeu social et démocratique actuel. "La gauche sans le peuple" après Mai 68 selon le titre d'Eric Conan (1970)s'est coupée de ses bases traditionnelles en donnant des leçons de  morale aux couches populaires qui avaient mal voté.
Pour ne pas s'adresser aux Noirs de France,candidats de la diversité aux patronymes qui ne sonnent pas français,et sur des femmes,dans quel univers mental la gauche est-elle passée par rapport à la dimension républicaine. ? Comment dépasse-t-on ces segmentations ? Essentiellement par une articulation entre un passé qui est lié à une histoire collective de la Nation ouverte (on peut en discuter) et un projet d'avenir qui dépasse les aspirations propres à ces couches.Sarkozy a tenté de renouer à travers un roman national à travers l'articulation de la France et del'Europe mais ce qui manque à cette campagne c'est la réinsertion de ces différentes dimensions éconoomiques de satisfaction de ces différentes catégories dans  un récit historique qui donne un sens à tout cela et qui dépasse les catégories qu'ils soient jeunes, vieux, Noirs Arabes etc..
Encore faut-il aimer cette histoire et que nous nous projetions ensemble vers l'avenir.
Rapport très discutable d'une fraction du PS,du "think tank "Terra Nova" (Mai 2011) deux erreurs sur les catégorisations artificielles, et sur les banlieues abstentionnistes(ZUS: Zones urbaines sensibles) coupées du territoire et de la gauche bobo et des zones périurbaines lepénistes.                   

Hégémonie des analyses rassurantes économico sociales de la gauche et grande difficulté à penser la dimension anthropologico culturelle et donc identitaire.

Entre l'identité substantielle et la fuite en avant, choisissez votre camp.Legoff.GIF
Comment les politiques s'emparent du débat sur l'Islam ? Il faut laisser le débat intellectuel qui doit demeurer libre, il n'y a pas de question taboue.On assiste à une gauche qui empêche le libre débat, confrontation argument sur argument pour immédiatement pratiquer le chantage, vous êtes dans un camp.depusi 1980, la gauche morale l'a emporté sur la gauche sociale, et elle a cadenassé le débat intellectuel et les débats refoulés reviennent par la fenêtre, avec des associations qui sont devenues la police de la parole et il faut s'interroger sur un certain nombre d'associations qui ont pour fonction de surveiller la parole et porter plainte. La gauche bête et moralisante va s'engouffrer dans les débats du Front National en creusant le fossé avec les classes populaires et les hameçons lancés par la droite ont marché.
Marine Lepen a séparé au nom de la Laîcité,les bonnes minorités de l'Islam des mauvaises ainsi que des bonne minorités homsexuels ou Juifs attaqués dans les quartiers, et la gauche est restée dépourvue devant ce discours car elle protège toutes les minorités.

Laurent Bouvet, professeur de science politique à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et enseignant à Sciences Po ParisAuteur de :"Le sens du peuple : la gauche, la démocratie et le populisme"
Jean-Pierre Le Goff, sociologue, auteur "La gauche à l'épreuve : 1968-2011
Lire : Pierre-André Taguieff   "Le nouveau national-populisme"

http://www.franceculture.fr/emission-repliques-faut-il-avoir-peur-du-populisme-2012-03-17

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 19:47

CAMUS objet de condescendance:
Jean Paul Sartre : " J'aurais au moins ceci de commun avec Hegel que vous ne nous aurez lu ni l'un ni l'autre, mais quelle manie vous avez de ne pas aller aux sources "
Jean Jacques Brochier : "raillant la morale de croix rouge d'un philosophe pour classes terminales"
Pierre Bourdieu:" Que l'on pense seulement au camus de l'homme révolté, ce bréviaire de philosophie édifiante sans autre unité que le vague à l'âme égotiste qui sied aux adolescences hypokagneuses et qui assure à tout coup une réputation de belle âme, cette période semble bel et bien révolue"
Après Maurice Weyembergh, qui a publié Albert Camus ou la mémoire des origines, voici "L'ordre libertaire: la vie philosophique d'Albert Camus" par Michel ONFRAY

.Albert Camus écrivait en 1953 dans ses Carnets: "Je demande une seule chose, et je la demande humblement, bien que je sache qu'elle est exorbitante : être lu avec attention." Pour lui rendre justice, croiser sa pensée et son existence, saluer une vie philosophique exemplaire, j'ai souhaité écrire ce livre après l'avoir lu avec attention. Michel Onfray Pour mettre fin à une légende fabriquée de toutes pièces par Sartre et les siens, celle d'un Camus "philosophe pour classes terminales", d'un homme de gauche tiède, d'un penseur des petits Blancs pendant la guerre d'Algérie, Michel Onfray nous invite à la rencontre d'une oeuvre et d'un destin exceptionnels. Né à Alger, Albert Camus a appris la philosophie en même temps qu'il découvrait un monde auquel il est resté fidèle toute sa vie, celui des pauvres, des humiliés, des victimes. Celui de son père, ouvrier agricole mort à la guerre, celui de sa mère, femme de ménage morte aux mots mais modèle de vertu méditerranéenne : droiture, courage, sens de l'honneur, modestie, dignité.

La vie philosophique d'Albert Camus, qui fut hédoniste, libertaire, anarchiste, anticolonialiste et viscéralement hostile à tous les totalitarismes, illustre de bout en bout cette morale solaire. (Flammarion)
Voici venu le temps de la réhabilitation philosophique et politique de l'auteur de "l'homme révolté" en le qualifiant de "nietzchéen de gauche".1628446_6_ae80_couverture-de-l-ouvrage-de-michel-onfray.jpg
 Michel ONFRAY :
 Qu'est-ce qu'être nietzchéen ? qu'estce que ne pas être nietzchéen ? Qu'est-ce qu'être de gauche ?

Il y a un compagnonage entre Nietzche et Camus du début dans Sud la revue de Roger Grenier son prof de philo à la fin.Camus écrit un texte sur "Nietzche, Shopenhauer et la musique" qui console. Il a lu Daniel Halévy. Ensuite les citations d'Inactuel de Nietzche en prologue à Actuel -chroniques journalistiques de Camus sont un clin d'oeil direct (*). Il possède une photo de Nietzche dans son appartement et lorsqu'il meurt dans un accidnet de voiture il possède dans son cartable un manuscrit du "Premier homme" et un exemplaire du "gai savoir".
* Il y a deux façons d'aborder Nietzche chez Camus, celui d'avant la guerre dans "Noces" six pages d'exercice de style nietzchéen où on s'expérimente comme un fragment du cosmos, on conçoit qu'il n'y a pas l'homme et le monde séparés, mais l'homme dans le monde et c'ets un exercice de natation qui lui permet de montrer la grande adhésion au monde.
Comment peut-on être nietzchéen après Auschwitz, les facsismes  et la libération des camps: on ne peut pas dire oui à tout.Il y aura toujours un Hitler, un de Gaulle et une shoah, ça se répétera éternellement nous dit Nietzsche dans le gai savoir alors que Camus dit non: on doit dire oui à ce que qui dit oui à la vie,et non à ce qui dit non à la vie et c'est l'Homme révolté.Son nietzchéisme n'est pas intégriste et il passe à autre chose c'est à dire un nietzchéisme de gauche.On ne peut pas consentir au monde tel qu'il est , il y a des choses insupportables,on ne peut pas supporter l'insupportable et il est de gauche mais pas comme Sartre qui se considérait marxiste parce que c'était l'horizon indépassable à cette époque là et Camus dit non, on peut être un socialiste libertaire on peut aller voir du côté de Proudhon plutôt que Marx avec un socialisme humaniste, de la liberté, de la justice et non pas un socialisme césarien, un socialisme des barbelés.ce socialisme libertaire a été maîtrisé par sarte qui nous a dit que ça n'en n'était pas un.        
"Il vaut mieux périr que haïr et craindre,il vaut mieux périr de foi que se faire haîr et redouter, telle devra être un jour la suprême maxime de toute société organisée politiquement
La lecture de la mort heureuse est une lecture nietzchéenne et il y a une violence chez le premier Camus de la jeunesse qu'il va ensuite tempérer après la guerre , la résistance et les camps et il dit "Il y a chez Nietzche de quoi corriger Nietzsche." et c'est ce qu'il va faire dans sa deuxième période, dans "l'homme révolté" qui est un commentaire de Nietzche. Il conservera tout de même le Nietzche artiste dans le Discours de Suède. Camus dit dans l'homme révolté que l'adhésion forcenée à tout de Nietzche n'est plus recevable et il refuse le thème du Sur homme quel qu'en soit le contenu.
Chez Camus la révolte est dans l'homme,dans le refus d'être traité comme une chose,et d'être réduit à la simple histoire. Elle est l'affirmation d'une nature commune à tous les hommes.L'homme dans sa révolte pose une limite à l'histoire et il le met en délicatesse avec toute idée selon laquelle l'humanité serait à construire qu'elle soit marxiste ou nietzchéenne.
"Amor fati" aime ton destin a été reprise par le marxisme léninisme via Hegel selon laquelle l'histoire se réalise selon l'idée du  concept et de l'idée et donc il sufirait d'accepter ce que l'Histoire nous propose y compris sous forme de camps,et de goulags, de police et de socialisme des barbelés,il faut souscrire à cela et Camus nous dit non, on doit pouvoir vouloir autre chose dans l'histoire, qui n'est pas écrite selon une dialectique aveugle,on doit pouvoir manifester son vouloir dans l'Histoire.On ne peut pas accepter l'idée du surhomme car l'homme authentique existe déjà. Camus est un penseur de la limite, de la mesure car il voit chez Nietzche une pensée de la démesure incarnée par la bomme atomique; l'essentiel de Camus se trouve hors de l'horizon nietzchéen. Il n'y a pas de plus grande histoire d'amour que celle de Camus et l'Algérie mais pour St Germain des Prés, l'Algérie c'est la province.Dans la mesure, Camus défend un rapport simple au monde, une lecture directe du réel, les civilisations ont mis la culture entre la réalité et le monde, il oppose Tipaza à Florence, il découvre la lecture et l'Algérie au travers de modèes grecs. Dans les mots Sartre émet un adieu à la littérature dans laquelle il était enfermé dans une sorte de névrose, il veut aller vers une réalité plus concrète que la culture elle même  alors que dans "le premier homme" doit sa tête à M. Germain qui l'a fait entrer dans le monde et grâce à qui il a pu rendre hommage aux muets, à la famille analphabète dont il vient car il a reçu la culture qui lui a permis de le faire. Il y a donc chez Camus un rapport de gratitude à l'égard de la culture mais pas de religion du livre qui le différencie de Sartre un bourgeois.
 Il découvre dans "la Douleur" d'André de Richaud ou "les Croix de bois" de Dorgelès sa propre histoire ou elle de son père mort au front.Les livres ne sont pas des fins en soi, il n'est pas dans la religion du livre mais dans le culte en espérant faire accéder le plus grand nombre à la culture.Il a en même temps une méfiance de la culture par amour de la culture quand il voit ce que St Germain intellectualiste en a fait.
 Dans la préface des "Iles" de Jean Grenier, Camus dit : "parmi les demi vérités dont s'enchante notre société intellectuelle figure celle ci excitante que chacque conscience veut la mort de l'autre aussitôt nous voilà tous maîtres et esclaves voués à nous entretuer mais le mot maître a un autre sens qui l'oppose seulement aux disciples dans une autre relation de respect et de gratitude, il ne s'agit plus alors d'une lutte des consciences mais d'un dialogue qui ne s'éteint plus dès qu'il a commencé et qui comble certaines vies". Voilà aussi ce que Camus a retiré de sa fréquentation des livres et surtout des intercesseurs qui lui ont permis d'accéder au royaume de la culture et par là d'avoir une meilleure compréhension du monde et de l'existence.
La lecture des rapports maîtres/esclaves chez Hegel a produit des effets désastreux chez les sartriens, chez Jeanson,l'idée que dans toute intersubjectivité il n'y a que du désir de mettre à mort est une catastrophe.
dans la Peste au contraire, Camus prône une amitié solidarité antifasciste dans la résistance.
Camus nietzchéen de gauche: pourquoi vouloir ancrer Camus à ce point à gauche ?
réponse à Francis Jeanson sur son article critique : Albert Camus ou l'âme révoltée:(âme entendez belle âme avec une connotation  dépréciative)
"On ne décide pas de la vérité d'une pensée selon qu'elle est à droite ou à gauche,et encore moins selon ce que la gauche ou la droite décident d'en faire, si enfin la vérité me paraissait à droite, j'y serais".
Autrement dit Camus nous explique dans ce moment de grand terrorisme intellectuel que ce n'est pas son problème,qu'il ne cédera pas à la pression, il ne se demande pas devant telle ou telle réalité s'il faut être de gauche ou de droite il veut même dépasser une opposition aussi tranchée précisément parce que la réalité ne se réduit pas à l'affrontement du maître et de l'esclave ou comme on dirait aujourd'hui des dominants et des dominés.       
 C'est ce qui définit la gauche libertaire, elle dit on est sur le terrain de la gauche mais quand la gauche à tort on n'ets plus de gauche on est ailleurs et quand la droite dit vrai,la droite dit vrai et peu importe que ce soit la droite qui le dise. Simplement il y a des gauches sectaires, des gauches de ressentiment qui considèrent que selon le catéchisme si la gauche l'a dit, la vérité est là.Et Sartre avait décidé qu'il était de gauche une bonne fois pour toute et que tout ce qui était de gauche était bon, il faisait du général de gaulle un fasciste et les entretiens récemments publiés le désservent et sont atterrants, il souscrit à toutes les dictatures et terrorismes de gauche du siècle: Septembre Noir, Cuba,Kim Ling Sung..;
La gauche libertaire dit la liberté est plus importante que la gauche et la gauche peut se tromper.Mais comme depuis l'opposition Marx/Proudhon , et Sartre/Camus n'a jamais été montrée telle qu'elle était,il y a en effet deux grands lignages dans les socialismes,et non pas comme le dit Marx un socialisme utopique et un socialisme scientifique,mais un socialisme césarien et un socialisme libertaire qui ne se laisse pas enfermer dans un catéchisme fut-il de gauche.
Le juste et l'injuste,le vrai et le faux sont des catégories plus pertinentes pour penser que les catégories de droite et de gauche.
Camus a des difficultés avec lea gauche mais que pourtant la gauche reste sa famille mais dans ses carnets il ajoute dans une note: "A la limite s'il doit choisir entre l'égalité et la liberté, il cite Toqueville à ce moment là qu'il admire ,je choisirais la liberté" et il ajoute "si la vérité était à droite, j'y serais" mais il dit "qu'on ne connaît pas la vérité on ne peut que l'approcher et comme on ne la connaît pas la seule chose dont on dispose à défaut de la liberté c'est l'honnêteté".
"Le démocrate est modeste, il avoue une certaine part d'ignorance, il reconnaît le caractère en partie aventureux de son effort et que tout ne lui est pas donné et à partir de cet aveu, il reconnaît qu'il a besoin de consulter les autres de compléter ce qu'il sait par ce qu'ils savent".
Comme le dit John Stuart Mill, on peut toujours être réfuté par les autres,et c'est ça le bonheur de la liberté d'expression, ce n'est pas seulement la possibilité pour soi de s'exprimer mais c'est la possibilité d'entendre des arguments qui vont vous contredire et vous permettre d'aller plus loin et cela peut venir de quelqu'un qui se trouverait précisément à votre gauche ou à votre droite.
Il y a plusieurs façons de penser la gauche, on peut la penser de façon viscérale c'était le cas de Camus: être de gauche c'est être du côté des miséreux, des sans grades, des pauvres, de son père de sa mère,de sa famille, fidèle à son enfance,à son époque,à son école républicaine, à la méritocratie; ensuite cela peut vouloir dire souscrire à la gauche immodeste et qui est dans la démesure Hégélienne avec Marx, Lénine, Staline etc..
Camus est aussi pluraliste:la civilisation européenne est pluraliste, je veux dire qu'elle est le lieu des oppositions des pensées,des valeurs contrastées et de la dialectique qui ne se termine pas; il y a donc chez lui une hostilité à toute pensée binaire,à tout dualisme facile,à tout réductionnisme manichéen.
Texte de Simone de Beauvoir: "la pensée de droite aujourd'hui" : "la vérité est une erreur multiple,ce n'est pas un hasard si la droite professe le pluralisme" et elle ajoute en citant Jules Romains: "Etre à droite c'est avoir peur pour ce qui existe" écrivait Jules Romains à une époque où il ne partageait pas encore cette peur,mais d'une certaine façon Camus partageait cette peur,je ne veux pas l'ancrer à droite, je veux simplement faire un sort à une phrase du Discours de Suède : " Chaque génération sans doute se croit vouée à refaire le monde, la mienne sait pourtnat qu'elle ne le refera pas,mais sa tâche est peut-être plus grande, elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse".

Camus ont le voit ici a peur pour ce qui existe ou pour utiliser le vocabulaire d'un autre philosophe, il est du principe de responsabilité pour la fragilité du monde plutôt que du principe d'espérance.Cela n'en fait pas un homme de gauche typique car il ose penser l'échec de la révolution et de l'action comme les philosophes de l'Ecole de Francfort.la gauche en général pense l'action et a du mal à imaginer que son action pourrait échouerdictionnaire_albert_camus20100423.jpg.
Au nom de la gauche marxiste on peut critiquer la gauche proudhonienne; on peut ainsi dire dis moi quelle est ta Révolution française et je te dirais qui tu es.Camus n'est ni pour Robespierre ni pour St Just, ni pour la décapitation de Louis XVI, il est contre la peine de mort.Dans la critique habituelle tout ce qui n'est pas jacobiniste et Robespierriste est antirévolutionnaire, Girondin ou Charlotte Corday. Camus préfère la Commune parce que la révolution est inséparable de 1793 et de la guillotine et de ce crime originel qui décapite un homme même un Roi comme le pratiquera plus tard le FLN. Camus soutient la CNT espagnole, l'autogestion, la gestion quotidienne du conflit social sans les délégués syndicaux et les professionnels de la politique.Marx a déboulonné Proudhon comme Sartre a évincé Camus et une gauche libertaire dont on n'avait pas besoin;
Toute action engagée peut être sans lendemains comme elle peut réussir dit-il dans le mythe de Sisyphe.Il se démarque aussi d'une gauche du tout politique et de sa promesse de bonheur dont la gauche est dépositaire si elle élimine l'ennemi à abattre. Camus dit : "On ne meurt pas toujours les armes à la main, il y a l'histoire et autre chose, le simple bonheur, la passion des êtres, la beauté naturelle" et il dit : "Ce sont là aussi des racines que l'histoire ignore et l'Europe parce qu'elle les a perdues est aujourd'hui un désert."
Le seul héritage que Camus a de son père puisqu'il avait 1 an lorsque celui ci est mort,c'est son directeur d'école à Alger M. Lévêque qui le lui apprend dans une conversation,que son père qui luttait en 1905 dans l'armée française au Maroc, découvre la sentinelle qu'il est censé relever,la tête renversée tournée vers la lune, il avait la bouche ouverte avec son sexe en entier et M. Lévêque trouve des justifications progressistes et  culturalistes: on est chez eux et ils ont raison de se battre et la fin justifie les moyens. Toutes ces objections sont balayées par le père de Camus qui a cette phrase:"un homme ça s'empêche" et on peut se demander si toute l'oeuvre de Camus n'est pas un long commentaire de cette phrase paternelle notamment dans l'Homme révolté puisqu'il voudra introduire de la mesure dans la révolte et cela André Breton ne le lui pardonnera pas. 
Il faut ajouter aux valeurs de l'anarcho syndicalisme et à la morale libertaire la liberté, l'équité, la justice,la modestie, la mesure qui constituent les fondements de l'éthique-politique.
La politique n'est pas supérieure à la morale.
Pour Camus il faut remettre l'éthique au centre du politique et c'est ce que les sartiens lui ont reproché, sa morale boy scout des antinomies où les limites changent sans cesse de place et de position. la position de l'Homme révolté est très difficile et roule son rocher comme Sisyphe, c'est ce qui en fait un livre moral , politique qui cherche des solutions partielles aux problèmes de l'instant.Peut-on résoudre des antinomies par des solutions provisoires, c'est le programme de l'anarcho syndicalisme qui ne sera pas définitif.

Ex Pouvait-on régler le problème algérien autrement que par la peine de mort, la torture et la guerre totale.Le patriotisme contre le nationalisme c'est aimer sa terre avant tout. Autodétermination algérienne et liberté association comme en Nouvelle Calédonie.Le Premier homme était la  réponse camusienne uchronique (posthume) à ce problème de la Guerre d'Algérie .          

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 18:19

Les souvenirs les plus importants sont dans notre mémoire mais les souvenirs matériels ont ausi un rôle puissant qu'on mesure d'aut(ant plus lorsqu'on les perd.Ils sont la chair du temps comme le suggère le titre du livre de Belinda Cannone  docteur en littérature comparée, romancière et essayiste paru chez Stock;
C'est le journal d'une perte qui part d'un cambriolage dans la "maison des champs" dans le Cotentin;on avait emporté deux malles dans lequelle l'auteur tenait serrés ses journaux intimes, carnets-laboratoire, photos, correspondance et tout son passé qui a disparu d'un seul coup d'un seul... les choses volées ne sont pas seulement des choses que l'assurance peut remplacer mais surtout des souvenirs.Belinda-Cannone.JPG
 « Le 11 mars 2011, lorsque je suis revenue dans ma maison des champs, j’ai découvert que des cambrioleurs étaient passés et qu’ils avaient emporté deux grandes malles dans lesquelles j’avais rangé tout mon passé : plusieurs décennies de journaux intimes, vingt ans de carnets de travail, toutes mes photos et ma correspondance. En somme, situation sans exemple en temps de paix, je venais de perdre la totalité de ma mémoire. Étrange deuil à traverser : j’étais celle qui avait perdu son bien le plus précieux et, en même temps, ce qui était perdu était… moi-même.
Face à dépouillement si radical, à tristesse si atroce, le soir de ma découverte j’ai commencé à tenir le journal de ma perte pour essayer de l’assimiler. Qu’est-ce donc que la mémoire ? Et l’oubli ? Pourquoi être si attachée à des journaux intimes ? Qu’est-ce que j’avais perdu en perdant toutes les lettres d’amour ? Qu’est-ce que le présent ? Etc. Chaque fois la réponse tenait à la nature de cette sorte d’écrits : liés au vivant, à l’individu, au singulier, ils sont comme la chair du temps, périssables et pour cela même infiniment précieux. Il fallait résister à la mélancolie. Je lui ai opposé le désir du livre. » B. C.
 "J'ai entrepris d'écrire un journal de deuil pour essayer de comprendre ce qui se passait devant cette perte, qu'est-ce que représe,ntaient ces journaux, ces souvenirs et qu'est-ce que la mémoire ?" "Je me suis interrogée sur l'origine de ma douleur"
Ces souvenirs perdus amènent à l'idée d'un moi qui est perdu. "J'ai été emputée de ma mémoire et en quoi est-ce grave d'avoir perdu sa mémoire, et à quoi elle nous sert". "Ce qui importe c'est ce qui reste dans la mémoire, non pas cet empilement des ans mais surtout le processus du moi qui change de jour en jour et se tranforme.Le résultat du processus c'est moi aujourd"hui, de même que j'ai mes livres qui sont le résultat d'un certain processus d'invention, mais l'histoire de la fabrication de moi même, qui n'intéresse peut-être que moi d'ailleurs,et ce sont des journaux intimes dont je parle là,et qui sont presque irréparables".
Le journal de la perte fait aussi revenir les pertes familiales,c'est à dire que vous perdez vos souvenir mais aussi vous rejouez l'histoire de la perte d'un membre de la famille,cela fait jouer psychiquement quelques deuils.
"J'étais à la fois le sujet et l'objet du deuil,j'étais à la fois celle qui avait perdu et qui avait à négocier en elle même cette perte,mais ce qui avait été perdu était moi même ceci étant, c'est vrai que des pertes profondes comme celles la,réactivent sans doute en nous la perte, la grande perte et du coup on entre en mélancolie et je suis passée par cette phase mélancolique que le journal était sensé combattre pour retrouver le désir de vivre".
Est-ce qu'on ne peut pas dire que ce journal est un symptome au delà de la perte matérielle et un symbole de ce qui de toutes façons doit s'oublier,c'est à dire qu'il y a une difficulté dans la vie à retenir tout le passé,et que c'est difficile de le larguer d'un seul coup,et c'est cela qui est absolument terrible,mais qu'en même temps, de toutes façons ça doit s'effacer.
"Mais ça s'efface, j'ai une mémoire particulièrement peu fiable d'une part et d'autre part je n'ai pas le goût du passé,c'est à dire que je n'allais jamais voir dans ces carnets , ces lettres ou ces photos".
Il y a donc une superstition, car votre peur de l'amnésie,amène à ce que ça se réalise,on provoque ce qu'on redoute.
"Et c'est une grande vérité psychologique,c'était important pour moi de savoir qu'il y a avait quelque part conservé ce temps passé; ce n'est pas que je m'y référait mais c'était quelque part et en effet ça me rassurait.D'autre part je crois quand même qu'il y a une vérité qui peut ressortir en continu des journaux ou de la correspondance,et ça ce n'est pas vrai qu'on l'a en mémoire".
Mais je continue ce renversement, est-ce qu'il n'y a pas du coup à réinventer son passé,et est-ce qu'il n'y a pas malgré la présence de ces témoignages, de la photo qui nous dit que quelque chose a été effectivement,est-ce qu'il n'y a pas toujours un travail qui fait qu'on réinvente,et donc il y a une condamnation à l'invention ? Chair-du-temps.jpg
 Se réinventer dans la réinvention de soi est un de mes mots d'ordre existentiel.
Est-ce qu'on n'est pas tenté à l'inverse parfois de se dire: je me débarrasse de ces vieilles lettres d'amour de toutes ces photos,pour repartir à neuf ?
"Hélas je ne me sentais pas lestée par elles,puique justement je n'y avais pas souvent recours.
le processus de réinvention de soi et du chaque jour est un jour nouveau, je le vivais déjà comme ça".
"Je me disais je suis comme l'avare qui a sa cassette, qui ne va jamais puiser dedans mais qui se rassure des avoir qu'elle existe.
D'où la présence nécessaire de ces restes matériels,qui sont des résidus de notre vie, c'est si important que cela ?"
"Pour moi ça l'était et j'ai intitulé ce livre "la chair du temps" parce que je me suis aperçue  une fois que je les avais perdus,que précisément ça n'était pas n'importe quels papiers,c'était des traces de singularité, la mienne dans mes journaux mais celle des autres aussi; je dis que quand il y avait des lettres de ma grand mère qui est morte,et de touites sortes de gens car il y a vingt ans on écrivait toutes sortes de lettres,dans ces lettres il y avait la graphie de ma grand mère et c'était comme une trace charnelle d'elle même,et c'est difficile d'avoir perdu ça et c'est vrai que ça réactive le sentiment d'une nouvelle perte".
Du coup votre journal se batit un peu sur les traces de la recherche d'un temps perdu de Proust, et de Sarraute pour essayer de retrouver les choses dont les traces sont définitivement passées.
"J'ai essayé de reconstituer ce que représentait la perte, le souvenir, la mémoire et de voir ce que ça voulait dire pour moi".
Alors aujourd'hui est-ce que vous allez scanner tous vos journaux intimes ?
Et bien je ne le crois pas car je fais le pari qu'on ne me volera pas une deuxième fois.
Et vous faites le pari de la perte et de la réinvention nécessaire ?
Oui absolument.  
       
       
          
          

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 14:42

Adèle Van Reth:

La pensée du moi est toujours liée à celle de l'amour or précisément la question de l'amour par définition est celle qui fait ressortir de manière flagrante l'absence de définition du moi.
Quand on aime on ne sait pas ce qu'on aime, on ne sait pas qui aime et donc ce thème de l'amour dans le cadre d 'une réflexion sur le moi exacerbe cette absence de lieu assignable au moi et d'identité du moi, il me semble que c'est ce que la pensée exprime.Pierre-Magnard.JPG
Pierre Magnard: ce qui juge du moi c'est l'amour; ce qui pèse le moi c'est l'amour; ce qui évalue le moi c'est l'amour, car précisément ce que nous avions critiqué tout à l'heure à travers "l'amour propre",c'était cette façon qu'avait le moi de s'enticher de réalités à sa mesure, à son niveau,en lesquels sa petitesse, sa laideur, et son indignité n'apparaissaient pas, de telle sorte qu'il pouvait se complaire en soi or, l'expérience qui va juger telle que Pascal la présente ici est bien celle de l'amour.
Dans ce fragment qu'est-ce que le moi,je crois en effet que trois questions vont se poser:
* Pourquoi aime-t-on ?( ou si vous préférez quelles sont les raisons de l'amour ?)
* Qui aime-t-on ? ( quel est l'objet de l'amour ?)
* Qui aime ? (Quel est le sujet de l'amour ? )
Trois questions qui s'enchaînent, la suivante étant impliquée dans la précédente. Trois questions qui sont en effet intimement liées.
1 - Pourquoi aime-t-on, quelles sont les raisons de l'amour ?
Je cite: "Qui voudra connaître à plein la vanité de l'homme n'a qu'à considérer les causes et les effets de l'amour, la cause en est un je ne sais quoi,et les effets en sont effroyables.Ce je ne sais quoi est si peu de chose qu'on ne peut le connaître, remue toute la terre, les princes, les armées,le monde entier, le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé."
 - Les causes de l'amour : ce que veut faire valoir Pascal ici,c'est sans doute la catastrophe née de la rencontre entre Antoine et Cléopâtre mais surtout la disproportion entre la cause et l'effet.

La cause est dérisoire, l'effet peut être catastrophique, et c'est cette disproportion qui fait apparaître, l'absence de raison dans l'amour.
L'amour ainsi considéré est le plus sûr indice,de la folie de l'homme,de sa vanité,c'est à dire de son inconsistance.On lisait déjà un peu plus haut: "Vanité,la cause et les effets de l'amour:Cléopâtre. "Et encore: "Rien ne montre mieux la vanité de l'homme que de considérer quelles causes,et quels effets de l'amour car tout l'univers en est changé, voyez le nez de Cléopâtre.

La vanité est de penser de juger et d'agir sans raison, or, si l'amour est déraisonnable,c'est parce que en réalité il est sans justification ni raison et pourtant l'amour n'est-ce pas ce dont tout un chacun veut se prévaloir pour justifier son existence ?

On a quelque raison d'exister dans la mesure où l'on est aimé, or , si l'amour est sans raison, qu'est-il, que reste-t-il de cette justification d'exister ?
Et c'est cela qu'il y a d'absolument terrible dans le texte qu'on nous a lu qui fait apparaître cette disproportion entre la cause de l'amour,un "je ne sais quoi": donc aucune raison qui le fonde,et les conséquences qui peuvent être ravageuses.

Cette disproportion fait apparaître précisément qu'il n'y a pas de raison d'aimer ceci plutôt que cela.        
Adèle: mais pourtant le fait même que cet amour ne soit pas justifié ni en amont ni en aval, qu'on ne sache pas pourquoi on aime ni précisément ce que l'on aime, comment de ce constat là, Pascal tire-t-il la conclusion de la vanité humaine et de son inconsistance puisque le rapport que nous avons à Dieu est un rapport d'amour,l'amour divin peut-être ne s'explique pas,mais l'amour que nous portons à Dieu n'a pas pour conséquence la vanité de soi,c'est un type d'amour qui est ici évoqué.
PM: C'est un type d'amour, ces amours mondaines doivent être prises pour ce qu'elles sont, et c'est la suite du texte qui l'indique bien, puisque on va précisément chercher les raisons avancées,"pourquoi aime-t-on ?"
Et c'est cette analyse très serrée qui fait valoir que ce que l'on aime en un être c'est, sans doute d'abord sa beauté, mais cette beauté étant atteinte par quelque maladie, la petite vérole qui fait perdre à une femme sa beauté,est-ce que l'amour subsiste ? Si l'amour ne s'attache qu'à cette beauté, la femme qui aura été ainsi affligée de cette maladie n'est plus aimée comme telle.Et ainsi la question se pose à Pascal de savoir, si c'est vraiment la personne qui est aimée,ou si c'est quelque chose d'autre.Et le texte introduit cette notion de personne pour faire apparaître une distinction entre la personne et les qualités empruntées dont elle se revêt pour se définir comme telle.
Adèle: Il introduit la notion de "personne" mais également la notion de "substance" et on trouve la notion de "personne" et "les qualités empruntées". On peut ainsi établir un parallèle en la notion de "personne" et ses attributs qu'il nomme "substance" pour mieux ensuite le destituer; il fait du moi une substance pour mieux dire qu'on ne peut pas la saisir en tant que telle et que cette substance est introuvable. C'est tout le paradoxe de sa réflexion sur le moi.
PM: Le paradoxe est fondé sur le fait que la relation qui s'établit ici entre "substance" et "qualité" est une relation contingente. Les qualités ne sont pas inscrites dans la substance,ne sont pas liées à la substance.Il ne faudrait pas se livrer ici à un parallèle trompeur avec Descartes,pour qui n'est de substance sans une qualité principale sans une qualité essentielle.
Adèle: Pourtant la référence est directe à Descartes dans ce texte.
PM: Il y a une transposition d'un texte de Descartes,mais il est transposé.
Adèle: Dans la 2è Méditation, où justement Descartes dit qu'il va se mettre à la fenêtre et qu'il regarde dans la rue des hommes, et il dit je ne vois que des chapeaux et des manteaux, rien de me dit que ces chapeaux et ces manteaux recouvrent des hommes,ce sont peut-être des automates. Il y a une ressemblance il n'y a pas d'analogie parce qu'il voit par la fenêtre ce sont ces êtres qu'il n'a pas cherché à connaître, c'est à dire qu'il voit leur revêtement extérieur, il voit leurs vêtements, il ne voit pas leur substance alors que chez descartes, il y a sans doute la métaphore des gens qu'il regarde par la fenêtre de son séjour hollandais,mais il y a surtout la relation essentielle qui s'établit entre "substance" et "qualité". Or ici dans quel sens prend-il qualité ? Les "qualités" sont extrinsèques par rapport à la "substance": ces qualités cela peut être la beauté, mais cela peut-être aussi telle dignité sociale,telle charge, tel office,puisqu'il prend ces exemples.

Il faut peut-être rappeler le sens qu'a le mot "qualité" au XVIIè siècle:
Au XVIIè "qualité" s'oppose à "condition" : un homme ou une dame de qualité, ce sont de gens qui doivent leur renom à leur mérite,ou à leur charge, ou à leur élévation sociale,et non pas à leur naissance.Un homme ou une femme de condition, ce sont des gens de naissance noble. "Qualité" s'oppose donc à "naissance", ce qui veut dire que la "qualité" n'est pas toujours fondée en "nature" elle est souvent extrinsèque par rapport à celui qui l'assume et c'est pourquoi elle donne lieu à critiques. Voyez les critiques que fera d'un homme ou d'une dame de qualité un Saint Simon. On assiste au XVIIè à cette recherche précisément de ce qui justifie le rang social.Est-ce que les offices confèrent à l'homme une suffisante qualité pour qu'il soit reconnu dans une dignité ? Rappelons nous le mot de Pontchartrain à Louis XIV: "Chaque fois que votre Majesté crée un office,Dieu crée un sot pour l'acheter" Faisant entendre que la qualité reste une sorte de "savonnette à vilain" comme on dira bientôt par lequel l'homme tente de donner à son existence une justification. Autrement dit la qualité ne semble pas traitée à une immédiate appropriation or si on observe un peu la société de ce milieu du XVIIè siècle on peut dire que la relation entre la personne et la fonction,a considérablement changé depuis le Moyen Age. Au Moyen Age, "on fonctionnalisait les personnes" chacune étant parfaitement assimilée à son rôle,aux temps modernes, "on personnalise les fonctions" chaque attributaire tentant de s'approprier celle qu'il remplit d'où la pointe finale de ce texte:

"Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices car on n'aime personne que pour des qualités empruntées."
Adèle: on a là un retournement de tout le texte, pourquoi parce que le retournement de la fonction est ce qui essaie de s'effectuer à une époque, où ce qui compte davantage que le personnage,c'est en fait l'acteur, celui qui joue le personnage, on est dans une série de jeux de rôle car tel est le théâtre de la vie mondaine et sur ce théâtre, chacun joue son personnage encore faut-il qu'il le joue à sa manière propre et c'ets cela que signifie l'appropriation du rôle.                
Alors le texte prend une saveur tout à fait particulière si on le remet dans son contexte d'un théâtre du monde au sens de Calderon de la Barca ou au sens de Gracian qui sont très proches de Pascal,et sur ce théâtre du monde, le paradoxe c'est précisément cette façon,qu'a chacun de vouloir personnaliser son personnage ou son rôle,l'auteur en lui même voulant dominer le rôle. On oublie le rôle que l'on a à jouer dans l'exécution d'un office,et l'on veut absolument lui conférer sa marque,à travers cette pâte que le personnage entend faire prévaloir sur précisément l'office qu'il a à remplir.
Adèle: Puisque justement la substance du moi est inatteignable et peut-être inexistant est tel qu'on ne peut rien en dire,puisqu'on n'aime jamais personne mais seulement des qualités,puisqu'on ne connaît de sgens que leur rôle et non pas leur essence,alors il ne faut plus se moquer de ceux qui demandent à se faire honorer pour des charges, des offices, ou des titres, puisqu'on n'aime personne que pour des qualités empruntées,la conclusion de Pascal est logique: puisque nous ne pouvons jamais saisir les personnes dans leur essence mais à travers leurs qualités, le jeu qu'elles jouent,alors,il ne faut pas mépriser ceux qui semblent par vanité accorder extrêmement d'importance aux titres, aux offices, aux charges,au contraire il faut comprendre que c'est la seule manière que nous avons de perpétuer un mode de fonctionnement social,dès lors qu'il ne repose pas sur une substance clairement définie.
PM: C'est toujours l'attitude de Pascal;dans la section "raison des effets" vous voyez apparaître la pensée de derrière qui fait que l'on cesse de juger comme le peuple, comme les demi habiles,comme les habiles même,pour se réfugier dans son quant à soi et à partir de cette digression,de ce pas en arrière,pour juger autrement qu'on le ferait si on était en prise directe sur cette réalité.C'est à dire que à relire ce fragment 688 il est bien évident que Pascal trouve déplorable que l'on aime quelqu'un que pour ses qualités,autrement dit que pour des réalités extrinsèques,et non point pour sa réalité propre,comme s'il n'avait point de réalité propre,et dans un recul, une fois effectué ce pas en arrière,alors il dit : tout bien pesé,toute la société se fonde la dessus,tout l'ordre social est dans cette considération,qui sont accordé aux signes, aux symboles,aux mots, aux réalités extérieures,et bien soit, jouons le jeu,et bien honorons celui qui se prévaut de tel office,ou de telle charge.                                  

Comment concilier ce moi haissable de Pascal avec l'amour du prochein et de l'autre prôné par le christianisme. Comment les deux sont-ils conciliables,je vous propose d'écouter ce qu'en dit Nietzsche:
 "— Si, d’après Pascal et le christianisme, notre moi est toujours haïssable, comment pouvons-nous autoriser et accepter que d’autres se mettent à l’aimer — fussent-ils Dieu ou hommes ? Ce serait contraire à toute bonne convenance de se laisser aimer alors que l’on sait fort bien que l’on ne mérite que la haine, — pour ne point parler d’autres sentiments de répulsion — « Mais c’est là justement le règne de la grâce. » — Votre amour du prochain est donc une grâce ? Votre pitié est une grâce ? Et bien si cela vous est possible, faites un pas de plus, aimez-vous vous même par grâce - alors vous n'aurez plus du tout besoin de votre Dieu , et tout le drame de la chute et de la rédemption se déroulera en vous même jusqu'à sa fin." (Citation de Nietzsche)
Adèle : La contradiction que pointe Nietzsche dans son paragraphe 79 de son livre intitulé "Aurore" est la suivante, comment le chritianisme peut demander à chacun d'aimer son prochain,alors que le moi de chaque individu est haïssable ? En d'autres termes, comment peut régner la grâce ici bas dans le monde entre des individus qui ne doivent pas se perdre dans l'amour propre qu'ils portent à eux mêmes ?
PM:La référence à Nietzsche s'impose,car il dit dans "le gai savoir" :" Il y a trois auteurs dont je porte le sang dans mes veines,celui de Montaigne, celui de Pascal, celui de Goethe."

Pour Nietzsche, l'analyse du ressentiment dont j'ai montré la place,est immense dans la critique de l'analyse pascalienne. Nietzsche demande quelle place précisément reste à l'amour ou à l'amour de soi ?

Je répondrai en faisant valoir l'avant dernière section des "papiers classés" dans l'Edition Lafuma, sous le titre 'morale chrétienne' où on voit précisément l'amour de soi en quelque sorte imposé par Pascal comme un devoir. On doit s'aimer - pourquoi ? Parce qu'on appartient à un corps, et que dans ce corps, ce qu'il appelle "la république chrétienne", on est dans une relation organique avec tous ses semblables-en aimant le corps, on ne peut pas s'aimer soi même,parce qu'on a de lui, par lui et pour lui, ne faut-il pas si on aime vraiment le corps,que l'on s'aime soi même et il ajoute, pour régler l'amour qu'on se doit à soi même,il faut imaginer toujours ce corps plein de membres pensants car nous sommes membres du tout et voir comment chaque membre devrait s'aimer.
C'est donc par le corps social qu'est réintroduit la notion de l'amour.Et dans le texte de Pascal il y a deux fois le mot "devoir" autrement dit l'amour de soi est dû à notre dignité d'homme,dû à notre solidarité humaine,dû à notre communauté humaine, l'amour de soi est quelque chose de plus fondamental que la haine de soi.
Chanson des Beatles "I me mine" 

Les Nouveaux Chemins de la Connaissance : Là où le moi blesse - Pascal. Entretien d'Adèle Van Reeth et Pierre Magnard le 22/02/2012.

Lectures:par Anana Mougladis

- Pascal, Pensées, 597-455 : le moi est haïssable

- Pascal, Pensées, 688-323 : Qu'est-ce que le moi ?

- Nietzsche, Aurore, paragraphe 79.

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 19:23

Le MOI dans tous ses états...
Peut-on parler de soi sans être narcissique ?
Peut-on dire JE sans se prendre pour le centre du monde ?
Le problème ne se pose pas en terme de langage. celui qui répète moi, moi , moi à longueur de journée ne s'aime pas plus que celui qui prend bien soin de ne jamais proposer le mot interdit gonflant ainsi son amour de soi bien audelà de ceux qui, selon lui,se vautre dans le discours du moi.De même qu'il ne suffit pas de dire pour faire, on peut parler de soi sans s'aimer.C'est dire que la question du moi, plus qu'une question de langage: qui est ce moi qui parle et quel est cet objet moi dont il me parle,est toujours d'une façon ou d'une autre une question d'amour.De l'amour de soi nécessaire à notre identité,jusqu'à l'amour propre qui nous fait réclamer indument l'amour des autres,pour notre propre personne au-delà de toute
question de mérite ou de légitimité.
Pris dans les filets du langage et dans une histoire d'amour et de haine de soi et des autres,le Moi à la fois sujet et objet n'a donc pas de lieu propre,sa nature est inateignable, et bien que l'on puisse en parler, il nous échappe toujours.
De cette impossibilité de situer le MOI et du refus de l'aimer qui peut en découler nous analyserons les Pensées de Blaise Pascal en compagnie du philosophe Pierre Magnard.
Sketch de Guy Bedos puis lecture de Pascal, Pensées, 597-455 :"le moi est haïssable" par Anna Mougladis.
Pascal s'adresse-t-il aux MOI qui dont preuve d'excès dont parlait Elisabeth Roudinesco,dans le narcissisme et la mégalomanie d'un Guy Bedos, ou bien désigne-t-il le MOI en général ? Qu'est-ce qui est haissable dans le MOI, ses excès ou le MOI en tant que tel ?
cette formule de Pascal "le MOI est haissable" ou "la seule et unique vertu est de se haïr" nous fait frémir et on se doit de la replacer exactement dans son contexte.
Première remarque, "le MOI est haissable" il faut souligner que c'est le pronom personnel substantivé et précédé d'un article,qui donne lieu à cette détestation et non pas le pronom personnel simple: je ou moi.
Il faut faire cette remarque aussi de l'apparition du pronom substantivé précédé de l'article est quelque chose de tardif dans notre langue.La première occurence que j'ai pu trouver est dans un Dictionnaire du tendre de 1583.Dans Montaigne aucune occurrence du Moi précédé de l'article.C'est donc après Montaigne bien que Montaigne fut encore vivant en 1583 qu'apparaît cet usage et il s'inscrit tout à fait dans la littérature pascalienne,ce qui veut dire qu'il faut faire un distingo entre moi et le moi. Moi, Pascal en parle,il en parle même parfois avec attendrissement; souvenez vous de cette belle remarque sur ces portraits de lui même de vingt ans en vingt ans,que Montaigne regardait déjà. Montaigne disait: "J'ai des portraits de ma forme de 20 ans 25 ans et 35 ans, je les compare avec ceux d'aujourd'hui, combien de fois,ce n'est plus moi".Ce qui donnait à Pascal d'écrire en écho: "je me sens une malignité qui m'empêche de convenir de ce que dit Montaigne,que la vivacité et la fermeté s'affaiblissent surtout avec l'âge,je ne voudrais paqs que cela fût, je me porte envie à moi même, ce moi de vingt ans n'est plus moi. "invidia" au XVIIè c'est l'équivalent de notre mot haine) Autrement dit cette haine de soi, cvous la trouverez dès l'énoncé de son portrait ou la comparaison qu'il peut faire de deux portraits de lui même. 
Peindre le moi c'est déjà une manière de faire du moi un objet et donc de le substantiver si on fait la distinction netre moi et le moi.
Certes mais essayez de voir comment naît ici la haine de soi ou comment elle survit "Je me porte envie à moi même" , je ne peux pas admettre l'image que me renvoie mon ultime portrait et qui atteste déjà les signes du vieillissement encore que Pascal à l'époque n'ait que 37 ans quand il écrit cela.
cependant c'est cela qu'il veut noter, le moi de 20 ans n'est plus moi autrement dit il y a détestation du moi actuel du moi de 38 ans,et il y a une sorte de complaisance dans le moi de 20 ans.Il s'apitoie sur son moi de 20 ans,et quand il reproche à Montaigne de parler trop souvent de soi,puisque c'est la formule qu'il utilise,il ne peut pas s'empêcher de faire cette remarque, ce n'est pas dans Montaigne mais dans moi que je trouve tout ce que j'y vois.Autrement dit Montaigne est pour lui comme un miroir tendu à son propre moi qui éprouve quelque joie, quelque complaisance,quelque plaisir à s'y retrouver. 
On voit donc qu'il y a une pratique du moi, voir un bon usage du moi, voir un amour du moi, une complicité entre Pascal et son propre moi qui est en contraste avec ce que désigne le moi, c'est à dire le pronom personnel substantivé qui est précédé de l'article,et je dirais que le moi ce n'est pas moi.
Le moi se distingue du moi comme une posture que chacun est libre d'adopter ou de ne pas adopter.. le moi c'est donc une attitude et cette attitude elle consiste en quoi si on prend le texte qui nous a été lu,elle consiste à se vouloir centre de tout, autrement dit la posture que désigne le moi, c'est une posture de centration de l'univers sur soi , c'ets une posture tyranique puisqu'elle en oblige aux autres et c'ets aussi une posture injuste car il n'y a aucune raison que je puisse me poser en centre de l'univers.
Adèle: la distinction entre moi d'un côté et le moi de l'autre, est celle qui est en jeu entre l'amour de soi et l'amour propre, puisque Pascal peut s'aimer lui même, peut aimer son moi, avoir de la tendresse pour son moi,tout en dénonçanyt l'excès du moi extérieur, c'est exactement la différence qu'il y a entre s'aimer et l'amour nécessauire que nous nous devons à nous même,pour rester en vie, nous maintenir en tant qu'être humain,et la déviation de cet amour la qui est l'amour propre qui  au contraire conduit à vouloir rechercher à tout prix l'amour des autres à chercher une forme de reconnaissance au sein du regard des autres.Est-ce que cette distinction là est fidèle ?
PM: L'amour propre tel qu'il est défini dans le fragment 978, la nature de l'amour propre et de ce moi humain est de n'aimer que soi et de ne considérer que soi mais que fera-t-il  ? Il ne sera empêché que cet obhet qu'il aime ne soit plein de défaut et de misère, il veut être grand, il se voit petit, il veut être heuerux, il se voit misérable,il veut être parfait, il se voit plein d'imperfections,il veut être l'objet de l'amour et de l'estime des hommes,et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris. Cet embarras où il se trouve, produit en lui la plus injuste et la plus criminelle des passions,qu'il soit possible de s'imaginer car il conçoit une haine mortelle contre la vérité qui le reprend et qui le convainc de ses défauts. Une haine mortelle de la vérité,pour précisément justifier cette adoration que le moi attend des autres, soumis en quelque sorte à sa tyranie, or,comment s'appelle cette haine de la vérité dans la littérature philosophique moderne et contemporaine ? Elle a un nom et ce nom c'est le ressentiment.J'ai nommé ici Nietzche à travers le ressentiment car c'estlui même qui forgera cette notion pour traduire très exactement cette haine de la vérité qui constitue l'alibi de celui qui voulant se faire passer pour le meilleur, pour le plus beau, pôur le plus grand,pour le plus savant, pour le plus digne d'être aimé,ne peut le faire qu'en faisant en quelque sorte sacrifice de toute vérité.
Adèle;: Et la vérité en l'occurence c'est de savoir que son moi n'est pas à la haureur de ce qu'il escompte, en demandant aux autres de l'aimer, il omet ses propres défauts sa propre faiblesse, si bien qu'il n'est pas un objet digne d'être aimé, c'ets en cela que du coup la vérité est haissable.
Et c'est là que la catégorie nietzchéenne s'impose car lorsque Nietzche définit le ressentiment, il y voit l'expression d'une rancoeur de celui qui voudrait être aimé,et qui précisément s'aperçoit bien qu'il ne parvient pas à mériter l'amour des autres.Or, comme cet amour il ne le mérite pas,il veut en quelque sorte l'imposer, l'extorquer et c'est pourquoi il se fait tyranique.
L'amour propre est donc bien l'expression de cette redistribution de tout le champ de la représentation,autour de soi qui en somme en serait le centre,et à partir duquel tout devrait se définir. 
Adèle: Pierre Magnard, si on sort un instant du vocabulaire de l'estime de soi,de l'amour et de la haine de soi,pour adopter un vocabulaire qui était présent dans le texte entendu au début et qui est plus moral, qui est celui de la justice et de l'injustice: "Je hais le moi parce qu'il est injuste qu'il se fasse centre de tout et donc je le haïrai toujours." Vous en notez l'incommodité mais non pas l'injustice.Que vient faire ce terme d'injustice dans cette réflexion sur le moi, en quoi est-il injuste de ne pas haïr le moi ?
PM: Il y a une relation forte entre injustice et liberté,cette relation a été établie depusi l'origine de la philosophie occidentale,par Socrate,qui meurt précisément parce qu'il est le témoin de la justice et de la vérité conjointes.On ne peut défendre la justice sans défendre en même temps la vérité.Pascal se souvient très souvent de Platon,et de Socrate pour retrouver précisément cette connexion forte entre justice et vérité. Or si on lie justice et vérité,on ne peut accorder d'amour qu'au meilleur,qu'au parfait et c'ets là qu'apparaît dans la perspective pascalienne,la réalité de Dieu. Dieu c'est la connotation du meilleur, c'est la connotation du parfait,en dehors de toute référence théologique,en dehors de toute adhésion à un credo,en dehors de toute appartenance à une église; or l'homme laid  puisqu'il veut paraître beau, puisque mensonger il veut paraître vrai,et puisque petit il veut paraître grand,l'homme du ressentiment n'aura de cesse de vouloir régler son compte à cette instance qui le dérange,à savoir le parfait,l'absolu, Dieu.Et c'est pourquoi Pascal pourra dire:"l'amour propre est cet instinct qui porte l'homme à se faire Dieu" . L'homme du ressentiment dans cette exaltation de son propre moi et qui veut se faire juge de toute réalité et maître de toute chose,ne peut pas régler son compte à tout ce qu'on a pu nommer Dieu,c'est à dire à toute référence à une perfection et donc à un meilleur qui me dominerait ou me dépasserait.19:00
Adèle; PM, invoquer la perfection divine dans la réflexion du moi,permet d'introduire une notion que nous n'aons pas encore évoquée puisque en effet si les règles de la société demandent et imposent à ce que le moi soit le plus discret possible, il ne faut pas parler de soi c'est aussi "vous couvrez le moi mais vous ne l'ôtez pas" vous le recouvrez, vous le cachez, vous le maquillez,mais vous ne l'ôtez pas,  ce que la société chrétienne imopose c'est l'anéantissement du moi, on est là dans un lexique beaucoup plus fort et ces deux registres la, le moi social et le moi au regard de Dieu nous permettent de mioeux comprendre en quoi le moi n'est pas seulement redoutable ou méprisable,mais à proprement parler haissable car le terme est extrêmement fort, il s'oppose d'une manière frontale à l'amour, on est dans une pensée qui est dans les extrêmes,sans aucune forme de modération.
PM: Il y a deux termes qui résumeraient ici votre propos,c'est honnêteté et hulmilité. Miton est l'honnête homme, il va donc couvrir le moi, le dissimuler autant que faire se peut,sans parvenir à le réduire,c'est une nécessité sociale,c'est requis des bonnes manières, mais l'honneteté n'extirpe pas l'origine de l'amour propre, il faut pour cela l'humilité, ce que vous appelez l'anéantissement, je préférerais le dire l'humilité,c'ets à dire ce que Pascal a d'abaisser la superbe, comme il aime à le répéter, s'il s'abaisse je le vante, mais s'il se vante je l'abaissse. Il s'agit précisément de ce cet orgueil,de cet amour propre dans la pratique de l'humilité. De l'humilité pourquoi ?
Il faut bien s'aviser que l'homme est fait pour le bonheur et que être heureux c'est aimer, on est heureux que dans l'amour.Encore faut-il connaître un homme digne d'être aimé.Un être véritablement aimable.De telle sorte que le problème de Dieu se ramène en définitive chez Pascal,au problème du bonheur.Pascal est un hédoniste plus qu'il n'est un religieux. C'est un hédoniste pour qui le bonheur est véritablement la fin de toute existence or.si l'on veut vivre le bonheur, il faut vivre un amour qui soit un grand amour,et pour cela rencontrer un être véritablement aimable.Et cet être "véritablement aimable" c'est dans la religion que Pascal le cherchera.
Or , si le ressentiment est quelque chose de si odieux,c'ets parce que le ressentiment est la réaction du petit devant la grandeur,du laid devant la beauté,du minable devant la dignité. le ressentiment est donc,le rejet ou le refus de cet être véritablement aimable.La contestation qu'un tel être puisse être, un tel être n'a pas lieu d'être, car s'il était alors que serais-je moi ? C'ets donc à travers la pratique du ressentiment que le moi apparaît, se nomme, se dénomme,s'énonce, fait valoir ses titres,moi, dans une alternative dramatique, c'est moi ou lui, c'ets à dire mon petit moi infatué de lui même,mon petit moi narcissique et vaniteux,mon petit moi qui ne cesse de se gonfler à la mesure précisément de son ressentiment, ou lui , c'ets à dire l'absolu, le parfait, c'est à dire le digne d'être aimé, c'ets à dire l'être véritablement aimable.
Adèle: mais le problème ne se pose que si on met Dieu et soi sur la même  échelle de continuité où Dieu serait infiniment supérieur, or chez Pascal justement la distinstion des ordres montre que l'homme st infiniment éloigné de Dieu, et donc de cette infinité nous ne pouvons même pas nous comparer et que nous pouvons nous infatuer de nous même et faire valoir nos propres titres,danbs l'espace du monde dans lequel nous vivons, cela n'a aucune conséquence par rapport au royaume divin en tant que tel.
PM: Oui mais "l'homme passe infiniment l'homme" répète -t-il deux fois,ce qui veut dire que l'homme est toujours en train de surpasser,en quête desa propre réalité, vous parliez des trois ordres,je veux bien mais il ne s'agit pas,de minimiser chacun d'eux.Exceller dans l'ordre de la chair n'a rien qui soit préjudiciable à mon salut, si du moins je sais passer de chair à l'esprit et considérer que les oeuvres de l'art, de la science ou de l'intelligence,valent bien les conquêtes des capitaines ou des puissants.Mais qu'est-ce que l'esprit en regard de la charité qui me fait valoir une grandeur encore plus éclatante encore plus écrasante que celle que j'ai connue au plan de l'esprit.?
Autrement dit il y a là chez Pascal, non pas une volonté d'abaisser mais au contraire toujours d'élever davantage l'homme dans la conscience que l'ordre inférieur symbolise l'ordre supérieur et en quelque sorte le prépare,plutôt qu'il ne le nie; de sorte que nous avons une échelle, une échelle sainte sans doute,mais une échelle qui semble structurée. Toute la volonté de l'homme de s'élever au dessus de lui même et de parvenir à la plus haute noblesse qui puisse être.
Adèle: Mais est-ce que le problème dans ce cas n'est aps de savoir où se situe le moi puisque nous parlons de volonté, nous parlons d'humilité,mais peut-on assigner un espace pour le moi c'est la question que Pascal se pose: Qu’est-ce que le moi ?
"Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.

Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on? moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées".
Blaise Pascal - Pensées (688 - Édition Lafuma, 323 - Édition Brunschvicg)
suit une Chanson stupide par Les chaussettes noires, "Je t'aime trop" 29.00 ( à suivre....)

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 18:02

"La Grèce contemporaine" d' Edmond ABOUT (1854 ) réédité chez l'Harmattan en 2000

CHAPITRE VII.    LES FINANCES.
I.
Observations générales sur la situation financière de la Grèce. —La Grèce vit en pleine banqueroute depuis sa naissance. —Les impôts sont payés en nature. — Les contribuables ne payent point l'État, qui ne paye point ses créanciers. — Budget d'exercice et budget de gestion. — Les ressources du pays ne se sont pas accrues en vingt années.
Le régime financier de la Grèce est tellement extraordinaire et ressemble si peu au nôtre, que je crois nécessaire, avant d'entrer dans les détails du budget, de placer ici quelques observations générales.
La Grèce est le seul exemple connu d'un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance. Si la France ou l'Angleterre se trouvait seulement une année dans cette situation, on verrait des catastrophes terribles : la Grèce a vécu plus de vingt ans en paix avec la banqueroute.
Tous les budgets, depuis le premier jusqu'au dernier, sont en déficit.
Lorsque, dans un pays civilisé, le budget des recettes ne suffit pas à couvrir le budget des dépenses, on y pourvoit au moyen d'un emprunt fait à l'intérieur. C'est un moyen que le gouvernement grec n'a jamais tenté, et qu'il aurait tenté sans succès.
Il a fallu que les puissances protectrices de la Grèce garantissent sa solvabilité pour qu'elle négo¬ciât un emprunt à l'extérieur.
Les ressources fournies par cet emprunt ont été gaspillées par le gouvernement sans aucun fruit pour le pays; et, une fois l'argent dépensé, il a fallu que les garants, par pure bienveillance, en servissent les intérêts : la Grèce ne pouvait point les payer.
Aujourd'hui, elle renonce à l'espérance -de s'acquitter jamais. Dans le cas soit les trois puissances protectrices continueraient indéfiniment à payer pour elle, la Grèce ne s'en trouverait pas beaucoup mieux. Ses dépenses ne seraient pas encore couvertes par ses ressources.
La Grèce est le seul pays civilisé où les impôts soient payés en nature. L'argent est si rare dans les campagnes qu'il a fallu descendre à ce mode de perception. Le gouvernement a essayé d'abord d'affermer l'impôt, mais les fermiers, après s'être témérairement engagés, manquaient à leurs engagements, et l'État, qui est sans force, n'avait aucun moyen de les contraindre.
Depuis que l'État s'est chargé lui-même de percevoir l'impôt, les frais de perception sont plus considérables, et les revenus sont à peine augmentés. Les contribuables font ce que faisaient les fermiers ils ne payent pas.
Les riches propriétaires, qui sont en même temps des personnages influents, trouvent moyen de frustrer l'État, soit en achetant, soit en intimidant les employés. Les employés, mal payés, sans avenir assuré, sûrs d'être destitués au premier changement de ministère, ne prennent point, comme chez nous, les intérêts de l'État. Ils ne songent qu'à se faire des amis, à ménager les puissances et à gagner de l'argent.
Quant aux petits propriétaires, qui doivent payer pour les grands, ils sont protégés contre les saisies, soit par un ami puissant, soit par leur propre misère.
La loi n'est jamais, en Grèce, cette personne intraitable que nous connaissons. Les employés écoutent les contribuables. Lorsqu'on se tutoie et qu'on s'appelle frères, on trouve toujours moyen de s'entendre. Tous les Grecs se connaissent beaucoup et s'aiment un peu : ils ne connaissent guère cet être »abstrait qu'on appelle l'État, et ils ne l'aiment point. Enfin, le percepteur est prudent : il sait qu'il ne faut exaspérer personne, qu'il a de mauvais passages à traverser pour retourner chez lui, et qu'un accident est bientôt arrivé.

Les contribuables nomades, les bergers, les bûcherons, les charbonniers, les pécheurs, se font un plaisir et presque un point d'honneur de ne point payer d'impôt. Ces braves gens se souviennent qu'ils ont été Pallicares : ils pensent, comme du temps des Turcs, que leur ennemi c'est leur maître, et que le plus beau droit de l'homme est de garder son argent.
C'est pourquoi les ministres des finances, jusqu’'en 1846, faisaient deux budgets des recettes : l'un, le budget d'exercice, indiquait les sommes que le gouvernement devrait recevoir dans l'année, les droits qui lui seraient acquis; l'autre, le budget de gestion, indiquait ce qu'il espérait recevoir. Et, comme les ministres des finances sont sujets à se tromper à l'avantage de l'État dans le calcul des ressources probables qui seront réalisées, il aurait fallu faire un troisième budget, indiquant les sommes que le gouvernement était sûr de percevoir.
Par exemple, en 1845, pour le produit des oliviers du domaine public, affermés régulièrement aux particuliers, le ministre inscrivait au budget d'exercice une somme de 441 800 drachmes. Il espérait (budget de gestion) que sur cette somme, l'État serait assez heureux pour percevoir 61 500 drachmes. Mais cette espérance était au moins présomptueuse, car l'année précédente, l'État n'avait .perçu, pour cet article ni 441 800 drachmes, ni 61 500 drachmes, mais 4457 drachmes 31 centimes c'est-à-dire environ un pour cent sur ce qui lui était dû.
En 1846, le ministre des finances ne rédigea point de budget de gestion, et l'habitude s'en est perdue. L'État ne veut pas prévoir en principe qu'il ne sera pas payé de ce qui lui est dû. Mais , quoi¬que les budgets suivants soient plus réguliers dans la forme, l'État continue à solliciter vainement ses débiteurs récalcitrants ou insolvables.
Une dernière observation qui m'est suggérée par l'examen des différents budgets de 1833 à 1853, c'est que les ressources de l'État ne se sont pas ac¬crues sensiblement dans ces vingt années.
De 1833 à 1843, la recette moyenne de chaque année a été de 12 582 968 drachmes 9 lepta. La dépense moyenne a été de 13 875 212 dr. 39 lepta. Le déficit annuel de 1 292 244 dr. 301.
En 184.6, les recettes espérées se montaient à la somme de 14 515 500 dr.
Le budget de 1847 était le même que celui de 1846, sauf une augmentation espérée de 360 725 dr. 79 L sur les recettes.
Depuis cette époque, les revenus de l'État ont subi une diminution considérable :
En 1850, par l'affaire Pacifico et le blocus du Pirée, qui arrêta le commerce maritime des Grecs pendant toute une campagne, tandis qu'un hiver extraordinairement rigoureux tuait des troupeaux entiers, faisait périr un grand nombre d'oliviers et d'arbres à fruits, réduisait des deux tiers l'exportation de l'huile, et des neuf dixièmes la récolte des citrons et des oranges ;
En 1851, par la disette de céréales qui condamna la Grèce à importer des blés pour 12 000 000 de drachmes au lieu de 2 000 000 , et fit sortir du pays une grande quantité de numéraire;
En 1852, par la maladie de la vigne, qui détruisit les deux tiers de la récolte du raisin de Corinthe, et enleva au trésor un de ses principaux revenus ;
En 1853, par la disette dont nous souffrons encore, et dont les Grecs, épuisés par quatre années déplorables, souffrent plus cruellement que nous.
II
Recettes. — L'impôt direct ou la dîme. — L'usufruit, impôt quelle peut exister qu'en Grèce., Les douanes. —Un ministre qui espère que ses agents l'ont trompé. — Un gouvernement qui se ruine en battant monnaie. — Pourquoi la Grèce ne frappe que des sous. — Domaine immense qui ne rapporte presque rien. — Les eaux de Thermia, médicament très dan¬gereux. — Forêts inutiles. — L'Etat n'est payé ni par ses débiteurs ni par ses fermiers.
Les recettes de l'État se composent : des impôts directs, des impôts indirects, du produit des établissements publics, du domaine, de la vente des biens nationaux, des revenus ecclésiastiques, des recettes sur exercices clos, de revenus divers, des avances faites par les puissances protectrices.
Les impôts directs représentent plus de la moitié des recettes de l'État. Ils comprennent :
1° La Mme ou l'impôt foncier, qui se perçoit en nature. Le percepteur assiste au battage des grains, à la cueille du tabac, à la fabrication de l'huile, et il prélève immédiatement un dixième de la récolte. L'État se charge d'emmagasiner et de vendre les fruits qu'il a perçus. On devine aisément tout ce qu'un pareil mode de perception a d'irrégulier, et combien il peut étre préjudiciable à l'État. Si la récolte est abondante, il est forcé de vendre à vil prix la part qui lui revient; si la récolte manque, il ne lui revient rien. Mais il sera impossible de percevoir l'impôt foncier en argent, tant que le numéraire sera aussi rare dans le pays.
2° L'usufruit. C'est une sorte d'impôt qui n'existe qu’en, Grèce, et dont l'existence s'explique par l'histoire du pays.
L'État est propriétaire d'une grande partie du territoire. Il possède à peu près tous les terrains que les Turcs possédaient avant la guerre de l'indépendance. Ceux qui sont situés dans le Péloponnèse lui appartiennent par droit de conquête; il a payé les autres, et une indemnité de 12 500 000 drachmes l'en a fait légitime propriétaire.

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 14:37

La situation en Grèce :
Dimanche dernier, le Parlement grec a voté un nouveau plan d’austérité. Adopté par une large majorité (199 voix pour, 74 contre et 27 abstentions), il prévoit de nombreuses coupes dans les budgets sociaux, notamment, la diminution du salaire minimum, qui passerait de 750 à 586 € bruts. Ce plan se traduit également par le licenciement d’ici au mois d’avril 2012 de 15.000 fonctionnaires, mis en attendant en « réserve » et rémunérés à 60 % de leur salaire. La baisse des investissements publics devrait permettre à l’Etat d’épargner environ 400 millions d’euros, auxquels s’ajouteraient environ 300 millions amputés du budget de la défense. Une nouvelle vague de privatisations rapporterait 4,5 milliards d’euros tandis que la diminution des pensions de retraites complémentaires, le déremboursement de certains médicaments ainsi que l’augmentation des impôts et taxes devraient aider la Grèce à équilibrer ses comptes. Le secteur public n’est pas le seul touché par ce nouveau plan d’austérité. Les entreprises privées auprès desquelles l’Etat a contracté des dettes sont sommées de faire disparaître 70 % du montant de leurs créances, soit environs 100 milliards d’euros. L’adoption de ce plan devrait permettre le versement par l’Union européenne d’une aide supplémentaire de 130 milliards d’euros. Si l’abandon de 100 milliards d’euros d’obligations par les créanciers privés a été acté, l’Union a décidé de reporter à demain l’accord final. Le 20 mars, la Grèce devra rembourser 14,5 milliards d’euros. Jeudi, le président de la BCE Mario Draghi a laissé entendre que l’institution pourrait accepter de renoncer à ses plus-values sur les obligations grecques. « Si la BCE redistribue une partie de ses profits aux Etats membres […], il ne s'agit pas de financement monétaire » des Etats, a-t-il argumenté.

En marge du vote au Parlement, des manifestations de protestation au plan de rigueur ont réuni entre 100.000 et 200.000 personnes aux abords de la place Syntagma à Athènes. Elles ont donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre. Six ministres du gouvernement de Lukas Papademos, deux socialistes membres du Pasok et quatre membres du parti d’extrême droite le LAOS, ont présenté leur démission entre le 10 et le 13 février. Le premier ministre a annoncé lundi la tenue d’élections législatives anticipées en avril prochain.

Dimanche dernier, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble déclarait dans un entretien publié dans le journal Welt am Sonntag : « Il est important de dire [que la Grèce] ne peut être un puits sans fond. C’est pourquoi les Grecs vont finalement devoir obstruer ce puits. ». Mercredi, le président grec Carolos Papoulias affirmait : « Je n’accepte pas que mon pays soit raillé par Wolfgang Schäuble ». Evangelos Venizelos, le ministre des finances, analysait quant à lui : « Il faut dire la vérité au peuple grec : il y a plusieurs pays [de la zone euro] qui ne veulent plus de nous. Et il faut les convaincre. […] Le pays se trouve sur le fil du rasoir ». Mercredi, au cours d’un débat au Parlement européen réuni en session à Strasbourg, le député européen Daniel Cohn-Bendit a dénoncé les « talibans néolibéraux qui règnent en Europe » et imposent une « décroissance brutale à la Grèce que personne ne pourrait vivre ». Mario Monti, le président du Conseil italien, s’est quant à lui ému de « la dureté avec laquelle la Grèce est traitée. »

Le chômage atteignait en novembre 2011 20,1% de la population grecque. La croissance reculait au dernier trimestre de deux points, pour atteindre -7%. Le montant du P.I.B. a chuté de 5,5 % l’an passé, le pays étant en récession depuis cinq années consécutives.

Intervention de JL Bourlanges de l'IEP de Paris dans l'Esprit Public sur France Culture le 19 février 2012
 
"Nous avons actuellement en France et dans le reste de l'Europe deux débats sur la Grèce,un débat qui monte de plus en plus fortement qui est un débat sur le caractère moral ou immoral qu'on réserverait à ce pays,et un débat à caractère économique et intellectuel sur ce qu'il convient de faire pour résoudre le problème.
Sur le premier, je suis à contre courant de ceux qui pensent que nous sommes vraiment coupables de ce qui se passe en Grèce,ce n'est pas vrai; je comprends très bien la souffrance du peuple grec,je crois que c'est très difficile de vivre ce que les Grecs vivent,le sentiment de l'injustice est très répandu,mais la cause n'est pas chez nous,elle est chez eux;
La cause, c'est un système politique oligarchique,corrompu, incompétent, une utilisation abusive de libéralités qui avaient été mises à la disposition des Grecs , très abondantes,par l'Europe, un trafic des statistiques,une politique vraiment laxiste: J Cl. Trichet citait l'autre jour,un chiffre connu, public,les salaires dans la Fonction Publique ont progressé au cours des dix dernières années,en valeur brute de 20% en Allemagne, de 35% en  France et en moyenne de la zone euro,de 117% en Grèce.

Quand on est en monnaie unique, c'est évident que ce genre de progression a des conséquences.

Je crois que nous avons en Grèce, une armée pléthorique,une administration inexistante,des impôts imaginaires, un clergé obscurantiste et richissime,des armateurs qui fraudent le fisc de toutes les manières, une société qui n'existe pas sous une forme publique,tout cela est vrai et je dois dire que je ne trouve pas que nous soyons coupables pour l'instant, les prêts qui ont été consentis à la Grèce par le secteur privé,on consent qu'ils soient emputés de 50%.
Ensuite, personne n'empêche les Grecs de sortir de la zone euro, c'est leur choix,leur décision, simplement s'ils ne le font pas ,et je comprends qu'ils ne le fassent pas, c'est qu'ils estiment que les  sacrifices seraient plus élevés encore.
Alors sur la solution, alors là je suis très critique: l'Allemagne est le cocher de l'Europe sur cette affaire,car je crois qu'elles sont dans le déni de réalité.On ne fait pas marcher un âne mort.La Grèce ne paiera pas, c'est dit, elle ne peut pas payer, elle n'a aps les structures sociales, administratives,politiques, on peut faire semblant du contraire,on peut payer son addition en disant vous allez faire tes tas d'efforts, on peut rédiger des textes incroyablement stupides d'ailleurs,comme celui de la troïka où on dit dans les 2 mois, vous devez faire ci vous devez faire ça, ça ne marchera pas, donc,Strauss-Kahn que je trouve meilleur en vie publique qu'en vie privée,avait raison de dire, il fait prendre sa perte,et tant qu'on n'aura pas commencé par ça,on ne résoufdra pas le problème ensuite effectivementquand ion aura accepté ça, c'est aux Grecs de savoir,si, une fois qu'on les aura allégés de leur dette,il sessaient de repartir dans la zone euro ou jhors de la zone euro, c'est un second choix, mais pour nous le premier choix c'est de renoncer à des créances d'une manière ou d'une autre qui techniquement nous ne recouvreront pas. " 

Jean-Louis BOURLANGES, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris
Relire le texte d'Edmond ABOUT , La Grèce contemporaine (1854 - réédition : L’Harmattan, 2000)  

Texte intégral           Extrait sur les finances

 

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