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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 16:49

A l'invitation de la Société Louise Michel de Montpellier, Philippe CORCUFF maître de conférences à l'IEP de Lyon et chercheur au centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS Paris Descartes CNRS) membre du Conseil scientifique d'ATTAC France est venu ce Mercredi 20 juin 2012 à l'Espace Jacques 1er d'Aragon de Montpellier présenter son dernier livre :

  corcuff-31-01-2008c.jpg

Où est passé la critique sociale ?

Penser le global au croisement des savoirs (Editions de la Découverte)
Double actualité puisqu'il était aussi l'invité la même semaine de France Culture dans la Suite dans les idées du 16 juin sur le même thème.
La Société Louise Michel comme l'a rappelé Anne Freiss en ouverture s'est créée dans le sillage des travaux de Daniel Bensaid théoricien de la LCR dont on connaît les idées militantes (souvent convoqué jadis dans les émissions de Daniel Mermet) dans le cadre d'une remise en cause du système néo libéral par des analyses tournées vers le monde universitaire, les militants, syndicalistes et le mouvement associatif.
les réunions de cetrte Société montpéliéraine ont lieu généralementdans la Brasserie du Dôme.
Contacts: rabadantoine1@gmail.com (Professeur d'Espagnol) ; gille-marquet@orange.fr (Economiste) ; anne-gille.freiss@sfr.fr  (Militante associative)
J'ai fait remarqué aux organisateurs que la "Maison des Sciences de l'Homme Ange Guépin" à l'Université de Nantes travaillait dans le même sens et avec les mêmes problématiques mais ici, on est à Montpellier et peu enclins à regarder vers le septentrion... !
La tonalité libertaire est clairement affichée dans l'après éléction avec ce slogan: que faire de la victoire de la gauche ? Laquelle gauche jugée par Corcuff "en état de mort cérébrale": bien dit.. mais encore...?
Il s'explique, la gauche est sur des rails de pensée automatique mais n'opère pas de véritable travail intellectuel solide. Il y a les légitimistes et les misérabilistes.
Les références des travaux de Corcuff sont connues: Foucault, Rancière, Bourdieu dans des dialogues parasités et des rendez-vous manqués entre la sociologie et la philosophie.
Judith Butler ou Jean Claude Michéa mais aussi en remontant dans l'histoire des sciences sociales: Joseph Proudhon et Karl Marx
On aime entendre aussi des référenecs au travail de Sandra Laugier qui à partir de l'analyse d'une chanson de Michel Jonasz, "les vacances au bord de la mer" démonte le mécanisme dominants/dominés.
Corcuff cite aussi des Revues comme la Revue des livres, Réfraction, Ecorêve qui cependant restent à son avis trop détachées du terrain militant.
Dans ses expertises au sein d'Attac sur la machine néolibérale il montre comment la pensée technocratique ne débat que partiellement et va même jusqu'à la qualifier de "a-pensée non réfléchie"
La gauche de la gauche a contre réagi à travers les groupes comme Copernic ou Attac mais eux aussi frappés de mort cérébrale à travers l'équipe du Monde Diplo ou des mélanchonades qui sussurent un vague discours sur le "méchant néo-libéralisme, enrobé de marxisme rance".
Quant à la déploration du PS elle est empreinte de rancoeur ou d'indignation.
En 1990 dans la Revue "Contre temps" Daniel Bensaïd et la LCR et plus tard le NPA ont essayé de réagir mais la mort de Daniel Bensaïd a laissé un vide comblé par sdes variantes des chants de la "mélancolie de la critique sociale" depuis 2 siècles à travers l'altermondialisme, les Indignados d'Espagne, les Anonymous ou l'Occupy wall Street aux USA. 
critique-sociale.jpg
Corcuff revient alors sur une définition de la CRITIQUE SOCIALE née de l'émancipation des Lumières au XVIIIè siècle avec en 1784 une sortie de l'état de tutelle et une sortie des dominations avec Kant. L'émancipation politique avec la naissance de l'Etat Nation et une ouverture vers l'Universalisme.
Puis au XIXè ce sera l'émancipation socialiste puis communiste et enfin anarchiste.
Au XXIè siècle on assiste à "l'inertie des automatismes de pensée du PS sur ses rails de la légitimité des savoirs savants face aux savoirs ordinaires"
Il est urgent de revoir les logiciels de pensée, de reformuler les méthodologies et de revoir la tyauterie conceptuelle. Il faut sortir du mécanisme des contenus et des contre-propositions.
Pour cela, Corcuff va articuler sa conférences en trois parties:
1 - Secouer les automatismes
2 - Questions sur les émancipations
3 - Qu'est-ce qu'une critique libertaire de l'Etat ?
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I - Philippe Corcuff entreprend alors méthodiquement de lister les logiciels automatiques en vigueur :
1 - le conspirationisme (dans la foulée de Septembre 2001, l'affaire DSK, la chasse à Ben Laden...) la parano et la théorie du complot à gauche comme à droite devient l'idéologie dominante et a été très bien analysée par Luc Boltanski.Certains l'ont qualifié de "trame narrative aux effets explicatifs" à l'instar de "la servitude volontaire" de la Boétie.
2 - l'automatisme essentialiste qui empêche la pensée critique. (Wittgenstein parle d'une "recherche d'une substance qui recherche son substantif":
Exemples: le sarkozysme, le chavisme, demain le hollandisme..;  dans un constant désir de généralisation abusive au détriment des cas particuliers.
Exemple de l'Amour qui renvoie aux essences de l'amour (la passion  le platonique, le sexuel etc...)
On assiste à une tyranie du langage "un préjugé auquel tout doit se conformer". Je fais la critique de "mon" essentialisme contre les autres dans une dualité permanente et tyranique : Chavez/Amérique; Islam/sionisme ; Capitalisme/Communisme...
3 - Le présentisme et son vis à vis nostalgique.
A propos du "présentisme", néologisme, François Hartog évoque le rapport au temps présent qui est la référence montante déconnectée du passé et du futur dans une spirale infernale de consommation de l'événement ( l'Actualité, le scoop, les sondages, le tweet, le buzz.... )
Aujourd'hui "on mange le passé par les commémorations" incessantes et quotidiennes (Camus, Jeanne d'Arc...)
Face au "présentisme" on a la "nostalgie" d'un passé fantasmé à la manière d'Alain Finkielkraut qui s'en défend. On est dans la contemplation d'un passé mystifié. Walter Benjamin parlait de "mélancolie ouverte sur l'avenir mais qui se coltine le présent."
4 - l'automatisme collectif :
Faute de l'individualisme qui fait perdre le sens du collectif, il faut revenir à la solidarité entre les individus. On a souvent caricaturé la droite qui place l'individu au centre duu néo libéralisme et la gauche le collectivisme à travers son apendice syndical.
Déjà en 1914-18, le thème collectiviste était prédominant au détrimpent de l'individualisme qui avait prévalu jusqu'alors depuis la Révolution française et dans les avatars du Romantisme.
Corcuff cite alors quelques figures comme Fernand Peloutier et Emile Pouget qui prônent l'autonomie individuelle ou les militants d'Action Directe de 1910 qui prônent l'exaltation de l'individu. Puis c'ets jaurès et son socialisme républicain et Marx qui dès 1844 peut être qualifié de "penseur individualiste" quand il parle de "l'émancipation sensualiste de l'individu". L'être s'oppose radicalement à l'avoir que préconise le capitalisme et pour cela il faut lui opposer entraide par la solidarité et la coopération.
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II - Repenser l'émancipation aujourd'hui.
1 - la pluralité humaine et le commun (Hannah Arendt)
2 - l'Expérimentation à travers la mutualité
3 - Revenir aux trois fondamentaux : Le syndicat/ le Parlement/ le Coopératif de Jaurès 
Il faut "créer un espace commun sans écraser l'individu" tel était le slogan de la fédération anarchiste de Joseph Proudhon.
La mythologie du "grand soir a échoué (cf.échec électoral de Mélanchon, et du NPA..)
On a vécu dans le slogan du "Ici et Maintenant" de 1972 à 1981.
Comment bâtir une autre société ? Par des expériences, des essais, des erreurs, des rectifications.
Il faut s'inspirer de la philosophie pragmatique de John Dewey (1927) republié à la NRF: "Expérience et nature"
Il faut aussi s'attaquer à l'hégémonie du langage politique actuel qui est un vocabulaire machiste et viriliste car la politique est un combat et un rapport de force.
Explorer, expérimenter et surtout métisser le langage et le vocabulaire des rapports de force pour plus de fragilité et féminiser le langage.
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III  Critique libertaire de l'Etat
Le processus de monopolisation des pouvoirs mis en évidence par Max Weber et Pierre Bourdieu.
Sur ce thème les anarchistes étaient plus prudents que les communistes.
1970 : Etat bureaucratique oppressif.
1980: Robert Castel constate que "l'Etat a  fourni des supports sociaux à l'autonomie des individus" la propriété peut offrir un espace de protection face aux aléas de la vie.
2012: Luc Boltanski dans "De la Critique" précis de sociologie de l'émancipation  reconnaît "assumer l'ambivalence face aux Institutions"
1984: Pierre Bourdieu soutient ce propos apparemment contradictoire  "Il faut toujours risquer l'aliénation politique pour échapper à l'aliénation politique"

Conclusion:
"Comment envisager des institutions publiques qui ne soient pas l'Etat tel que nous le connaissons aujourd'hui ?"
 "Revenir à un anarchisme institutionnel et pragmatique tel est le défi de l'avenir pour repenser la critique sociale".
 Notes prises par Patrick CHEVREL (Montpellier)

Notes 1 - Il vient d’éditer (mars 2011) un “B.a.-ba philosophique de la politique pour ceux qui ne sont ni énarques, ni politiciens, ni patrons, ni journalistes” (éditions Textuel, collection “Petite encyclopédie critique”, mars 2011) qui sera en vente sur place.

Notes 2 Prises de tête pour un autre monde: Philippe Corcuff Textuel, 2004 - 207 pages
La pensée de Philippe Corcuff s'adresse avec humour et justesse à tous ceux qui cherchent une voie politique radicalement à gauche, mais en évitant aussi bien les mollesses de la gauche officielle que les gesticulations gauchistes. Elle participe aux tâtonnements de la nouvelle galaxie altermondialiste. S'affirmant " social-démocrate libertaire ", l'auteur revendique le droit à l'hésitation, " à la différence des maîtres-penseurs sûrs d'eux ". Face aux simplismes médiatiques, il propose un regard décalé sur l'actualité.
Ces textes sont des chroniques parues dans Charlie Hebdo ou d'autres interventions de presse. Elles sont accompagnées de l'ironie tendre des dessins de Charb, tous inédits.
De quoi procèdent ces " vues de biais " sur l'actualité ? D'un regard critique, distancié, nourri d'une double tradition philosophique et sociologique.

Une réflexion et pas seulement un combat " contre " ou la répétition mécanique de slogans fermés sur eux-mêmes : d'où ces véritables " prises de tête ".
" Car le monde est compliqué. Ceux qui nous disent que les choses sont simples mentent. "
Notes 3 : France Culture: 

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