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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 23:33
L'indépendance écossaise se rapproche
 Photo: Christine McIntosh (Creative Commons)

L'une des premières choses que Boris Johnson a faites en devenant Premier ministre a été de se donner le titre de `` ministre de l'Union '' et de se rendre en Écosse pour tenter de consolider l'effondrement du vote conservateur et d'empêcher l'indépendance.  

La crise constitutionnelle qui a éclaté suite au coup d'État qui a prorogé le Parlement et ignoré la législation empêchant le Brexit sans accord de l'UE ne concerne pas seulement «le Parlement contre l'exécutif».  

C'est aussi une crise de légitimité pour tout l'État du Royaume-Uni.  

L'Écosse a voté 55:45 pour rester au Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de 2014, mais c'était sur le dos d'une promesse `` solennelle '' des conservateurs, des travaillistes et des LibDems que c'était le seul moyen garanti de rester dans l'UE et que plus les pouvoirs seraient à l'avenir dévolus au Parlement écossais. Le soutien à l'indépendance est passé de 25% à 45% au cours de la campagne de 2014 et la classe ouvrière et les jeunes influencés par la campagne pour l'indépendance radicale se sont de plus en plus mobilisés pour soutenir l'indépendance.  

Lors du référendum sur l'UE en 2016, l'Écosse a voté fermement pour rester dans l'UE - et le gouvernement britannique a non seulement ignoré ce résultat mais a refusé d'accorder une nouvelle dévolution.   

Un nouveau mouvement indépendantiste s'est développé exigeant un second référendum sur l'indépendance de l'Écosse, qui, selon des sondages récents, devrait être mené si le Royaume-Uni quitte l'UE et le régime conservateur se poursuit. La très grande majorité des jeunes sont à 70% et plus en faveur de l'indépendance. Les 16-18 ans ont désormais le droit de vote aux élections écossaises et il existe des propositions progressives pour étendre la franchise au-delà des citoyens de l'UE à toutes les nationalités non britanniques. Le Parlement écossais a présenté une législation pour organiser un nouveau référendum et un mouvement de masse se construit à travers des manifestations massives, qui ont abouti à une grande marche prévue à Édimbourg le 5 octobre 2019. Une marche similaire l'an dernier a attiré plus de 100 000 Écossais exigeant l'indépendance, une écrasante majorité de la classe ouvrière dans la composition.

Cette augmentation du soutien à l'indépendance se reflète dans l'augmentation des votes pour le Parti national écossais modérément social-démocrate, désormais le parti dominant. Lors de leur victoire historique aux élections générales de 2015, le SNP a remporté 56 des 59 députés de Westminster. Il était inévitable qu'ils se replient lors des élections législatives anticipées de 2017, mais ils détenaient toujours 35 sièges et une position dominante dans la politique écossaise, bien qu'ils aient été le parti au pouvoir au Parlement décentralisé pendant dix ans. 

Les treize députés conservateurs écossais élus ont en fait contribué davantage à soutenir le gouvernement de Theresa May que le DUP, mais ne devraient pas durer beaucoup plus longtemps. Les sondages montrent maintenant que le SNP gagnera une fois de plus plus de 50 sièges dans le cadre des caprices du système `` First Past the Post '' de Westminster - avec les conservateurs et les travaillistes, une fois de plus, face à un effacement complet des députés écossais. Il est difficile de croire aujourd'hui qu'en 1955, les conservateurs ont remporté la majorité des voix en Écosse. La démission de Ruth Davidson à la tête des conservateurs en Écosse, pour protester contre le leadership de Johnson, leur porte un coup dur. Cela réduit le minimum de talents dont ils disposaient, mais plus important encore, en tant que lesbienne de la classe ouvrière, Davidson avait fait un peu pour reconstruire les conservateurs dans le deuxième parti à partir de leur base réactionnaire traditionnelle, dépassement du travail dans un pays qui soutient massivement les normes sociales progressistes et modernes. Malgré les prétentions de Johnson à être «ministre de l'Union», il est une figure toxique pour les conservateurs dans l'Écosse moderne.

Le Parti travailliste écossais est une ombre pâle du parti en Angleterre. Son petit effectif est un sixième de la taille du SNP et c'était la seule partie du Parti travailliste où les membres ont voté contre Jeremy Corbyn pour le chef. Le nombre de membres n'a pas augmenté et, sur le plan électoral, il devrait tomber en dessous de 20%, dans un pays où il a été pendant des décennies le parti dominant. Il est tombé à la cinquième place lors des récentes élections européennes et s'est classé sixième dans la capitale écossaise. La raison n'est pas difficile à voir: le parti travailliste écossais non seulement s'oppose fermement à l'indépendance, mais s'oppose même à autoriser un référendum. La majorité des militants de gauche et des électeurs ont depuis longtemps abandonné le Parti travailliste écossais pour soutenir l'indépendance, et malgré l'élection restreinte de Richard Leonard, qui soutient Corbyn, à la tête d'un millionnaire de droite,  

Le SNP n'est pas un parti socialiste. Il a un bilan gouvernemental en dents de scie et son récent rapport de la Commission de croissance entraînerait l'Écosse dans l'austérité. Bien qu'il essaie d'afficher des informations d'identification «vertes», il soutient fermement les industries du pétrole, des combustibles fossiles et de l'aviation pour lesquelles il est fortement critiqué par les militants écologistes. Le soutien du SNP à l'UE et à ses politiques néolibérales est inconditionnel - seule une critique sourde est dirigée contre le comportement passé de l'UE envers la Grèce et son soutien aux attaques antidémocratiques flagrantes contre le mouvement indépendantiste catalan. Mais malgré son approche prudente, il s'est fermement opposé au Brexit depuis le début, conformément à la vision écrasante de l'Écosse et semble prêt à récolter une récompense électorale de la part majoritairement des électeurs de la classe ouvrière lors des prochaines élections générales.

Récemment, John McDonnell, du parti travailliste, a soutenu à juste titre qu'il appartenait entièrement au Parlement écossais de décider s'il devait y avoir un autre référendum sur l'indépendance. La direction travailliste écossaise a protesté et a tenté de diluer cela dans une direction anti-démocratique; mais le parti travailliste écossais et le parti britannique sont toujours fermement opposés à l'indépendance et, pour cela, ils paieront un prix électoral important à mesure que leurs électeurs décamperont davantage le SNP.

La plupart des gens qui soutiennent l'indépendance écossaise ne le font pas en raison d'une vision étroite du «nationalisme». Ils soutiennent les idées progressistes de liberté de mouvement et d'ouverture des frontières - l'internationalisme. Les migrants sont les bienvenus en Ecosse. Les grèves des écoles sur le changement climatique ont reçu un soutien majeur sur toute la longueur et la largeur du pays.  

Pour la plupart des partis de gauche en Écosse, y compris les partisans de la résistance socialiste, l'indépendance ouvre la possibilité de débarrasser le pays des vestiges du régime conservateur arriéré de Londres et de construire la lutte des classes, la solidarité, l'action écologique et le soutien à la libre circulation. Bien qu'il soit encore l'ombre de son ancienne taille et qu'il doit trouver de nouvelles directions et tactiques, le Parti socialiste écossais continue néanmoins de construire cette lutte. De nouvelles mobilisations et mouvements sociaux voient le jour sur le changement climatique et la crise écologique, la solidarité internationale et contre la xénophobie. Un groupe écosocialiste a vu le jour au sein du Parti vert écossais et il y a des militants de gauche au sein du SNP et (quelques-uns) du Labour. Une gauche unifiée radicale est bien plus qu'un rêve. 

Une nouvelle étape de la lutte pour une Ecosse socialiste indépendante s'ouvre.

Mike Picken, 12 septembre 2019

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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 10:59

Je tombe ce matin sur un fil de discussion sur un réseau social entre anciens camarades du PS et surtout de la vénérable Ligue de l'Enseignement plus que centenaire (fondée par Jean Macé en 1866 avec quelques francs maçons !) Mon sang ne fait qu'un tour vu la tournure des débats embrayés sur les saillies anciennes et nouvelles du camarade Jean Luc (Mélenchon) Mais très vite le fil des échanges personnels tourne aux insinuations et procès en bien-pensance ; nos ex militants deviennent milice de la pensée et dressent le mur des "cons"(sic) et l'on taxe l'Autre de macronien ou pire de facho refoulé… 

Je me souviens alors que j'ai milité de 1960 à 1980 auprès de la FOL de Loire Atlantique dans l'UFOLEA  et le cinéma populaire UFOLEIS quand je découvrais les classiques Eisenstein la fameuse scène de  l'escalier d'Odessa et les films de Joris Ivens sur le Vietnam. Oui les animateurs du réseau Education populaire de la Ligue étaient tous proches du PCF et tantôt pro soviétiques ou pro chinois tendance Mao, même s'ils en sont revenus. Grâce aux militants j'ai pu chanter le "chant des partisans" d'Ana Marly  devant le mur des fusillés de Châteaubriant avec Jean et Elisabeth Wiener et Robert Manuel comme récitant. Oui, j'ai chanté puis dirigé le "Temps viendra" sur un texte de Romain Rolland  " les hommes un jour sauront la vérité le lion s'étendra près de l'agneau" puis à Saarbrücken lors des échanges se jumelage avec Nantes le "chant des Marais" des révolutionnaires allemands des années 30.Merci aux derniers hussards de la République, mes maîtres Pr Lenoir et Martinet de la Chorale JB Daviais

Puis ce furent tout naturellement les FFC (Francs et Franches Camarades) dont je devins Formateur National aux cotés de Jean Naty Boyer , Roger Bocquié et Monique Bermond; encore de la camaraderie me direz vous après les Eclaireurs et éclaireuses de France où j'animais les jamborees en Vendée et dans le Cantal tout pénétré des valeurs du vénéré Baden Powell.

De retour vers la ligue, je découvrais les belles actions de l'OFFICO branche de la Coopération Internationale de la Ligue dirigée par Albert Jenger de 1950 à 1980 puis par Poli, Coursin et Barberousse et donc les réunions dans les étages du 3 rue Récamier. Militantisme bénévole pour des Formations des Inspecteurs marocains à Poitiers , puis des promotions émérites de l'ENS de Tunis puis des actions au sein de l'OFAJ  dans des camps d'été européens en Forêt noire ou de l'OFQJ à l'inoubliable Francofête de Québec en 1974 sur les plaines d'Abraham.

Ci dessus inauguration de l'Hôtel de la Ligue de l'Enseignement au 3 rue Récamier Paris 7è ,le 30 octobre 1909 .L'entrée décorée donnait accès à une grande salle de conférence devenue en 1929 un cinéma puis en 1959 le théâtre Récamier qui a fermé ses portes pour des raisons de sécurité en 1978. L'immeuble sert toujours de siège central à la Ligue.

A quel moment tout cela a basculé ? A quel moment quelque chose s'est cassé dans ce parcours de militant ? 

Des désillusions d'une Caravane Chantier OFFICO au Sénégal en 1970, puis la découverte de la coopération technique au Niger en 1971-72 enfin une Caravane en Laponie en 1973 . Mais le sursaut eut lieu en Avignon en 1975 quand, chargé par l'OFFICO d'un Stage pour Tusisiens au Château de la Barbière dans le quartier aujourd'hui sensible du même nom, je découvris que mes idéaux se fissuraient peu à peu.Le conflit entre jeunes algériens du quartier épris des jeunes tunisiennes finit en bataille rangée, les uns voulant protéger celles là, les autres voulant trop de bien à celles-ci… bref l'animateur de quartier voyant son travail de terrain sabordé et remis en question dénonça les intrus. La police ne voulant pas se mêler d'une affaire trop délicate. Le Consulat de Tunisie à Marseille et la direction de l'Offico réglèrent le problème en écartant les brebis galantes ou galeuses c'est selon…

Mes réflexions sur l'action de terrain que j'avais amorcées avec la Ville de Nantes (alors de droite André Morice) dans des colonies pour "jeunes adolescents en rupture" préfiguraient les vertus du  "vivre ensemble" prôné par Najat Belkacem  épouse Vallaud, pas encore née dans sa banlieue lyonnaise laquelle en validant les travaux du Conseil d'Etat en 2016 sur la réforme du collège s'attira les lots de critiques usuelles suscitées par de telles propositions: baisse du niveau, laxisme, renoncement aux ambitions culturelles de l'école etc.... Depuis je me suis écarté de la Ligue et seul mon collègue et ami Michel Rance a poursuivi en Poitou puis dans le Gers jusqu'à devenir Président de Fédé 32 et infatigable promoteur du Festival de Jazz de Marciac (JIM).

Je dois avouer que les actions de bénévolat après 30 ans de "Coopération culturelle et technique" en Amérique latine, Afrique sahélienne puis australe ou Yougoslavie et  Egypte… On disait alors ACCT  m'ont tenu éloigné des grandes lignes de la Ligue qui restera marquée par le Congrès International de l'Education Laïque de Dakar en Juillet 1970 avec Léopold Senghor et Abdou Diouf. J'en ai fait ici, le compte rendu sur les valeurs de l'Universel

Ce que je vois dans ces discussions d'anciens camarades c'est une suite de procès d'intention qui ont pour signification "Choisis ton camp camarade !" comme une injonction sartrienne reprise par Cohn Bendit et Goupil (les deux Dupont de l'Elysée)  ,ou le polémiste Gérard Miller branche armée des grosses têtes de  Laurent Ruquier mais sans rire sur LCI…Toutes ces intimidations et admonestations adhitlerum comme dirait l'essayiste et polémiste maudit par la gauche Philippe Murray (dont le 4è tome du Journal vient de sortir aux Belles Lettres.)

A Montpellier, sur le terrain  de la Paillade ou de de Celleneuve , terres de mission des équipes socialistes en mal de nouveau clientélisme, je vois la Ligue au plus près des associations pro-palestine, indigénistes et racialistes antiblanc, la repentance est le crédo incontournable.

L'ordre de mission reçu par le Ministère de la Coopération et du Développement (rue Monsieur) puis Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (DGCID Jack Batho cis Boulevard des Invalides puis rue de la Convention) avait pour priorité de repérer les futures élites dirigeantes et forces vives des jeunes nations comme le Niger, la Namibie, le Malawi ou le Botswana mais depuis, le mot Coopération a été proscrit et confié à l'Agence française de Développement et aux ONG, Volontaires du Progrès etc... On peut penser ce que l'on veut du travail de développement où l'assistanat est désormais associé à du néocolonialisme, les forces vives des pays "sous développés" devenus "en voie de développement" ne sont pas aux rendez-vous et les vagues migratoires ont submergé et anéanti les efforts de l'OFFICO. 

Qu'aurait pensé Albert Jenger (un ancien pionnier de l'OFAJ Auberges de jeunesse d'après guerre ) et son entourage franc maçon de pareilles collusions  ? Quant à militer si ce mot, loin des milices de la pensée a encore un sens, je préfère œuvrer sur le terrain des idées comme le fit loin de toutes les chapelles et courants qui traversaient son siècle, mon parrain Maxime NEMO (1888-1975) autodidacte et qui aurait fait sienne aujourd'hui la phrase de Didier Van Cauwelaert 

"La bienveillance est une arme absolue". 

Lire Lettre à un ami laïque de Maxime NEMO 

 

Lire: La ligue de l'enseignement une histoire politique (1866-2016) de Jean Paul Martin (Presses Universitaires de Rennes)  http://books.openedition.org/pur/46771  Frédéric Chateigner et Joël Roman.Préface Jean Michel Ducomte.

Les ruptures des années 1980
Au cours des années 1980 les associations d’éducation populaire et le monde associatif en général traversent de nombreuses turbulences. La fièvre de l’animation socio-culturelle, qui avait dominé la décennie précédente, retombe ; le social et le culturel ont tendance à se séparer, tandis que le débat entre socio-culturel et culturel tourne à l’avantage du second1, auquel le ministère de Jack Lang offre des opportunités inédites, confirmant la coupure avec le monde de l’éducation populaire. La thématique de l’éducation populaire, qui avait été un peu oubliée, est cependant de retour, mais de manière incertaine en dépit de quelques velléités de relance lors de l’arrivée au pouvoir de la gauche2.
Plus que l’éducation populaire, c’est le phénomène associatif qui polarise l’attention. Les associations connaissent une croissance sans précédent : le rythme des déclarations annuelles passe de 11 000 en 1963, à 22 000 en 1973, pour atteindre près de 40 000 en 1980...

 

 

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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 20:17

Les tests d’ADN à des fins généalogiques

Voici quelques mois que je n’avais pas eu le temps de poster quelque chose sur mon blog, et je me suis dit que ce sujet auquel je pensais depuis longtemps serait une bonne opportunité de faire un article. D’autant qu’il vient d’être traité dans le dernier numéro de la Revue Française de Généalogie, donc toutes les étoiles sont alignées pour se lancer.

Je me suis longtemps demandé si les tests d’ADN faits à des fins généalogiques relevaient de la découverte qui allait révolutionner ce monde ou de la pure intox, simplement bien vendue par des start-up américaines pour faire un maximum de profit avant que le plus grand nombre ne se rende compte que ce n’est que de la fumée. J’avais bien lu quelques trucs sur internet mais sans plus, jusqu’à l’article récent de la Revue Française de Généalogie qui m’a fait vraiment me pencher sur le sujet.

La première question que je me suis « vraiment » posée est: finalement, pourquoi l’ADN et surtout comment ça marche ? 

J’avais bien quelques souvenirs de cours de biologie au lycée pendant lesquels ma prof s’évertuait à nous expliquer qu’il y avait 23 paires de chromosomes, que si les chromosomes 13, 18 ou 21 apparaissaient en trio c’est ce qui générait la trisomie et… c’est à peu près tout dont je me suis souvenu. Les nombreuses heures passées devant mon écran à regarder des séries américaines ont bien sûr contribué à étoffer cette connaissance en me démontrant à chaque épisode que l’ADN d’une personne est unique et que si le criminel laisse un cheveu sur la scène du crime il est à peu près foutu. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi tous les grands criminels ne se rasent pas le crâne, ce qui les sauverait dans au moins 50% des cas.

Toujours est-il que d’un point de vue de l’ADN, chaque individu est unique. Des frères et sœurs issus de mêmes parents biologiques auront un ADN complètement différent, ce qui explique que dans une fratrie l’un va hériter des cheveux bouclés de la mère quand l’autre va hériter du nez allongé du père.

Alors de ce que j’ai compris techniquement c’est assez simple, bien que j’aimerais que quelqu’un de vraiment calé en génétique relise ces quelques lignes pour me dire si j’ai tout bien compris. Lors de la fécondation, le spermatozoïde contient 23 chromosomes qui représentent un « échantillon génétique » du père, et l’ovule contient 23 chromosomes qui représentent un « échantillon génétique » de la mère. En fusionnant on arrive à 23 paires de chromosomes qui sont un mixe des deux. Apparemment chaque chromosome est composé de « gamètes » qui sont véritablement le message génétique, et dont le brassage au cours de la fécondation va donner l’individu unique que nous sommes.

A noter que lors de la fécondation chez l’Homme il existe 223  combinaisons différentes pour chaque sexe. Donc en gros, une fois que votre sexe est déterminé par vos chromosomes X et Y, vous avez 1 chance sur 8 388 608  de devenir le vous que vous connaissez parmi toutes les combinaisons qui étaient possibles lors de votre brassage chromosomique.

Ce qui m’a conduit à ma seconde question: c’est bien beau tout ça, mais alors comment on en déduit ses origines ?

Là aussi ça semble assez simple: si vous avez bien suivi plus haut vous aurez réalisé que vous êtes fait à 50% du patrimoine génétique de votre père et 50% du patrimoine génétique de votre mère, qui eux-mêmes étaient fait à 50% du patrimoine génétique de chacun de leurs parents, qui eux-mêmes étaient fait à 50% du patrimoine génétique de chacun de leurs parents, et ainsi de suite pendant des milliers d’années. Donc finalement vous êtes fait à 25% du patrimoine génétique de chacun de vos grands-parents (4 x 25%) ou encore 12,5% (8 x 12,5%) du patrimoine génétique de chacun de vos arrières grands-parents, et ainsi de suite.

Ajoutez à cela que chaque type de population possède des marqueurs génétiques bien particuliers (classés en haplogroupes) dont vous aurez donc certainement hérité en plus ou moins grand nombre en fonction du nombre de brassages génétique de vos ancêtres, et vous avez votre carte généalogique toute faite.

Pour les anglophones parmi vous je vous recommande très vivement le TED talk de ce statisticien génétique qui explique vraiment bien les choses avec des exemples concrets.

Alors maintenant, test ou pas test ?

La réponse est: test.

J’ai creusé un peu les différentes offres sur le marché et voici ce qui en ressort. A noter que les liens vers les sites ne sont pas des liens affiliés et que je ne touche donc aucune commission si vous cliquez dessus et finissez par commander un test.

  • iGenea – https://www.igenea.com/fr: des voleurs de poules. Ils vous vendent pour 1,300 EUR ce que vous pouvez trouver pour 150 EUR sur le marché. Je ne vois pas comment ils peuvent justifier la différence de prix, même à offrir un service super premium.
  • Family Tree DNA – https://www.familytreedna.com: ils ont l’air solides et très réputés, mais pour le test le plus complet il faut quand même compter près de 600 EUR.
  • 23andMe – www.23andme.com: le petit test à 160 EUR dont on n’entend que très peu parler mais qui pourtant jouit d’une excellente réputation mondiale et qui est le seul test approuvé par les autorités américaines pour, en plus de trouver vos haplogroupes, est utilisé aux États-Unis pour détecter des maladies génétiques qui peuvent se transmettre d’une génération sur l’autre. Pas d’inquiétude, vu que c’est interdit en France. Ils précisent d’ailleurs bien lors de la commande que seul votre patrimoine généalogique sera recherché. Je pense que ce test sera celui qui répondra le plus à ce que les gens recherchent, à la fois en terme de prix et de détail généalogique (niveau national ou régional).
  • Geno 2.0 – https://genographic.nationalgeographic.com: un autre test à moins de 200 EUR dont on parle très peu mais qu’il vaut le coup de regarder. Ce test est en fait un projet qui vise à estimer les grandes migrations de population au cours des siècles et par conséquent ne vous dira que très succinctement qui « vous » êtes (niveau régional seulement je pense), mais vous donnera une estimation des grands mouvements de migration dont vos ancêtres ont fait partie pendant des milliers d’années. Pas très utile d’un point de vue généalogique, mais fascinant tout de même.

J’ai personnellement décidé de commencer par les tests 23andMe et Geno 2.0. Commande passée hier, mais entre le temps que les tests arrivent (des États-Unis), que je les renvoie et qu’ils fassent les analyses je ne m’attends pas à avoir de réponse avant 3-4 mois. Je vous tiendrais bien évidemment au courant des résultats :)

Edit: j’ai envoyé un email à iGenea leur demandant s’ils pouvaient me justifier la différence de prix entre leur test et ceux du marché. Voici la réponse reçue dans son intégralité, je vous laisse juger par vous-même…

« Monsieur,

Nous vous remercions pour votre message. Je ne crois pas que vous avez comparer les mêmes analyses, parce que la différence de prix est trop grand. Néanmoins il est vrai que nous sommes plus cher que FTDNA. La différence dans le prix provient surtout du fait que nous ne faisons pas simplement l’analyse sinon nous vous conseillons avant et après le test et nous vous fournissons un résultat par écrit. Le conseil que vous recevrez chez nous c’est toujours un conseil avec un expert de la généalogie par ADN. Le conseil n’est pas limité au temps est est beaucoup plus professionel que dans les autres laboratoires. Nous avons beaucoup de clients qui ont refait le test avec nous après avoir fait un test bon marché aux USA, parce qu’ils n’ont pas reçu un conseil professionel et les résultats ne sont pas toujours facile à comprendre.

Je reste à votre entière disposition pour tous renseignements complémentaires. » Thibaud

Cette page de Genealogie101 Blog de Généalogie Francophone de juin 2017 signé de "LeroyThibaud" a disparu du Réseau mais demeure en copie  ci-jointe sur Archive.org 

Un Lien très utile et bien imagé du même site Genealogie 101 de LeroyThibaud nous propose une autre page sur les résutats obtenus sur un Test ADN à partir du site: 23andme (cher et non accessible en France mais qui propose les Haplogroupes Y paternels qui m'intéressent tout particulièrement !!! ) https://web.archive.org/web/20180221095152/https://genealogie101.com/2017/08/07/23andme-a-quoi-ca-ressemble-avec-resultats/

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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 13:21

💫❣️
Quand Albert Einstein donnait une conférence dans les nombreuses universités des États-Unis, la question récurrente que lui faisaient les étudiants était :

Vous, Monsieur Einstein...Croyez-vous en Dieu ?

Ce à quoi il répondait toujours :
Je crois au Dieu de Spinoza.
Seuls ceux qui avait lu Spinoza comprenaient ...
Spinoza avait passé sa vie a étudier les livres saints et la philosophie, un jour il écrivit : 

Je ne sais pas si Dieu a réellement parlé mais s'il le faisait, voici ce que je crois qu'il dirait aux croyants :
Arrête de prier et de te frapper à la poitrine !
Ce que je veux que tu fasses, c'est que tu sortes dans le monde pour profiter de ta vie.
Je veux que tu t'amuses, que tu chantes, que tu t'instruises... que tu profites de tout ce que j'ai fait pour toi.

Arrête d'aller dans ces temples froids que tu as construit toi-même et dont tu dis que c'est ma maison !

Ma maison est dans les montagnes, dans les bois, les rivières, les lacs. 
C'est là où je vis avec toi et que j'exprime mon amour pour toi.
Arrête de m'accuser de ta vie misérable, Je ne t'ai jamais dit qu'il y avait quelque chose de mal en toi, que tu étais un pécheur, que ta sexualité ou ta joie étaient une mauvaise chose ! 

Alors ne me blâme pas pour tout ce qu'ils t'ont dit de croire.
Arrête de ressasser des lectures qui n'ont rien à voir avec moi. 
Si tu ne peux pas me lire à l'aube, dans un paysage, dans le regard de ton ami, de ta femme, de ton homme, dans les yeux de ton fils...Tu ne me trouveras pas dans un livre !

Arrête de te faire peur. 
Je ne te juge pas, je ne te critique pas, et je ne punis pas. 

Je suis pur amour... je t'ai rempli de passions, de limitations, de plaisirs, de sentiments, de besoins, d'incohérences...et je t'ai donné le libre arbitre.
Comment puis-je te punir d'être ce que tu es, si je suis celui qui t'a créé? 

Tu penses réellement que je pourrais créer un endroit pour brûler tous mes enfants qui se comportent mal, pour le reste de l'éternité ?
Quel genre de Dieu peut faire ça ? 

Respecte tes semblables et ne fais pas ce que tu ne veux pas que l’on te fasse.
Tout ce que je te demande, c'est de faire attention à ta vie, que ton libre arbitre soit ton guide. 
Toi et la nature vous constituez une seule entité ....alors ne crois pas que tu as un pouvoir sur elle. 
Tu fais partie d'elle. 
Prends-soin d’elle et elle prendra soin de toi.
Ne mets pas ton génie à chercher ce qui est mauvais pour cet équilibre. 
A toi de garder intact cet équilibre. 
La nature elle, sait très bien le garder, juste ne la trouble pas !
Je t'ai rendu absolument libre.
Tu es absolument libre de créer dans ta vie un paradis ou un enfer.
Je ne peux pas te dire s'il y a quelque chose après cette vie, mais je peux te donner un conseil,
Arrête de croire en moi.
Je ne veux pas que tu crois en moi, je veux que tu me sentes en toi. 
Quand tu t'occupes de tes moutons, quand tu abordes ta petite fille, quand tu caresses ton chien, quand tu te baignes dans la rivière.... 

Exprime ta joie et habitue-toi à prendre juste ce dont tu as besoin ! 
La seule chose sûre, c'est que tu es là, que tu es vivant, que ce monde est plein de merveilles...
Ne me cherche pas en dehors, 
Tu ne me trouveras pas.... 

Je suis là... La nature, 
Le cosmos... C'est moi. 

Baruch Spinozza

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11 octobre 2019 5 11 /10 /octobre /2019 16:46

Le Scorpion Verseau, dans cette rencontre des planètes Pluton-Uranus, se sentira dynamisé par des forces révolutionnaires. Celles de Pluton le poussent à vivre en dehors de l'instant présent afin de découvrir et déchiffrer mille choses, cent idées et sentiments originaux, singuliers et si possible ayant un certain cachet d'excentricité; celles d'Uranus le propulsent encore plus loin dans l'étrange et le phénoménal. Cette association pourrait être infernale si elle n'était céleste. 

Animé d'influences turbulente, le Scorpion-Verseau cherchera perpétuellement des buts peu ordinaires; il sera incroyable dans ses inventions  et très intuitif dans ses découvertes. Notamment, Uranus lui permettra de jouer au magicien et de pénétrer des secrets extraordinaires. Les domaines dans lesquels l'esprit se doit d'élucider, d'abstraire , de faire oeuvre d'analyse  et de perspicacité seront privilégiés . Peut-être y aura-t-il une tendance à chercher l'original pour l'original: c'est ainsi que le Scorpion-Verseau sera le snob de l'Astrologie !

Les deux éléments, l'eau du Scorpion et l'air du Verseau ont peu de complémentarités ce qui leur permettra d'avoir leur indépendance et de conserver des libertés illimitées; leurs influences seront troublantes à force d'être non pas opposées mais absolument distinctes. L'eau du Scorpion fera naître des sensations et des émotions aussi fluctuantes que des iles flottantes, l'air du Verseau véhiculera des chimères et des imaginations aussi tourne-vent que des girouettes, ce qui ne les empêchera pas l'un et l'autre d'être fertilisants et prodigues de leurs qualités fructifiantes. 

Le Scorpion-Verseau en sera doué pour tout jusqu'à en devenir génial , à condition que ce tout soit inhabituel, inclassable et inimitable.

Les deux signes sont alternés à l'occasion de la respiration astrologique. Tantôt à l'aise dans le monde , confiant et expansif , tantôt mal à l'aise, réservé et vigilant, le Scorpion-Verseau vivra à deux rythmes qui ne seront pas forcément dissonants compte tenu du bon caractère d'Uranus , et de la souplesse de l'élément air et de la passivité de l'eau. 

Quand à Pluton, dans cette communauté peu orthodoxe ,il se contentera d'être mystificateur ,extravagant et extralucide pour le plaisir et le déplaisir du Scorpion-Verseau. "La puissance profonde" du Scorpion se trouve confrontée avec "l'irréel "du Verseau.

Ce sera beau, sublime , pompeux, pindarique ….tout ce que l'on voudra sauf efficace , à moins que le Scorpion-Verseau atteigne au génie. Dans l'épopée des signes, cette combinaison  est celle des créations et des inventions impossibles qui se réalisent, celles des sentiments fous et paradoxaux qui sont plus beaux que de raison , celle enfin de la quadrature du cercle astrologique  . Le Scorpion-Verseau sera généreux de ce qu'il n'a pas , prêt à toutes les passions pourvu que la totalité de son être, de ses forces profondes et de ses instincts soient mobilisée dans des réalisations hors du commun. 

Le Scorpion de Frédéric Maisonblanche  (Marabout -1981) 

 

 

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10 octobre 2019 4 10 /10 /octobre /2019 23:24

Prionurus Australis est le nom homéopathique d'un remède à base de venin de scorpion. 

Monsieur Prionurus possède un charme sulfureux et occulte. On pressent en lui des forces cachées, profondes et puissantes qui grouillent comme des nœuds de serpents. Il ressemble à l'image que l'on pourrait se faire du dieu Pluton, maître ès enfers de la mythologie astrologique, lorsque celui-ci fait découvrir à quelques privilégiés les trésors de son royaume souterrain: un petit air de Méphisto, un sourire malin, mi ange mi démon, beau et troublant comme Lucifer. Une réincarnation du diable !

D'abord, tout en étant aimable d'un sourire pointu, PRIONURUS est tragique Rien en effet n'est jamais tout à fait simple pour lui et tout est à la limite du douloureux car il se sent habité par des personnages compliqués, bouillonnant de forces fusionnantes, orageuses , et parfois cauchemardesques. 

C'est pourquoi il peut-être sardonique, sadique même et manichéen, ensorceleur et réaliste en diable, destructeur et reconstructeur. Au demeurant il est le meilleur fils du monde astrologique ,car il est aussi énergique  doué pour beaucoup de choses,astucieux et intuitif, puissamment créatif et distributeur de sensations pourvu qu'elles aient du piquant, du feu et un goût de péché. 

Lorsqu'il a réussi à faire taire ses angoisses. Prionurus s'abandonne à montrer ses sortilèges ou plutôt il les laisse deviner sans les étaler, et de là peut naître un émerveillement. Prionurus possède en effet des qualités tellement puissantes, qu'elles peuvent  en devenir des défauts: il a des sentiments si profonds qu'ils peuvent se transformer en gouffres et ses pulsions sont si créatrices qu'elles griffent, blessent et piquent à mort quiconque se trouve à portée de ses coups d'archet, de plumes, de poings et d'aiguillons en tous genres.

A l'instant où il se confie, où il dévoile les rouages secrets de son âme et de son inconscient, et où il se libère des forces qui l'habitent, il le regrette déjà et ses attitudes se métamorphosent, d('aimables, elles deviennent incisives et grinçantes, et d'heureux, PRIONURUS devient malheureux d'une inquiétude infinie. 

Que se passe-t-il donc dans son cœur, sa tête, son âme pour que se suivent ainsi des clairs obscurs, des lumières noires et que ses ciels de vie se peuplent de colombes et de corbeaux !

PRIONURUS est fascinant à regarder vivre comme peut l'être l'Etna pour un amoureux  des volcans; il y a quelque chose de diabolique dans l'apparent sommeil des laves, des roches et de toutes ces forces que l'on sent vivantes dans l'inconscient des terres. Prêt à se réveiller sans tocsin, le volcan est capable de vomir son sang  de lave en figeant âmes qui vivent en des postures mortelles. Ainsi est PRIONURUS qui même lorsqu'il ne dit rien , semble juger, qui, même lorsqu'il dit ne pas aimer ou être indifférent , continue à être prisonnier de mystérieux sentiments souvent souffrants, non exempts d'une sensualité originelle couleur rouge sang et de cendre mêlés. 

PRIONURUS dit ne pas être orgueilleux mais peut-il ne pas l'être avec ses recherches d'absolus, ses intransigeances et ses convictions profondes qui l'empêche d'admettre celles des autres ! C'est pourquoi se vie est une succession de victoires et sur lui même et sur les autres. Sa première victoire étant d'accepter l'irrémédiable de ses instincts , de discipliner ceux ci à coups de volonté et d'intelligence et de se les expliquer afin qu'ils ne deviennent pas des faiblesses. 

Il faut savoir que PRIONURUS ne peut s'empêcher de jouer à l'apostolat, au patrouilleur et au guetteur  de bonnes et mauvaises consciences; il semble perpétuellement être chargé de missions pour corriger les erreurs , les faiblesses, les petites et grandes misères des autres et pour enlever les pailles qui se trouvent éventuellement dans l'œil du voisin ; mais il est prévu dans ce cas qu'il ne verra peut-être pas la poutre qui est dans le sien. 

Et c'est ainsi que PRIONURUS écrira sa vie comme une partition musicale où se suivront les airs lugubres et les amoroso passionnés, les plain chants funèbres et les complaintes inachevées. 

Frédéric MAISONBLANCHE  SCORPION  - Marabout (1981) 

 

 

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25 août 2019 7 25 /08 /août /2019 18:25

En ce dimanche 25 aout, la vie s'arrête entre Lacoste, (remis de ses émotions après l'unique prestation de Mireille Mathieu chez son fidèle ami Pierre Cardin) et Bonnieux où le rosé prend le frais en terrasse, mais pourquoi donc ? La lectrice assidue de Télérama a entendu l'appel de son héros des Estivales sur la radio de "sévicepublic" (selon la formule désormais consacrée),la "Librairie francophone" qui n'a de francophone que le nom car encadrée par d'insipides playslists balancées par le frère Djubaka et l'homme orchestre Emmanuel Kherad dont on n'entend que la voix entre deux témoignages de fidèles "libraires du bout du monde". Bref ce soit c'est fête, après Frédéric Lenoir venu nous parler de la cause amoureuse selon Spinoza déjà déclinée par l'inénarrable stagiaire du "Débat de Midi " (je veux parler bien sur de  Nadia dite la Zapette sur les réseaux, libérée par la Duègne du 28minutes d'ARTE et qui enchaîne après Leïla Boudadi sur cette même antenne. ) Un festival je vous dit et pas celui de la Roque d'Anthéron voisine ! 

Bref revenons à nos invités, pardon les invités d'Emmanuel:  Frédéric et Jean Marie car dans l'"entre soi" sur la première radio mondiale ( pardon "de France" nous précise Laurence B.)  on se tutoie à coeur que veux tu.

Le Nobel a donc fait la traversée de Maurice à Nice pour nous parler de son enfance mais surtout des bienfaits du "Vivre ensemble" et des leçons des "Migrations contemporaines et à venir". Discours bien rodé que l'on a pu entendre ou lire ici ou là, bien après que Pivot ne s'adonne aux 160 caractères de Twitter pour des abonnés inconditionnels de son franc-parler. Alain Rey lui a passé la main et n'a plus droit à ses rendez vous hebdomadaires habituels .

Le grand chroniqueur littéraire a "son" CDD et tient la place à coups de discours verbeux tout à sa gloire dans une suffisance qui n'a d'égale que son inculture. Mais chacun commence à savoir que le monde entier est à l'écoute de "sa" Librairie francophone qu'il ne laisserait pour rien au monde pas même le temps d'un été à de dociles stagiaires comme on les aime à Radio France (filles ou fils de...)  Un autre sur la tévé aimait aussi brasser ses fiches et jouer de ses lunettes bleues ( ni Traquenard ni Tesson ) mais l'incontournable Durand .

Les activités ont repris  en Lubéron et la zapette a laissé place aux apéros terrasse loin des flonflons de Biarritz et de La Rochelle où les anciens camarades décodent les propos sibyllins de Glucksman/Salamé.  Par les réseaux sociaux qui n'ont plus de frontière ni de codes de bien penser, on nous dit que La Ségolène du Poitou a déclaré à Radio Canada qu'elle lâcherait bien ses pôles, ca commence à bien faire les pingouins et loups de mer et remettrait bien le couvert à l'Elysée même dans un décor revu par Brigitte...Dis Jean Marie, en qualité de Prix Nobel, tu peux pas la caser à l'Ambassade de Port Louis ? Ca nous ferait des vacances...

La librairie mondiale...
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11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 12:48

Eux, ils ont choisi le globish. Eux, ce sont les collectivités locales en France. Vous avez le choix : « Only Lyon », « Alpes IsHere », ou « Navigo Easy » – un savant télescopage du latin et de l’anglais, imaginé par la Région Ile-de-France. Les mêmes inventifs communicants ont sans doute proposé « My Rodez, tu m’inspires », « Inspire Metz », « Montpellier Unlimited ». On aime aussi « Sarthe Me Up » et « L’Aisne, It’s Open ». Michel Serres disait : « Il y a plus de mots anglais sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands sous l’Occupation. » Corrigeons : « Nommer et donner la honte » est une tactique inventée aux Etats-Unis – le fameux « Name and Shame ». Ainsi l’aéroport de Lorraine s’est infligé l’appellation « Lorraine Airport ». Il est vrai qu’un visiteur du Minnesota risquerait de ne pas comprendre « Aéroport de Lorraine ». Quant au ministère de la Santé, il a déposé la marque suivante « Health Data Hub ». Enfin, le ministère de la Culture a osé « Sèvres Outdoors ». Ces organisations publiques ont parfois été condamnées par le tribunal administratif en application de la loi Toubon, dont le Parlement et le ministère de la Culture célébreront les 25 ans le 4 août prochain. Contrairement à la fameuse charte de la langue française (ou loi 101),
votée au Québec en 1977, cette loi Toubon n’interdit pas l’affichage en anglais, car le Conseil constitutionnel avait refusé cette disposition au nom de la liberté d’expression. Mais elle interdit aux services publics – et pas aux collectivités locales et aux organismes parapublics – d’employer une autre langue que le français dans un but publicitaire.
L’AMÉRICANISATION DU MONDE EST FINIE L’anglicisation machinale de la signalétique résulte d’une triple capitulation. Capitulation politique, car cela nourrit un juste agacement à l’égard d’une mondialisation qui détruit toute couleur locale. Une inconséquence commerciale, car le touriste cherche le dépaysement et la sortie de soi, pas à retrouver ailleurs les signes qu’il connaît déjà. Et celui qui préfère l’entre-soi s’en remet à un tour-opérateur ou choisit le village de vacances clos de murs. Enfin, c’est une capitulation stylistique, car au pays de la mode et de l’art de vivre, la langue française est un atout de charme. C’est, enfin, une contradiction avec la fameuse idée de l’exception culturelle française, souvent proclamée, à juste titre, pour défendre le cinéma. Admettons donc ce postulat : nous avons connu trente ans de mondialisation intensive et une frénésie d’uniformisation « made in USA ». On pouvait comprendre que les Français, réputés mauvais coucheurs, se
sentent obligés de rattraper leur retard en « Berlitz english ». On avait raison de redouter une France franchouillarde et amère, qui refuse vainement le cours de l’histoire. C’était mauvais pour le tourisme et les affaires. Mais cette époque est finie. Nous entrons désormais dans la mondialisation qualitative, qui donnera l’avantage à ceux qui expriment avec sérénité et fermeté l’authenticité de leurs terroirs. Les « boîtes de com » feraient bien de ne pas se tromper de Zeitgeist. Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer au pragmatisme. Ainsi la loi Toubon a-t-elle été amendée en 2013 par la loi Fioraso afin de rendre possible l’enseignement en anglais dans les universités à condition que les étudiants non francophones s’engagent à suivre des cours de langue française. C’est un bon compromis. De même, l’anglais reste inévitable dans le monde des affaires. Mais le pragmatisme est une chose, la fierté d’incarner une langue et une culture en sont une autre. Pourquoi Jean Tirole fit-il son discours de réception du prix Nobel d’économie en anglais ? Mystère d’un manque de confiance dans la valeur scientifique du français ? « Dans ce genre d’occasion, on représente quelque chose de plus grand que soi », fait observer Paul de Sinety, délégué général à la langue française au ministère de la Culture. Et de fait, l’axe de défense de la francophonie est désormais celui de la biodiversité appliquée aux cultures. Ce serait sans doute l’occasion de rappeler que la devise de l’Europe, « Unis dans la diversité », devrait aussi servir de boussole à ceux qui continuent de croire utile de parler le globish à Bruxelles. Au moment où les Anglais font tout pour quitter l’Union européenne, l’occasion est idéale de s’aviser du nouvel état d’esprit mondial, beaucoup moins américano-centré. La nouvelle urgence est à la préservation des écosystèmes culturels. Et il est plus agréable d’écouter des députés européens s’exprimer dans leur langue, au moins quand ils sont en représentation, plutôt que dans un anglais inaudible et approximatif.
LA MENACE INCLUSIVE Cette morale, ou cette écologie – qui n’a rien à voir avec le programme des Verts – vaut pour d’autres domaines. Le cas de l’écriture inclusive est une illustration de l’idéologie normative plaquée sur une langue vivante. « Les règles grammaticales ne sont pas des insultes personnelles », nous dit l’uni
versitaire et… « autrice » Claude Habib. Comme l’admettent nos académiciens (lire p. 54), l’un avec un peu de regret, l’autre avec enthousiasme, une chose est la féminisation des noms de certaines fonctions pour celles et ceux qui le souhaitent et le peuvent – pas facile pour « médecin » –, une autre est le projet de s’en prendre aux structures du langage, et de le rendre plus compliqué encore à enseigner. « Les injonctions de certaines féministes péremptoires » (Frédéric Vitoux) entendent faire table rase d’un français latinisé, sédimenté pendant plus de mille ans. L’avantage du masculin dans l’accord de proximité ne veut pas dire qu’il « l’emporte sur le féminin », mais que le masculin s’efface pour devenir neutre, ce qui est une forme de castration grammaticale dont les féministes devraient se réjouir. Le Premier ministre Edouard Philippe a donc été bien inspiré de suivre l’avis sévère de l’Académie française sur l’écriture inclusive, en interdisant aux services de l’Etat tout usage de l’écriture inclusive. Mais la bataille du français se mène
sur tous les fronts, même les plus insolites : la francisation des mots anglais, les subventions aux revues scientifiques en français, l’encouragement à la francophonie, ou encore, à un niveau plus modeste, les ateliers d’écriture organisés par le Figaro. Un nouveau dictionnaire collaboratif en ligne de la francophonie, fort de 400 000 mots, vient d’être lancé. Il serait en effet illusoire de compter sur la seule croissance de la démographie en Afrique francophone pour sauver la place encore éminente de notre langue dans la mondialisation. Certains espèrent que les 274 millions de locuteurs aujourd’hui seront 750 millions en 2050. Mais cela ne sera probablement pas le cas. Car il faudrait pour cela que les locuteurs francophones se maintiennent et s’accroissent. « Let’s stop pretending that French is an important language », écrivait le New Republic en 2014, en employant sans le savoir quatre mots français sur cinq. Au moment d’employer le énième mot venu d’Amérique, souvenons-nous que le français est important pour nous. Charles Jaigu Le Figaro Magazine n°23297
 

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5 juillet 2019 5 05 /07 /juillet /2019 09:15

Baignoire nationale

La Loire, « baignoire nationale », selon les termes de Carrier ? On disait aussi le « baptême patriotique », la « déportation verticale », et le « grand verre des calotins ». Ce qui vient compléter le « rasoir national », « le moulin à silence » ou « la sainte mère » : la guillotine.

Ce n’est certes pas la figure de la Loire que je préfère.

Je ne peux pourtant l’omettre, la guerre de Vendée ayant marqué profondément les pays de la Loire : la Loire-Atlantique (pays de Retz), le sud-ouest du Maine-et-Loire (les Mauges), le nord de la Vendée (le Bocage) et le nord des Deux-Sèvres (le Haut-Poitou).

De plus, si les guerres de Vendée ont éclaté en mars 1793, elles ne se sont pas terminées avec thermidor ; ni même en 1832 avec l’équipée de la duchesse de Berry. Leur souvenir s’est perpétué (a été perpétué) dans toutes les régions où a sévi la terreur révolutionnaire, et il s’est réveillé au moment des lois sur l’enseignement privé des années 1950. Quant à la question de la terreur républicaine, elle fait régulièrement retour.

J’ai été élevée dans les principes de 1789 par une famille d’instituteurs laïques et républicains, dont les ancêtres avaient leurs racines dans deux régions marquées par la révolte des Vendéens et des Chouans… Et je n’ai découvert que tardivement cette contradiction de naissance dont mes parents ne paraissaient pas particulièrement affectés. (Cependant ma grand-mère, institutrice en 1905, et restée secrètement catholique, avait pleuré, m’a-t-on dit, lorsque la loi de séparation des Églises et de l’État fit retirer le crucifix de sa classe.)

Une autre partie de ma famille venait du Segréen, aux abords du pays chouan. Mais celle que j’ai le mieux connue, c’est la première : des vignerons, des journaliers, des mariniers, qui plongeait ses racines en pleine terre vendéenne. Qui s’appelle les Mauges en Anjou. Avec ses bourgs profonds, Vihiers, Chemillé, où naquit Jean Perdriau Layon, voiturier, ancien caporal des armées royales, qui prit en mars 1793, au début du soulèvement vendéen, le commandement d’une petite troupe partie le 13 mars 1793 de La Poitevinière pour attaquer Jallais. Les Mauges ont été l’un des principaux théâtres d’opérations des guerres de Vendée dont Cholet était le centre. Des églises se sont enrichies au XIXe siècle de vitraux qui illustrent ces années terribles : la guillotine y tient la place du gril de saint Laurent.

Dans les années de l’après-guerre, les traces de la guerre de Vendée étaient encore là, leur souvenir marquait deux camps alors en opposition sur la question scolaire. On disait « Chouan » ou « Vendéen » à propos de quelqu’un qui manifestait son refus des bienfaits de l’émancipation laïque et républicaine. J’ai vécu cela, dans mon enfance, et aussi la puissance d’une Église adossée aux privilèges de classe, à la possession de la terre, à la rente, aux « châteaux ». En face, l’école publique du village était encore violemment rejetée par certains. Une guerre, c’était une guerre, oui. On me dit : tout cela est oublié. Je n’en suis pas si sûre.

La Vendée était la tache noire, la zone obscure de notre imaginaire. Qu’enseignait-on au sujet de la Vendée dans le milieu des années 1950, à l’école communale, que disait-on chez moi, dans cette famille d’instituteurs ? Comme Clemenceau : que la Révolution est un bloc, qu’on ne peut séparer ce qui vous dérange de ce qui vous arrange. Que la Terreur blanche avait fait plus de victimes que la Terreur rouge. Ou, comme Michelet, que les émigrés, en s’alliant aux armées autrichiennes et à Brunswick, ou les royalistes, en rejoignant l’insurrection vendéenne, avaient « planté un poignard » dans le dos de la République. Ou Clemenceau encore, dans le même discours de 1891 à la Chambre : « Vous n’avez pas changé, nous n’avons pas changé. » On n’avait pas oublié non plus, dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu’en 1940 la presse vendéenne avait salué l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain.

Pour ces républicains de village, les instituteurs, souvent en butte à une hostilité déclarée, l’école était la pointe avancée dans une terre de mission. Ils avaient fait leurs les mots de Victor Hugo : la Révolution est une « clarté », et le paysan breton ou vendéen est un « aveugle » qui ne peut la saisir. Mais ils n’avaient pas retenu la suite ; il a dit aussi que durant la guerre de Vendée, cette « formidable lutte de deux principes opposés », la France « était plus grande que l’Europe ; la Vendée plus grande que la France ». Et ils n’avaient pas toujours bien lu Quatre-vingt-treize qui met dans leur perspective juste l’affrontement « de la guillotine et de la tour féodale ».

ll n’y avait donc pas de place chez nous pour une perspective juste sur la guerre de Vendée. Il n’y avait pas de place chez nous qui vivions pourtant au cœur d’un monde rural et paysan, pour une compréhension juste de ce qu’est le monde rural et paysan (de surcroît catholique). Je n’étais alors qu’une enfant, mais j’en ai longtemps porté l’héritage sans l’interroger. Et il m’a fallu des années pour admettre ce qu’avait parfaitement admis Louis Brochet en 1902 : « Sans doute, écrivait-il, en s’insurgeant contre la Révolution, les Vendéens ont combattu la France. Ce n’est pas à dire cependant qu’ils manquaient de patriotisme : seulement la patrie pour eux, c’était le pays qui les avait vus naître, le berceau de leurs familles, la terre que depuis dix-huit siècles ils avaient arrosée de leur sang, fécondée de leurs sueurs. Au-delà, tout territoire leur était inconnu, étranger. Aussi lorsque la France envahie proclama ce mot magique qui mit tous ses enfants sur pied : la Patrie est en danger ! – ils ne comprirent pas. »

 

On date généralement le début de la guerre de Vendée du 10 mars 1793. À l’annonce de la conscription, la région vendéenne accueille les tirages au sort avec des fourches. Des Bleus sont lynchés. C’est le cas le 12 mars, à Saint-Florent-le-Vieil. Une émeute éclate, des coups de feu sont tirés ; les gardes nationaux ripostent d’un coup de canon. Mais des incidents l’ont précédée près d’un an plus tôt dans la Mayenne. C’est déjà la question de la conscription qui provoque la révolte de Jean Cottereau, dit Jean Chouan.

De mars à juin 1793, les victoires des Blancs se succèdent. L’armée vendéenne s’est emparée de Saumur, traverse la Loire, Angers tombe sans difficulté, mais Nantes résiste. La progression des Vendéens marque une pause. En juillet, blessé à Nantes, Cathelineau meurt à Saint-Florent-le-Vieil. L’armée de l’Ouest est créée par le Comité de salut public et, en octobre 1793, c’est la victoire décisive des républicains à la bataille de Cholet, à laquelle Kléber participe, et où Bonchamps est tué (voir Aragon, Louis). Le 8 novembre 1793, la Convention nationale avait décrété : « Le département ci-devant appelé de la Vendée se nommera désormais le département Vengé. »

En décembre 1793, espérant un renfort anglais, les restes de l’armée vendéenne traversent la Loire : c’est la « virée de Galerne ». Elle échoue : les Vendéens ne reçoivent pas le soutien qu’ils étaient allés chercher sur les rives de la Manche. Affaiblis, désorganisés, contraints de se replier, ils sont massacrés par milliers sur la route entre Le Mans et Laval, et ensuite dans la ville elle-même et ensuite à Savenay. Westermann écrit au Comité de salut public une lettre restée célèbre : « Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. […] Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. […] On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers. Nous ne faisons pas de prisonniers, il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire. »

Une commission s’est installée à Nantes. Carrier écrit : « La défaite des “brigands” est si complète que nos postes les tuent, les prennent et les amènent par centaines ; la guillotine ne peut suffire ; j’ai pris le parti de les faire fusiller… » À Nantes, les prisonniers faits à Savenay sont entassés dans des galiotes prisons, puis fusillés par groupes de cent ou deux cents. Quand cela ne suffira plus, Carrier imagine un procédé radical qu’il appelle la « déportation verticale » : au lieu de les envoyer vers des îles lointaines, il fait embarquer les condamnés sur des barques à fond plat qui sont coulées au milieu de la Loire au niveau de Chantenay. Les corps flottent ensuite en surface pendant des jours. Carrier, 17 novembre 1793 : « Un événement d’un genre nouveau semble avoir voulu diminuer le nombre des prêtres ; 90 de ceux que nous désignons sous le nom de réfractaires étaient renfermés dans un bateau sur la Loire. J’apprends à l’instant, et la nouvelle en est très-sûre, qu’ils ont tous péri dans la rivière. »

Il est clair que le commandement républicain est parfois débordé. Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1793, des soldats républicains, dont la plupart sont ivres, raflent des prisonniers dans leurs cellules, les dépouillent de leurs objets personnels et de leur argent et les font monter sur une sapine. L’embarcation est coulée un peu plus loin que Trentemoult, au bout de l’île Cheviré.

Le 22 décembre 1793, Carrier évoque pour le Comité de salut public le « miracle de la Loire qui vient encore d’engloutir 360 contre-révolutionnaires de Nantes ». Etc. L’ultime noyade a lieu le 9 ventôse an II (27 février 1794). La répression a aussi frappé le Maine-et-Loire, Angers, où 290 prisonniers sont fusillés ou guillotinés. Beaucoup meurent d’épidémies en prison. On fusille – à Avrillé, au nord d’Angers. On noie – aux Ponts-de-Cé, entre fin novembre 1793 et la mi-janvier 1794. À Saumur. À Montreuil-Bellay les prisonniers meurent de maladie, ou sont transférés à Blois et Chartres.

 

 

Le nombre des victimes ? Selon Jacques Hussenet, 1 800 à 4 800 personnes sont noyées sur ordre de Carrier, 2 000, peut-être, le furent sur ordre d’autres révolutionnaires nantais. Selon Jean-Clément Martin, entre 1 800 et 4 000. Au total, cependant, sur les 13 000 prisonniers détenus à Nantes, environ 10 000 furent tués dont 1 800 à 4 000 noyés. Michelet a recueilli à Nantes de nombreux témoignages pour son Histoire de la Révolution française. Rien n’assure cependant qu’ait été effectivement systématisée la construction de bateaux équipés de trappes (« bateaux à soupapes ») ou la célébration de ces mariages républicains consistant à attacher les condamnés deux par deux (de préférence un homme avec une femme, nus) avant de les jeter à l’eau. De même on peut douter des prétendues orgies organisées par Carrier avec la participation forcée de suspectes…

Alors, génocide, en Vendée ? Certains prononcent le mot, d’autres le refusent avec éclat. Je ne sais pas. Je sais seulement que Carrier est l’auteur de cette phrase : « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre façon. » Cela ressemble beaucoup à ce que diront, et feront, par exemple, les hommes de Pol Pot. Pour Jean-Clément Martin, la Terreur ne traduit pas l’excès du pouvoir révolutionnaire mais au contraire ses insuffisances et ses manques : c’est l’absence d’ordre dans l’armée, de contrôle et de discipline qui explique le comportement des soldats.

En 1795, dans un ouvrage publié à l’occasion du procès Carrier, Gracchus Babeuf, père du communisme, l’une des grandes figures de la Révolution française (voir Vendôme), avait pourtant déjà soulevé une question de fond, à propos de la répression perpétrée par la Convention en Vendée, en intitulant son livre Du système de dépopulation. C’est un réquisitoire très bien documenté, et d’une incroyable modernité, contre la politique dictatoriale menée par les conventionnels et Robespierre en France, en 1793 et 1794, politique qui devait conduire, entre autres, à l’anéantissement et à l’extermination des Vendéens.

Le site des Amis de Robespierre a mis en ligne le portrait suivant de Carrier :

« Les massacres de Nantes ont soulevé une horreur telle que Robespierre, inquiet des plaintes reçues, dépêcha spécialement à Nantes un de ses proches, Jullien de Paris. Celui-ci enquêta et confirma par lettre toutes les accusations faites contre Carrier, y compris celle de 

dépravation, le qualifiant de “Sardanapale de Nantes” ; à la demande de Robespierre, il avait interrogé le proconsul sur la réalité des noyades de prêtres, auxquelles l’Incorruptible semble n’avoir d’abord pas voulu croire. Robespierre rédigea l’ordre de rappel de Carrier mais celui-ci ne fut pas inquiété immédiatement. Il se défend. “On voudrait, je le vois, je le sens, faire rétrograder la Révolution. On s’apitoie sur le sort de ceux que la justice nationale frappe du glaive de la loi. […] Les monstres ! Ils veulent briser les échafauds !” »

Carrier se rallie aux adversaires de Robespierre en juillet 1794. Mais il se retourne ensuite contre les thermidoriens, et on réclame sa mise en accusation. Il est arrêté. Son procès est injuste dans sa forme : toutes les atrocités commises à Nantes lui sont indistinctement attribuées : « Bien qu’il fût malade, sa défense fut très digne, et il sut rappeler à ses juges combien ils étaient compromis avec lui dans les pratiques de la Terreur. Condamné à mort, il fit preuve d’un grand courage. »

Carrier en effet n’est pas le seul en cause. Il y a aussi Turreau ; dont le nom, avec celui de ses « colonnes infernales », est lié à des événements qui se déroulèrent sur la Loire, comme les massacres de Champtoceaux, sur la rive gauche, à 50 kilomètres d’Angers. Les registres paroissiaux de Champtoceaux conservent la trace de trois grands massacres, le premier ayant eu lieu les 16 et 17 mars 1794.

Archives départementales de Maine-et-Loire : « Les seize et dix sept mars mil sept cent quatre vingt quatorze ont été pour le pays depuis Saint-Florent et jusqu’à trois lieues vers midi, des jours d’horreur et d’abomination, tels qu’on en avait jamais vu ; une armée de soldats républicains au nombre d’environ 5 000 vomis de l’enfer pour faire le mal, a impitoyablement massacré sans distinction petits et grands, vieillards, femmes et enfants, et incendié tout le pays. La même chose est arrivée le dix-sept mai et les 27, 28 et 29 juillet suivants. Voici les noms des personnes qui ont péri dans ce premier massacre du dix-sept mars mil sept cent quatre vingt quatorze. » Le dernier massacre eut lieu à l’époque de la chute de Robespierre, malgré la destitution de Turreau le 13 mai 1794.

Les Mauges (terre de mes ancêtres) sont dévastés. À Cholet, terre rase, les loups réapparaissent et, non loin de là, à Bressuire, il ne reste qu’une maison debout. Là encore, génocide ? Non ; mais campagne d’anéantissement, oui. Turreau, janvier 1794 : « Mon intention est bien de tout incendier. […] Vous devez également prononcer d’avance sur le sort des femmes et des enfants que je rencontrerai dans ce pays révolté. S’il faut les passer tous au fil de l’épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. »

Comme pour les noyades de Nantes, on peut avancer que les excès commis par les « colonnes infernales » sont dus au manque de compétence militaire de leur chef, qui ne parvient pas à maîtriser ses hommes, plutôt qu’à un calcul prémédité de Turreau et du gouvernement. Mais on ne peut pas nier que ces massacres survenus dans les Mauges reflètent cette volonté d’éradication de la révolte vendéenne poussée jusqu’à l’extrême qu’on lit dans la Carmagnole de Vendée calquée sur la Carmagnole de 1792 : il est question explicitement de « purger la Vendée ».

Conclusion, en forme de bilan provisoire et d’interrogations. La Loire a-t-elle ou non été le témoin, le lieu et le moyen d’application d’une « logique révolutionnaire » ? Le recours au massacre de masse a-t-il été le résultat d’une incurie politique ? Ou le choix d’un instrument visant à fonder dans le sang l’adhésion des populations à la République ?

Danièle Sallenave  Le Dictionnaire amoureux de la Loire  (Extrait)

Danièle SALLENAVE
Crédit photo:
©Ferrante Ferranti

Danièle Sallenave a publié une trentaine de livres. Dernier titre paru : Sibir ! récit d’un voyage sur la ligne du Transsibérien (2012).
Élue à l’Académie française en 2011, elle assure une chronique hebdomadaire sur France-Culture.

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2 novembre 2018 5 02 /11 /novembre /2018 16:35

Saint Julien de Concelles 

INONDATIONS DE 1910  (inédit)

A la fin de novembre 1910, les eaux de la Loire atteignent une hauteur qui, de mémoire d’homme, n’avait été observée. L’eau arrive au niveau de la levée, bientôt même elle le dépasse, et c’est alors un spectacle imposant et épouvantable que celui de cette immense nappe liquide au courant rapide, retenue seulement par la faible murette qui surmonte la levée. La digue surveillée nuit et jour par l’administration des Ponts et Chaussées, par la gendarmerie du Loroux sous les ordres du Maréchal des Logis Vilatte, par la population riveraine et par celle du bourg laisse filtrer l’eau et semble mouvante en mains endroits. La population de la Vallée effrayée à juste titre emmène au bourg et dans « les champs » les bestiaux et partie de son mobilier, le reste est monté à l’étage supérieur des habitations  ou surélevé à la hâte. L’eau monte toujours, le péril est imminent ; tout le monde est unanime à déclarer que la digue ne résistera pas à la formidable poussée des eaux mais l’espoir secret que chacun garde au fond du cœur empêche l’anxiété de se peindre sur les visages : la population toute entière conserve un calme admirable. Les brigades de gendarmerie de Nantes et de Carquefou  ainsi qu’un détachement du 3è dragon viennent seconder les efforts de la brigade du Loroux ; d’un instant à l’autre, la digue peut céder. Le vendredi 2 décembre vers 2heures ½  de l’après midi une alerte se produite à la Pichaudière, mais la digue résiste.  Grâce à l’intervention rapoide de MM.Vilaine et P Viaud des Carrouils. A 8 heures du soir la catastrophe tant redoutée se produit à la Praudière : la digue faiblit brusquement, se mine, puis se rompt en face les maisons occupées par Luzet père , Luzet Eugène et Luzet Jean Marie. L’alarme est aussitôt donnée dans le bourg et dans la vallée ; le tocsin sonne lugubrement dans la nuit dont l’obscurité ajoute encore à l’épouvante de la catastrophe. L’eau se précipite en un torrent effrayant, par la brèche qui s’élargit par la poussée des eaux ; elle entraine des blocs de pierre énormes, déracine les arbres et remplit rapidement la vallée. Les trois maisons Luzet ainsi que leurs dépendances s’écroulent  vers 11 heures du soir, ensevelissant sous leurs décombres les mobiliers  qu’elles contenaient. L’eau arrive bientôt au bourg et quelques heures seulement  après la rupture, la route qui longe le canal est entièrement couverte alors qu’une véritable trombe liquide s’engouffre avec un bruit de tonnerre sous le pont situé près du bourg sur la route de la Chebuette.

A 1 heure du matin, M. Rault Préfet de la Loire inférieure accompagné de M. Guist’hau Député, se présente à la Mairie accueilli par M. Hourdel  directeur de l’Ecole qu’il invite à se mettre à la disposition  sinistrée et à organiser de concert avec la municipalité des secours immédiats. A 8 heure du matin, M. le Préfet et M.Dubochet, conseiller général du canton du Loroux Bottereau reviennent de nouveau se rendre compte de l’étendue du désastre, témoigner leur sympathie à la population éprouvée et procurer les moyens d’organiser les secours.

Le spectacle est lamentable : la vallée depuis Basse Goulaine jusqu’à la Chapelle Basse Mer n’est plus qu’un lac immense ; les haies disparaissent sous les eaux ; les arbres seuls émergent. En plusieurs endroits, les toitures des maisons sont fouettées par les vagues. L’eau se précipite maintenant par une  brèche de 180 mètres de large et forme à 200 mètres dans les terres une vague énoerme qui atteint le sommet des arbres voisins. Le niveau de l’eau s’élève durant toute la journée du samedi 3 décembre. Dans l’après midi, on annonce que la levée d’Embreil qui sépare la vallée de St Julien des marais de Goulaine menace de se rompre à son tour ; la population voisine tente de la consolider, mais en vain ; à 11 heures du soir la levée d’Embreil cède ; l’eau se précipite en torrents par cette seconde brèche, inondant au sud la commune de St Julien ainsi que les parties basses de la commune du Loroux, du Landreau, de la Chapelle Heulin. De ce fait, le niveau de l’eau baisse dans la vallée, mais la crue persistant, il remonte bientôt pour dépasser de beaucoup les niveaux des crues précédentes 1823,1843,1896. La hauteur de l’eau sur les routes de la Chebuette, de la Chapelle Basse Mer, de Thouaré, varie de 2,50m à 3,25 m. Elle est de 2,90 sur la route de St Barthélémy. , au côteau du Chêne, de à,10m à la Drouardière, sur la route du Loroux à Nantes. Au bourg, l’eau arrive sur la porte du bureau de poste.

Elle atteint

 0,70m à l’intérieur de la maison Chiron au marais,

1,60 m                                               Poilâne Sablereau

0,63 m                                               Vilaine aux Carroueils

0,55 m                                               Courgeau à Cahérault

0,55m                              Lemé à la Cossonnière

2,40 m à la gare d’Embreil

3 m chez  Prosper Viaud à la Moutonnerie.

Une partie du village du côteau de la Roche est inondé.

On évalue que sur 3335 hectares qui constituent la commune de St Julien, 2450 hectares sont recouverts par les eaux.

Les communications sont totalement interrompues ; la ligne d’Anjou est coupée à Embreil , on ne peut communiquer avec Nantes que par le port Moron et Mauves ou par le Landreau et le Pallet.

Les  bateaux manquent pour assurer les communications avec les villages inondés et permettre aux sinistrés de tenter le sauvetage des objets mobiliers de première nécessité abandonnés dans leurs demeures. M. le Préfet invite  immédiatement  le Commissaire central de Nantes à réquisitionner des bateaux dans cette ville et à les faire parvenir à Saint Julien. Dans l’après-midi du 3 décembre, 10 bateaux sont amenés par les voitures du Train des équipages, ils sont aussitôt mis en service ; l’un de ces bateaux est réservé pour le service de la Poste dans la vallée, service qui est effectué par eau pendant plus d’un mois.

Au lendemain de  la rupture, c’est le dénuement complet pour une grande partie de la population de la vallée qui accourt se réfugier au Bourg et dans les villages voisins. Peu ou point de linge et de vêtements de rechange , aucune provision et surtout point de fourrages pour les bestiaux ; tous les logements vacants du bourg sont occupés ; une dizaine de familles des plus nécessiteuses trouvent asile dans l’une des salles de classe où grâce au dévouement de personnes charitables, en particulier de M. de Fontmartin maire du Loroux et de M. Hourdel instituteur, il leur est procuré des matelas, des draps, des couvertures, ainsi que tous les objets indispensables pour un séjour de plus de 2 mois ; les préaux des écoles sont transformés en étables.

Sur l’initiative de M. G.Braud, adjoint représentant M. Léon Binet, Maire que la maladie retient  loin de la population à laquelle il porte tant d’intérêt, de M. Pesneau curé, de M. Hourdel  instituteur, un Comité de secours  est immédiatement constitué.

M. Braud Adjoint

M. Pesneau Curé

M. Hourdel Directeur de l’école

MM Saunier et Flaux vicaires

M. le Docteur Pineau

M. Fauger Dupesseau , notaire

M.Vilaine Alexandre, Conseiller municipal

M. Luzet Henri ,conseiller municipal

M.Pierre Viaud propriétaire aux Carroueils

M. Prosper Viaud, propriétaire à la Moutonnerie.

M.Aimé Viaud propriétaire au Bout du Pont

M. Armand Gohaud propriétaire au Bourg

M. Toublanc, Pigeau, Emile Giraud

M.Barteau Garde champêtre

M. Bretonnière instituteur adjoint

Le faisceau de bonnes volontés n’a qu’un but unique  et tout désintéressé : venir en aide à la population inondée ; le champ d’action est vaste, la besogne est souvent ardue, mais l’harmonie ne cesse de régner entre ses membres et la plus stricte équité  anime ses discussions et justifie ses décisions. La plus vile calomnie qui n’a épargné personne  et le mépris d’une partie de la population sont la récompense de ses membres.

Voici un résumé succinct de l’œuvre du Comité de secours.

__ Dans la crainte qu’un grand nombre de familles sinistrées ne soient obligées de solliciter du boulanger un crédit que les pertes subies ne permettront pas d’acquitter de sitôt, et sur la proposition de M.Braud, il est décidé qu’il sera distribué gratuitement  du pain aux familles reconnues nécessiteuses dans la mesure de leurs besoins. Les distributions sont faites deux fois par jour à la mairie par les soins des instituteurs et d’après la liste arrêtée par le Comité.  Familles y sont admises et il est ainsi distribué en  2 Mois pour 3392 francs 25 de pain.

_ Pour épargner des charges trop élevées à la population du bourg qui héberge les inondés et pour permettre à ceux-ci de faire à peu de frais un repas réconfortant, il est décidé sur la proposition de M. Saunier d’organiser 2 fois par jour une distribution gratuite de soupe. La soupe est faite sous le préau de l’école et chaque  jour plus de 200 rations sont ainsi distribuées.

_ Pour éviter que les cultivateurs, devant la disette des fourrages ne se voient dans l’obligation de se débarrasser de leurs animaux et de les céder à vil prix, ce qui serait des plus préjudiciables à leurs propres intérêts et à l’agriculture de la région,, le Comité décide de faire chaque soir une distribution gratuite de fourrage vert et de fourrage sec à 160 propriétaires d’animaux dont les fourrages sont perdus et proportionnellement au nombre de leurs bêtes. Ces distributions sont faites par M. Barteau et Bretonnière dans la salle du patronage : il est ainsi délivré chaque jour plus de 400 rations.

_ Pour se procurer les fourrages nécessaires aux distributions, le Comité achète dans les communes voisines les lots de foin et de paille disponibles, il dépense de ce chef 2081 francs 30.

En même temps MM Hourdel, Saunier et Pigeau , dans une visite faite à MM les Curés et maires de la Remaudière, la Boissière, Landemont , le Fuilet, St Laurent sollicitent  de ces populations une aumône en nature, un secours en fourrages verts. Le meilleur accueil est réservé aux délégués du Comité  et dès le soir des wagons de choux et de betteraves arrivent à la gare de St Julien. A tour de rôle les cultivateurs de ces communes ramassent des chargements de choux  qu’ils conduisent à une  gare parfois éloignée de 3 ou 4  km et que la Compagnie d’Anjou amène gratuitement à St Julien. Les wagons devant être déchargés dès leur arrivée, M. Barteau garde champêtre  fait procéder à ce déchargement que la bonne volonté des inondés eût pu rendre facile et qui s’effectue souvent sous une pluie battante. La charité des cultivateurs  des communes citées arrache aux sinistrés cette exclamation : «  Nous n’en aurions pas fait autant pour eux ! ». Ce n’est en effet que sur l’incitation du Comité que ces braves gens cessent leurs envois.

_ Une grande partie de la population est privée de bois à l’époque la plus pénible de l’année. Le Comité charge M. Barteau d’acheter les lots de bois disponibles et distribue en quelques semaines pour plus de 400 francs de bois sec.

_ La Croix Rouge dont les délégués viennent à différentes reprises encourager les efforts du Comité  fait parvenir un lot important de vêtements destinés aux familles nécessiteuses. Un lot non moins important est adressé par la famille Binet. M. le Curé en effectue la répartition avec un discernement et un tact admirables. Les délégués de la Croix Rouge remettent aussi entre les mains de M. le Curé une somme d’argent qui vient s’ajouter à celle que Mgr Rouart évêque de Nantes a tenu à lui adresser au lendemain de la catastrophe dont il a constaté toute l’étendue dans sa visite à St Julien.

_ Pour assurer les communications du Bourg à la Chebuette, du bourg au bout du Pont et de Cahérault à Boire Courant, un service de bateaux est organisé. MM Viaud P. et Giraud sont chargés de la direction de ce service, ils s’en acquittent à la satisfaction générale. Les départs ont lieu à heures fixes . Du bourg de la Chebuette, le service est fait par des toues et des rameurs ; du bourg au Bout du pont il est assuré par un canot à pétrole qui remorque une ou deux toues suivant les besoins. Les bateaux suivent les routes. De la sorte les provisions de toutes sortes parviennent régulièrement aux habitants de la levée en même temps que le commerce local se trouve favorisé. Les étrangers qui utilisent ces bateaux acquittent un droit de 0,25 par passage. Le montant des droits de passage, soit 300 francs est versé à la Caisse des inondés.

_ Dans le but de répartir avec le plus de justice possible les subventions qui sont accordées, le Comité dresse la liste de tous les inondés, liste qui comprend près de 700 familles et près de 1750 individus. D’après une déclaration personnelle de chacun des sinistrés , le Comité évalue les pertes de chaque famille en foin, paille, betteraves, pommes de terre, chanvre, blé etc…

C’est d’après ces données et en tenant compte de la situation de chacun  que les répartitions des subventions sont effectuées. Les séances du Comité ont lieu régulièrement 3 fois par semaine sous la présidence de M. Braud et de M.le Curé ; elles se prolongent souvent fort avant dans la nuit, l’examen impartial de la situation de chacun et des réclamations qui se produisent nécessitant un temps très long. Dans cette partie la plus délicate de sa tâche, le Comité peut se rendre le témoignage qu’il n’a été guidé que par le souci de la justice, il méprise les épithètes dont on a gratifié ses membres tout en déplorant la mentalité d »’une partie de la population. Les sommes réparties se décomposent ainsi :

1er secours de l’Etat 8000 francs

2è secours de l’Etat 9000 francs

3è secours de l’Etat 5000 francs

Secours du Conseil Général : 30900 francs

Chaque répartition nécessite la confection en triple exemplaire de la liste des bénéficiaires, ces pièces justificatives sont transmises sans retard à la Préfecture.

Remarquons en passant que les subventions accordées à la Commune de St Julien sont de beaucoup inférieures aux subventions accordées aux communes voisines si l’on considère l’étendue du désastre et la proportion des inondés dans chaque commune. Cependant le Comité n’a rien négligé pour éclairer l’Administration préfectorale sur la situation exacte de St Julien. : la liste nominative des inondés avec les pertes de chacun formant un total de plus de 35000 francs ayant été fournis au Conseil Général par M. Hourdel.

_ La plus grande partie des fourrages inondés étant considérés comme totalement perdus, le Comité se préoccupe de procurer à bon compte aux cultivateurs le foin et la paille dont ils auront besoin en attendant la récolte. Grâce à ses relations, M. le Curé obtient de M. Allais marchand de fourrages à St Etienne de Montluc la fourniture de 129000 kilos de foin de bonne qualité à des prix des plus réduits. Marché semblable est fait avec M. Leroux marchand de fourrages à Thouaré pour une fourniture de 60000 kilos de paille sur les prix de transport du foin. La Compagnie d’Orléans consent une réduction de 50% sur le prix de transport du foin .

Les fourrages expédiés par voie ferrée arrivent en gare de Thouaré. Dès la réception de la lettre d’avis, MM Basteau et Bretonnière lancent les convocations. A l’hueure fixée ils se rendent à Thouaré où ils procèdent au déchargement des wagons, à la pesée des fourrages qui sont livrés au prix de revient et payés comptant. Leur comptabilité est soumise au Comité qui encaisse les sommes reçues pour les faire parvenir aux fournisseurs.  Du 5 janvier au 23 mars il est ainsi procédé à la livraison de 38 wagons de foin et de 20 wagons de paille. Les cultivateurs sont unanimes à déclarer que cette organisation leur procure une économie d’au moins 20 frcs par 1000 kg de foin, d’autant que les négociants en fourrages eussent profité de la situation.

_ Les eaux se retirant, les habitants s’empressent de rentrer dans leurs habitations ruisselantes et malsaines. Le service départemental de désinfection envoie des équipes pour procéder à des pulvérisations de crésyl dans les appartements et à l’assainissement de l’eau des puits par l’addition d’une poudre à base de permanganate de potasse. Le Comité décide de fournir aux plus nécessiteux des appareils de chauffage ainsi que du charbon. Grâce à ces précautions, on n’a à déplorer aucune épidémie ;

8Un certain nombre d’immeubles ont été fortement endommagés par les eaux ou complètement détruits. Un relevé de ces dégâts est fourni par M. David, secrétaire de Mairie. L’administration préfectorale répartit elle même une subvention entre les intéressés.

_ Grâce aux démarches pressantes de M. Hourdel, M. le Préfet accorde une somme de 2000 francs à chacune des trois familles Luzet dont les habitations ont été totalement détruites.

_ Les terrains situés devant la brèche ont été ravinés par les eauxà des perofondeurs qui atteignent parfois 3 mètres alors que les terrains situés au-delà ont été recouverts d’une couche de sable variant de 0,50m à 1,50m.  L’aspect de la contrée est totalement modifié et ces terrains sont dans l’état actuel totalement perdus pour la culture. A la demande du Comité et grâce aux démarches de M. Braud zet de M. Hourdel, M. le Préfet accorde une subvention de 10000 francs à répartir entre les propriétaires  des terrains ravinés ou ensablés proportionnellement au cube de sable  amezné ou de terre enlevée. La subvention est versée aux 38 intéressés par les soins de MM Braud et Hourdel.

_ Pour faciliter l’enlèvement des sables, une demande de matériel Decauville comprenant wagons et rails est adressée à l’administration des Ponts et Chaussées qui met gratuitement et pendant 6 mois le matériel nécessaire à la disposition des propriétaires.

_ De plus à la demande des propriétaires , le vieux chemin de Pré Jahan à la Praudière qui traverse la région ensablée est transformé par les soins du service vicinal en une route qui facilite le transport des sables.

_  Dès le début de l’inondation, M. Léon Binet, Maire de St Julien, profitant de ses nombreuses relations adressait aux commerçants avec lesquels il reste en rapport une demande de secours pour ses administrés. Il recueillait ainsi une somme de plus de 7000 francs dont la répartition était faite en juillet 1922 par les voies du Conseil municipal. *

_ Le lendemain de la catastrophe et considérant l’époque à laquelle elle se produisait, la population tout entière ne songeait guère à rentrer dans ses habitations avant le mois d’avril. Heureusement ces fâcheuses prévisions ne se réalisèrent pas ; au bout de quelques semaines, le niveau de la Loire s’abaissait rapidement. Le 9 janvier on pouvait passer sur la route de St Julien au Bout du Pont. Mais la brèche restait béante : M. le Préfet fit effectuer sous la direction du service des Ponts et Chaussées un travail provisoire pour préserver la vallée des crues qui pourraient survenir au printemps : des milliers de mètres cubes de pierre furent amenés de Mauves par bateaux et entassés dans la brèche, un ferré cimenté bordait la Loire. Ce travail fut effectué de janvier à avril. Le travail définitif de réfection  commencé en juin ne se terminera qu’n novembre suivant. Ajoutons que dès la mi-décembre  les travaux de réfection de la levée d’Embreil étaient entrepris et que les communications se trouvaient bientôt rétablies avec Nantes par cette voie.

_ Ce résumé de l’inondation du 2 décembre 1910 est déposé à la Mairie pour transmettre aux générations futures le souvenir d’une catastrophe dont nous souhaitons qu’elles soient préservées en même temps que les noms de

MM

BRAUD , Adjoint

PESNEAU , Curé

HOURDEL, Directeur d’Ecole

BARTEAU, Garde champêtre

Qui, pendant des mois se sont particulièrement dévoués pour leurs concitoyens.

Document Manuscrit figurant dans les archives personnelles de Monsieur Théophile BRETONNIERE  (1880-1963) Instituteur adjoint puis Directeur d’Ecole et Maire de Saint Julien de Concelles de 1945 à 1963 .

Transcrit par Patrick CHEVREL légataire de Madame Yvonne Nemo-Bretonnière

http://divatte.e-monsite.com/pages/historique-de-la-levee-de-la-divatte-2.html

http://www.bbals.fr/inondations.html

http://lefildutemps.free.fr/crue_1910/

 

 

 

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